Alors que l’humanité tente de réduire sa production de gaz à effet de serre (GES) de moitié d’ici 2030, le fabricant de fermetures éclair YKK Canada est en voie d’atteindre cet objectif en 2024. L’entreprise montréalaise devrait y arriver grâce à un ambitieux projet de géothermie et à la mobilisation de ses employés.

En entrevue, le président-directeur général, Hugues Charbonneau, arbore fièrement un écusson aux couleurs des 17 objectifs de développement durable des Nations unies, à l’égard desquels YKK Canada est fermement engagée. Concrètement, il est question notamment de la réduction de 50 % des émissions de GES d’ici 2030, et de zéro émission d’ici 2050.

Selon le PDG de la filiale canadienne de l’entreprise japonaise, ce défi est beaucoup plus important pour l’usine québécoise que pour ses homologues internationales puisque l’énergie utilisée ici est déjà verte. L’équipe québécoise s’est donc tournée vers un projet de géothermie qui lui permettra ultimement d’atteindre son objectif six ans d’avance : « Il s’agit d’un projet assez révolutionnaire parce qu’on génère énormément de chaleur ! Au total, ce seront 60 puits de 1000 pieds de profondeur qui seront creusés. »

En plus de réduire la production de GES, le projet de géothermie de YKK Canada lui permettra de faire fondre la neige sur son terrain et, éventuellement, celle emmagasinée par la Ville dans un dépôt à neige adjacent.

Le mégaprojet de géothermie servira également à climatiser l’usine de fermetures éclair, afin d’offrir des conditions de travail encore meilleures aux employés : « C’était l’un des mandats que je m’étais donnés, à mon arrivée il y a deux ans, de remettre les employés au centre de notre vie d’entreprise », dit Hugues Charbonneau.

Les Nations unies du textile

L’augmentation du bien-être et de la qualité de vie des employés est une autre force motrice commune avec les Nations unies au sein de l’usine, dont l’équipe de production est composée à 90 % de femmes.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Le président-directeur général de YKK Canada, Hugues Charbonneau

Depuis son arrivée en poste, Hugues Charbonneau a notamment fait passer le salaire plancher de 13 $ à 17 $ l’heure, en plus d’offrir des semaines de travail de quatre jours. Ces ajustements ont notamment eu pour effet de réduire le taux de roulement de l’usine.

Notre objectif est que les gens sentent qu’on est investi dans leur qualité de vie, qu’ils aient un sentiment d’appartenance et qu’ils désirent rester avec nous.

Hugues Charbonneau, PDG de YKK Canada

Avec 32 nationalités au sein de ses 150 employés, YKK Canada est composée en majorité de personnes immigrantes. L’entreprise a donc fait de la francisation un pilier central de sa gestion du personnel, afin de favoriser l’intégration des employés au sein de la fibre québécoise tout en assurant le développement d’un lien d’appartenance fort entre l’employeur et l’employé.

Objectif atteint puisqu’une cinquantaine de personnes se sont déjà inscrites à la formation donnée à l’interne.

Comme la proportion de femmes est très élevée dans l’entreprise, YKK Canada a également implanté un programme de tests de détection du cancer du sein sur place pour les employées.

Selon le PDG, ce programme constituait une approche très novatrice pour certaines employées : « Plusieurs ne savaient pas qu’elles pouvaient se faire tester, par peur ou par manque de connaissance. Le programme a donc été très apprécié, et la détection précoce a notamment fait une différence concrète pour deux d’entre elles. »

Cette approche visionnaire a valu à YKK Canada un Prix performance Québec le 23 novembre. Pour le gestionnaire de l’entreprise, la reconnaissance confirme que de mettre ses employés au centre de sa stratégie de gestion constitue un gage de saine performance. « Il s’agit pour moi d’une validation des théories de gestion ! Si on s’occupe de nos gens et qu’on les met au cœur de nos décisions, l’entreprise en bénéficiera en retour », affirme le grand patron.