L’entrepreneuriat est une histoire de famille au sein du clan Locas-Joly. L’entreprise À la boîte à fleurs, fondée par Denise Locas, se transmet de génération en génération depuis plus de 55 ans. Stéphanie et Marie-Ève, les deux sœurs qui ont maintenant repris le flambeau, nourrissent de grandes ambitions pour la suite des choses.

Tout sauf brusque : c’est probablement ce qui décrit le mieux la transition à la direction d’À la boîte à fleurs, un fleuriste lavallois qui offre aussi une panoplie de boîtes cadeaux. « Ça a été un long processus, admet la copropriétaire Stéphanie Joly. On est très proches l’une de l’autre, ma mère, ma sœur et moi, alors on est allées à la vitesse de chacune. »

Cette transition en douceur est-elle l’apanage des femmes ? La femme d’affaires n’ose pas s’avancer.

Je sais que pour nous, le respect était essentiel. On savait que c’était une étape très émotive pour ma mère. On était là pour l’écouter.

Stéphanie Joly, copropriétaire d’À la boîte à fleurs

Même si Stéphanie et Marie-Ève s’impliquent dans l’entreprise depuis plusieurs années, le changement n’est officiel que depuis cette année. Leur mère, Francine Locas-Joly, agit désormais à titre de mentore auprès de ses filles et des employés, dont plusieurs ont été embauchés par elle. « Sa présence est rassurante pour l’équipe. Ça permet une belle passation des pouvoirs. »

À l’instar de bien des chefs d’entreprise, la pénurie de main-d’œuvre représente un épineux défi pour les copropriétaires. « On a essayé de recruter une fleuriste au printemps dernier et on a été incapables de trouver une diplômée. Pourtant, on offre un environnement stimulant, notre taux de roulement est très faible », raconte Stéphanie Joly. Pour remédier à la situation, elles forment une personne sur place, à leur « école ».

Une évolution naturelle

À la boîte à fleurs a beaucoup changé au fil des années. « Notre grand-mère a fondé l’entreprise en 1966. Elle portait le nom de Mme Robert Locas à l’époque, alors imaginez ouvrir sa compagnie ! Pour une femme, c’était avant-gardiste », souligne Stéphanie Joly, qui savait qu’elle voulait suivre ses traces dès l’âge de 5 ans.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Stéphanie Joly a su très tôt qu’elle voulait suivre les traces de sa grand-mère.

En 2010, la famille a eu une importante décision à prendre. « On avait une grande serre de plantes tropicales, qui était rendue désuète. Comme ce n’était plus un créneau lucratif parce qu’on retrouvait des plantes tropicales dans les grandes surfaces, on a changé sa vocation. »

C’est à ce moment que Marie-Ève Joly est entrée en scène. La diplômée de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, de retour d’un congé de maternité, a quitté la restauration pour rentrer au bercail. « On a décidé de jumeler nos deux passions en créant un espace gourmet à même le fleuriste. On proposait des mélanges de fleurs et de cadeaux », explique Stéphanie.

La destination cadeau

Ce volet a rapidement pris son envol. « On avait déjà l’infrastructure et l’équipe pour produire des boîtes cadeaux, alors on savait qu’on pouvait répondre à une plus grande demande. La livraison est maintenant offerte partout au Québec et au Canada. » Les sœurs sont fières d’offrir ainsi une vitrine aux produits d’ici.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

En plus des fleurs, l’entreprise offre maintenant des boîtes cadeaux avec des produits d’ici.

Les patronnes concentrent désormais leurs efforts sur les grandes entreprises. « On développe des programmes de reconnaissance pour le corporatif depuis deux ans. Si un travailleur est malade ou vit un deuil, par exemple, l’employeur a une boîte cadeau prête à lui envoyer. Les modèles sont offerts à même notre site transactionnel. »

Stéphanie et Marie-Ève comptent devenir la référence en cadeaux au Québec d’ici 2025. Rien de moins. « Le Réseau des femmes d’affaires du Québec (RFAQ) m’a aidée à voir plus grand. J’ai commencé à m’impliquer davantage en 2018, quand nos ventes stagnaient. Ça m’a permis d’être en contact avec des directeurs d’approvisionnement de grandes entreprises. » Le RFAQ a également aidé la copropriétaire à définir son offre de services.

Cet accompagnement a porté ses fruits. La demande a explosé durant la pandémie, et l’entreprise livre maintenant des centaines de boîtes cadeaux pour les grandes entreprises, comme Desjardins, Staples et Cascades.

Le conseil de Stéphanie Joly

Si Stéphanie Joly n’avait qu’un seul conseil à donner aux jeunes entrepreneures, il se résumerait en un mot : s’entourer. « Il y a tellement de ressources disponibles, lance-t-elle. Moi, j’ai eu l’aide de ma famille, du RFAQ, de Laval économique… C’est une richesse d’être accompagnée, d’obtenir différents points de vue, et il y a plusieurs façons d’y arriver. » Elle suggère notamment de vérifier auprès des chambres de commerce et des regroupements d’affaires de sa région.