Elles n’ont pas la même renommée que les grands noms de l’aérospatiale québécoise. Pourtant, certaines PME se démarquent par leur capacité à répondre aux enjeux sans cesse renouvelés de l’industrie. Plusieurs d’entre elles se sont fait remarquer cette année en glanant les prix Gilles-Demers décernés par Aéro Montréal.

À l’ombre de grands acteurs comme Bombardier, Pratt & Whitney et Bell Textron, des PME du secteur aérospatial québécois connaissent une croissance prometteuse en parvenant à s’adapter aux nouveaux défis du marché international.

Forte croissance

À Belœil, Optima Aéro connaît une croissance annuelle moyenne de plus de 30 % en recyclant les pièces d’hélicoptère, qu’elle réintroduit sur le marché comme pièces détachées. L’entreprise vient de recevoir le prix Gilles-Demers de la PME de l’année et celui de la catégorie Croissance et création de richesse, décernés par Aéro Montréal, la grappe aérospatiale du Québec.

Depuis neuf ans, les prix Gilles-Demers visent à reconnaître le leadership et l’excellence des PME aérospatiales du Québec. Ces prix ont été créés en hommage à Gilles Demers, ancien président de l’Association québécoise de l’aérospatiale (AQA), qui a fusionné avec Aéro Montréal en 2012.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Usine d’Optima Aéro à Beloeil

« Optima Aéro connaît une croissance phénoménale, en ayant doublé sa clientèle depuis trois ans », observe Mario Longpré, président du jury des prix Gilles-Demers et leader canadien du secteur Aérospatiale et défense chez PwC. Optima Aéro réalise la plupart de sa croissance à l’international, avec une usine dans le sud-ouest de la France et une autre ouverte cette année près de Dallas, au Texas. « L’entreprise se donne un rôle de chef de file au niveau international », salue M. Longpré.

Ruiz Fabrications Aérospatiales symbolise elle aussi le renouvellement du secteur aérospatial québécois, en mettant l’accent sur la durabilité de sa production. La PME lavalloise se distingue sur le marché de la fabrication des pièces composites en utilisant des fibres tissées en 3D. « Avec ce procédé, les pièces ne se délaminent pas, ce qui leur offre une durée de vie plus longue, en plus de réduire le poids des pièces de 30 % », explique Mario Longpré, qui salue l’obtention par la PME du prix Gilles-Demers de l’Engagement envers l’innovation.

De son côté, Groupe DCM se démarque avec le prix du Rayonnement international et celui de l’Équité diversité inclusion (EDI). Avec une clientèle à 90 % à l’étranger, la PME établie à Saint-Bruno est un des plus grands sous-traitants de pièces d’aérostructure et de sous-ensembles, en plus d’être un des trois principaux fabricants d’outillage d’entretien d’aéronefs au monde.

Groupe DCM fait rimer son développement international avec la prise en compte des enjeux EDI.

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Mario Longpré, président du jury des prix Gilles-Demers et leader canadien du secteur Aérospatiale et défense chez PwC

La nouvelle usine de Saint-Bruno [de Groupe DCM] a été conçue pour intégrer les politiques EDI de façon assez spectaculaire. Par exemple, elle a été pensée pour que les personnes se déplaçant en fauteuil roulant puissent aller effectuer les différentes tâches dans l’entreprise.

Mario Longpré, président du jury des prix Gilles-Demers et leader canadien du secteur Aérospatiale et défense chez PwC

Groupe DCM s’est dotée d’une politique d’intégration destinée aux sans-abri, « ce qu’on ne voit presque jamais », souligne le président du jury.

Enfin, Calogy Solutions a développé une technologie de gestion thermique des batteries qui permet de les maintenir dans la plage de température optimale pour leur fonctionnement. Cette trouvaille lui a permis de remporter le Coup de cœur du jury des prix Gilles-Demers. « L’entreprise est jeune, mais elle peut exploser dans les prochaines années », prédit Mario Longpré. Née en 2019, la PME sherbrookoise a déjà noué des partenariats avec Bell Textron, Pratt & Whitney et CAE.

La force de l’écosystème québécois

Comme quoi, l’ombre des géants du secteur aérospatial québécois profite aussi à l’essor des jeunes pousses. « C’est une force d’être un petit écosystème où les entreprises de toutes les tailles sont habituées à travailler ensemble », se félicite Mélanie Lussier, PDG d’Aéro Montréal. Ce travail collectif permet aux plus grandes entreprises de soutenir la croissance des plus petites, ces dernières apportant leur capacité à répondre aux enjeux en mutation.

Cette capacité à œuvrer ensemble s’incarne également sur le plan international. En juin 2023, Aéro Montréal a été un des membres fondateurs du Global Aerospace Cluster Partnership (GACP), qui regroupe 12 grappes aérospatiales du monde entier dans le but d’approfondir leur collaboration. Comme un symbole de son attachement à la collaboration entre différents acteurs, la grappe québécoise aimerait bien amener le siège social de cette nouvelle organisation internationale à Montréal, confie Mélanie Lussier.