Les femmes sont de plus en plus nombreuses en finance, mais il reste encore du chemin à faire dans certains types de postes. Des emplois qui ne sont d’ailleurs pas toujours facilement compatibles avec la vie de famille et la vie personnelle. Survol.

Périodes très occupées avant la réalisation d’une transaction, déjeuners très tôt avec des clients, évènements fréquents en soirée : le travail d’Andréanne Simard, directrice, groupe comptes nationaux, grandes entreprises, à la Banque Nationale, est loin d’être du 8 à 5.

« Je fais du financement pour les grandes entreprises non cotées en Bourse, explique-t-elle. La relation avec les clients est super importante, alors c’est certain qu’il faut y investir du temps. Mais j’ai choisi ce travail parce que j’ai besoin de ce défi. Je pourrais choisir un poste moins exigeant. »

D’ailleurs, lorsqu’Andréanne est arrivée dans son équipe, il y a six ans, elle était la seule femme, si on exclut les rôles de soutien. Maintenant, elles sont quatre. « Il y a eu beaucoup de progrès », se réjouit celle qui est enceinte de son deuxième enfant.

Concilier travail et vie familiale est tout de même un défi.

« Heureusement, mon conjoint est très impliqué, affirme-t-elle. Nos horaires changent chaque semaine, donc nous jouons à Tetris avec nos agendas. C’est difficile aussi parce que nos familles ne sont pas dans la région, donc nous n’avons pas d’aide. »

Andréanne Simard, membre du conseil d’administration de l’Association des femmes en finance du Québec (AFFQ), apprécie toutefois la grande flexibilité de son employeur.

« La possibilité de faire du télétravail fait une grande différence, même si c’est très important à mes yeux d’être quand même présente au bureau et chez les clients, de côtoyer les gens », dit-elle.

Partir tôt pour aller chercher son enfant à la garderie ou s’absenter parce qu’il est malade n’est pas non plus un problème.

Avec un bébé, je dois adapter mon horaire. Je sens une grande compréhension de mes patrons qui ont eux-mêmes de jeunes enfants. Ils savent que je vais reprendre mon temps les soirs et les fins de semaine. Famille ou pas, le travail reste le même et il faut continuer à performer. C’est plus mon temps personnel qui est affecté… je n’en ai plus !

Andréanne Simard, directrice, groupe comptes nationaux, grandes entreprises, Banque Nationale

L’importance de la qualité de vie

Ce n’est pas toutes les femmes qui souhaitent vivre avec cette pression. Tania Saba, professeure et chercheuse à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire BMO en diversité et gouvernance, l’a constaté dans une étude qu’elle vient de réaliser pour l’AFFQ.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Tania Saba, professeure et chercheuse à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire BMO en diversité et gouvernance

« Les résultats démontrent que l’idée que les femmes ne veulent pas gravir les échelons est un mythe, affirme-t-elle. Elles ont autant d’ambition que les hommes. »

Par contre, elles ne veulent pas y laisser leur qualité de vie. « Les femmes continuent à faire plus de tâches domestiques que les hommes, alors la conciliation travail-famille est plus difficile pour elles, remarque Tania Saba. Elles n’accepteront pas un poste s’il ne leur permet pas de maintenir une qualité de vie. Tant qu’on ne leur donnera pas de soutien, ce sera un frein à leur avancement de carrière. »

Lucie Pellerin, présidente et cheffe de la direction de la firme de chasseurs de têtes de haut niveau Talinko, voit des employeurs offrir toutes sortes de mesures pour faciliter la conciliation.

« Certains offrent un service de conciergerie, avec notamment la possibilité de faire livrer leur épicerie, explique celle qui siège aussi au conseil d’administration de l’AFFQ. D’autres offrent un service de cafétéria et la possibilité de s’entraîner au bureau ou près pour favoriser le présentiel et l’esprit d’équipe. Ces mesures permettent aussi d’alléger la surcharge mentale. »

Coup de pouce pour gravir les échelons

Alors que la parité demeure difficile à atteindre, spécialement dans les hautes sphères des organisations en finance, des initiatives se mettent en place pour favoriser la progression de carrière des femmes.

Certaines entreprises ont des mesures particulières pour développer le plein potentiel des femmes. On voit aussi du coaching pour les femmes cadres, afin de les amener à mieux gérer la pression pour qu’elles soient plus performantes et plus heureuses dans leur poste. Cela signifie aussi souvent apprendre à dire non. Les femmes veulent souvent tout faire, mais ce n’est pas possible.

Lucie Pellerin, présidente et cheffe de la direction de la firme de chasseurs de têtes Talinko

Tania Saba a vu dans les résultats de son étude que les mesures pour faciliter la progression de carrière des femmes sont aidantes. « Les employeurs doivent à la fois rendre clairs les prérequis pour accéder aux postes de direction et donner le soutien nécessaire à celles qui manifestent leur intérêt pour avoir une promotion », indique-t-elle. Elle ajoute qu’il faut également s’assurer que les exigences pour avoir des promotions sont équitables. « Une personne qui a pris deux fois un congé parental n’aura pas le même parcours linéaire que quelqu’un qui n’en a pas pris, précise-t-elle. Former un comité diversifié pour allouer les promotions aide d’ailleurs grandement à voir les iniquités. »

Gala Les Talentueuses

Pour sa 19édition, l’Association des femmes en finance du Québec tient son gala annuel sous le thème « Les Talentueuses célèbrent les avant-gardistes ». L’évènement se tiendra le 9 mai au Palais des congrès de Montréal.

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