L’industrie du taxi aérien est un secteur où le Québec peut se démarquer au Salon de l’aéronautique du Bourget, qui débute lundi prochain, croit le président-directeur général de Montréal International, Stéphane Paquet.

« On s’est rendu compte que la mobilité aérienne avancée, c’est un élément porteur pour l’avenir, commente M. Paquet, en entrevue. Ce n’est pas demain matin que vous allez prendre un taxi aérien de Montréal à Trois-Rivières. La recherche et le développement, c’est maintenant que ça se passe. Il faut être présent. »

L’utilisation d’aéronefs électriques capables de décoller et d’atterrir à la verticale pourrait un jour permettre le déplacement de marchandises et de passagers sur de courtes distances. Des entreprises en démarrage tentent de développer cette filière dans la région de Montréal, notamment Jaunt Air Mobility, Beta Technologies, Wisk Aero et Dufour Aerospace.

Il reste encore des occasions pour attirer d’autres entreprises étrangères dans ce secteur, croit M. Paquet. « Il y a beaucoup de joueurs. L’important, c’est de faire un certain tri entre le bon grain et l’ivraie. Ce n’est pas tout le monde qui va se rendre à un prototype qui va bel et bien voler. On a beaucoup de rencontres au Bourget là-dessus cette année. »

Encore au stade du démarrage, le secteur de la mobilité aérienne avancée suscite un engouement de la part des investisseurs depuis 2020 où les sommes consacrées ont franchi le seuil du milliard US à travers le monde, selon les données publiquement disponibles compilées par la firme McKinsey.

Les investissements ont atteint un sommet de 7 milliards US en 2021. Dans un contexte d’incertitude économique et de hausses des taux d’intérêt, cette somme est toutefois retombée aux alentours de 3 milliards US en 2022.

Opération recrutement

Montréal International ne fera pas que vanter les mérites de la métropole aux entreprises étrangères. Pour la première fois, elle profitera du Bourget pour courtiser les professionnels du domaine.

Elle accompagne 12 entreprises, dont Bombardier, Airbus et Groupe Meloche, qui déploieront des efforts de recrutement sur place. Près de 200 offres d’emploi sont présentées dans le cadre de cette initiative. « Les entreprises nous disent qu’il y a un besoin et on est là pour y répondre », dit M. Paquet.

La reprise du transport aérien ramène le recrutement au sommet des priorités des entreprises, constate Mélanie Lussier, présidente et directrice générale d’Aéro Montréal. « On est en pleine reprise : on est presque revenus au niveau prépandémique en termes d’emplois. »

Aéro Montréal estime qu’il y aura 38 000 postes à pourvoir d’ici 10 ans en tenant compte des remplacements et de la croissance. « C’est beaucoup ! »

Chez Bombardier, il y a près de 825 postes disponibles à Montréal, confirme le constructeur de jets d’affaires qui mène aussi des opérations de charme sur les bancs d’école, notamment avec des bourses d’études et des programmes rémunérés d’alternance travail-études. « La relève en aéronautique est une question sur laquelle nous mettons beaucoup d’efforts. »

En février, Airbus Canada, qui construit l’avion A220 à Mirabel dans les Laurentides, a indiqué qu’elle voulait embaucher 700 personnes en 2023 au Québec. Ce chiffre comprend 450 nouveaux postes.

Le premier Bourget depuis 2019

Il s’agit du premier rendez-vous du Bourget en quatre ans, qui se tient tous les deux ans les années impaires. L’an dernier, le Salon aéronautique de Farnborough (années paires) marquait le retour des grands-messes de l’aviation depuis la pandémie.

En toile de fond, les acteurs de l’industrie se réuniront dans un contexte de perturbations de la chaîne d’approvisionnement. Les difficultés logistiques compliquent la livraison de nouveaux appareils à un moment où la reprise du trafic aérien demeure résiliente, malgré l’incertitude économique.

La décarbonation de l’industrie demeurera un thème central du salon, croit Mme Lussier. « Je vous dirais que la thématique de l’heure, c’est vraiment la transition de nos produits. L’industrie de l’aviation civile s’est donné comme cible d’être carboneutre d’ici 2050. Quand je regarde ce que les gens mettent de l’avant, c’est vraiment la transition énergétique. »

Montréal peut se démarquer à cet égard, abonde M. Paquet. Il cite l’exemple de deux projets accompagnés récemment par son organisation « pour avoir des avions moins polluants », soit H55 qui veut implanter une usine de blocs de batteries sur la Rive-Sud et la société d’experts-conseils Ricardo qui ouvrira un centre en aérospatiale.

« Il n’y a pas un projet où cette notion de carboneutralité n’est pas abordée, assure M. Paquet. C’est vrai pour le taxi aérien, mais c’est aussi vrai pour le secteur en général. »