(Las Vegas) Une exposition des ratés de la tech, parmi lesquels un appareil permettant seulement de tweeter ou un système stéréo d’Apple, vient rappeler à ceux qui rêvent de grandeur au CES de Las Vegas que l’échec est aussi une possibilité.

Parmi ces glorieux échecs, on peut notamment trouver un masque couleur peau, qui fait plus penser à un film d’horreur, des lunettes intégrant des aimants thérapeutiques ou encore un exemplaire de la mythique voiture de sport DeLorean, qui n’a jamais trouvé sa place sur le marché automobile.

« Beaucoup d’inventeurs partent du principe qu’ils sont des génies et que tout ce qu’ils font ne peut que marcher », explique à l’AFP l’organisateur de l’exposition, Narek Vardanyan, par ailleurs fondateur de Prelaunch, une plateforme qui permet aux créateurs de tester leur produit sur le marché. Mais « vous pouvez dilapider beaucoup d’argent et y perdre des années », ajoute-t-il.

Le Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas a ouvert jeudi ses portes au public, afin de venir admirer les dernières innovations, dans un contexte de ralentissement économique mondial.

Signe que les échecs ne sont pas seulement réservés aux bidouilleurs de fond de garage, l’exposition présente notamment un lecteur MP3 lancé par Microsoft, Zune, ou la défunte console de jeu d’Apple, Pippin.

Chaque année, près de 80 % des nouveaux produits lancés deviennent un échec commercial, le plus souvent car les créateurs n’ont pas réussi à s’assurer que les consommateurs étaient prêts à dépenser de l’argent pour ce qu’ils vendaient, selon M. Vardanyan.

Si les géants du numérique peuvent se permettre ce type d’échec, il peut être fatal pour une jeune entreprise qui a misé son avenir dessus.

« Je pense qu’il est essentiel de prendre en compte l’échec, car il s’agit souvent d’occasions d’apprendre », estime Brad Holliday, de ID8 Innovation, qui conseille les grandes entreprises lors du lancement de projets de startups.

« Si vous réussissez à comprendre à temps que quelque chose ne marchera pas, cela peut vous faire économiser beaucoup d’argent », insiste-t-il.

« Gaspillage d’argent »

L’entreprise de M. Vardanyan, basée en Arménie, s’est spécialisée dans la vérification de l’existence d’une demande potentielle pour un nouveau produit très en amont dans le processus de création, a-t-il expliqué.

« Pour un entrepreneur qui rêve de réussite, un tel outil peut probablement les aider à ne pas gaspiller d’argent et de temps dans quelque chose qui n’est pas raisonnable », envisage Mark Harrisson, fondateur du collectif MH3, qui regroupe des entreprises au Canada, parmi lesquelles des agences de communication et des organisations non gouvernementales.

« C’est intéressant, vous pourriez remplir tout un musée », ajoute-t-il, alors qu’il déambule dans l’exposition.

Pour l’analyste en stratégie créative Carolina Milanesi, les fabricants présentant leurs nouveautés cette année seront désireux de mettre leur produit sur le marché rapidement.

Compte tenu du contexte économique difficile, les startups n’ont en effet pas les cinq années sur lesquelles elles pouvaient encore compter il y a peu pour parfaire leur produit et éviter l’échec, déclare-t-elle à l’AFP.

Les startups d’aujourd’hui doivent « doivent être en mesure de faire rentrer de l’argent dans un avenir proche », souligne Mme Milanesi.