Déjà vu comme un sérieux concurrent au moteur de recherche de Google, ChatGPT pourrait profiter d’un investissement supplémentaire de 10 milliards US du propriétaire de Bing, Microsoft. Effet pervers de la popularité de ce robot conversationnel : des dizaines d’applications frauduleuses sont apparues ces derniers jours.

Selon des informations rapportées lundi soir par le média américain Semafor, citant des « sources familières avec le dossier », Microsoft s’apprêterait à investir 10 milliards US dans l’entreprise de San Francisco derrière ChatGPT, OpenAI, ce qui lui conférerait une valorisation de 29 milliards US (environ 39 milliards CAN). En vertu d’un montage complexe, Microsoft encaisserait 75 % des profits jusqu’à ce que son investissement ait été récupéré, après quoi elle obtiendrait 49 % des parts d’OpenAI.

Ni Microsoft ni OpenAI n’ont réagi mardi à cette nouvelle.

Ce geste de Microsoft n’est guère une surprise dans l’industrie de la techno, l’intérêt de l’entreprise pour ce robot conversationnel étonnant ayant été rapporté par plusieurs médias depuis des mois. Microsoft avait déjà investi 1 milliard US en juillet 2019 dans OpenAI, dont le robot conversationnel est hébergé sur la plateforme infonuagique Microsoft Azure.

Pour Microsoft, il s’agit surtout de positionner son propre moteur de recherche, Bing, comme le remplaçant de Google. Malgré de nombreux investissements et une promotion agressive de Microsoft pour Bing, ce moteur de recherche plafonne en matière de parts de marché en deuxième position avec 8,9 %, loin des 88 % détenus par Google, selon Statista.

Plagiat et virus

ChatGPT, un robot conversationnel basé sur une troisième version, est un générateur de texte né en 2020 entraîné sur des milliards de textes reflétant des opinions et créations humaines jusqu’en 2021. Il n’est pas connecté à l’internet, ce qui l’empêche de répondre à des questions brûlante d’actualité. Depuis sa mise en disponibilité au grand public le 30 novembre dernier, il a suscité fascination et inquiétude quant à ses capacités à imiter les réponses écrites humaines, et ce, dans une quarantaine de langues, dont le français.

Ce robot peut aussi bien répondre à des questions philosophiques, politiques ou culturelles avec une grande vraisemblance que créer des œuvres sur des thèmes demandés. Sa qualité est assez crédible pour que des craintes liées à son utilisation pour plagiat aient été soulevées.

Plus troublant, des chercheurs d’un laboratoire de cybersécurité, Check Point, ont révélé plus tôt cette semaine que ChatGPT était déjà testé par des cyberpirates pour sa capacité à rédiger du code informatique, à corriger les erreurs de script et à aider à concevoir des logiciels malicieux.

Victime de son succès

Le robot conversationnel a également servi d’appât pour des dizaines d’applications frauduleuses, offertes tant sur l’App Store d’Apple que sur le Google Play Store. Utilisant le nom du robot au milieu d’un plus long nom comme ChatGPT AI with GPT3 Goat Chat, ces applications se sont hissées dans le top 10 des téléchargements les plus populaires au Canada. Elles imitent le fonctionnement du vrai ChatGPT d’une façon étonnante, même en français, selon les essais tentés par La Presse. On ignore si ces applis puisent à même la programmation de ChatGPT ou s’il s’agit d’imitations convaincantes.

La grande différence, c’est qu’après un certain nombre d’interactions, les applications proposent des formules payantes, comme ChatGPT Pro, offerte pour 9,99 $ US par semaine.

Or, le vrai ChatGPT est gratuit et n’est offert que sur un navigateur web, à partir de l’adresse openai.com/blogue/chatgpt/. OpenAI n’a pas encore mis sur le marché d’application mobile. Le robot conversationnel est toutefois victime de son succès, alors qu’il était presque impossible de s’y connecter mardi à cause d’une trop grande demande.

Au moment d’écrire ces lignes, certaines applications frauduleuses, notamment ChatGPT Chat GPT AI With GPT-3, n’étaient plus offertes sur l’App Store. Ni Apple ni Google n’avaient officiellement réagi à la présence dans leur boutique virtuelle de ces fraudeurs.

En savoir plus
  • 1 million
    Nombre d’utilisateurs de ChatGPT une semaine après son lancement
    SAm altman, PDG d’OpenAI, sur twitter