Depuis le printemps dernier, Novo, une entreprise spécialisée dans le design et l’ingénierie de matériel médical à Trois-Rivières, a pris le nom de Cleio. Un changement qui lui permet d’éviter la confusion toponymique et de faire un pas de plus dans le développement du marché américain. Portrait.

« Novo est un nom super exploité et c’était aussi le même que celui d’un compétiteur important aux États-Unis », raconte Alexis Bilodeau, président et fondateur de Cleio. Il faut savoir qu’il y a à peine trois ans, 12 % du marché de Cleio se situait de l’autre côté de la frontière. Aujourd’hui, cette proportion s’établit à 25 %. Pour assurer cette croissance, l’entreprise a embauché un chef de ventes établi à Chicago. « On est bien intégré dans l’écosystème de la technologie médicale aux États-Unis, surtout la région de Boston. Le design canadien a bonne réputation », explique l’homme d’affaires.

Le grand défi de l’approbation

Lorsqu’un client arrive chez Cleio, il a en main la technologie. Ce qui lui manque, c’est l’ingénierie et le design pour que son idée prenne vie et qu’un prototype voie le jour. Le défi de Cleio est d’amener à destination cette idée. « Pour certains, c’est une question de vie ou de mort, car leur entreprise débute dans le secteur. » L’enjeu numéro un est donc d’avoir un produit qui pourra obtenir l’approbation des autorités gouvernementales et qui répond aux exigences réglementaires. « Nous avons une équipe de six personnes dédiées uniquement à l’assurance qualité et qui surveillent tous les changements réglementaires. Par chance, il y a un effort d’harmonisation tant en Europe, au Canada qu’aux États-Unis », explique Alexis Bilodeau.

PHOTO OLIVIER CROTEAU, LE NOUVELLISTE

Cleio, qui compte dans ses rangs 90 employés, a réalisé à ce jour près de 2500 projets.

Autre défi, naviguer avec les entreprises d’une ronde de financement à l’autre. « Plus de la moitié de nos projets sont avec de jeunes pousses et qui attendent l’argent pour atteindre la prochaine étape. » Cleio joue aussi le rôle d’enquêteur, afin d’être certain que le produit qu’il va créer est pertinent pour le marché médical. « On interroge les utilisateurs. Il faut amener des faits sur la table afin de valider le marché, autant au niveau du besoin, du prix que des fonctionnalités. »

Le goût du défi

Cleio a réalisé à ce jour près de 2500 projets et compte dans ses rangs 90 employés. C’est le hasard qui a amené Alexis Bilodeau et son partenaire d’affaires, Christian Thiffault, à se diriger vers le domaine de la technologie médicale. Il y a 12 ans, le duo a eu à travailler sur une pompe à perfusion pour doser des médicaments. En apparence simple, le projet s’est révélé complexe, mais il a allumé une flamme.

Le défi est notre moteur. C’est quand c’est difficile que ça devient plaisant. Le domaine de la technologie médicale est stimulant pour nous, car on sait qu’on a un impact dans la société et qu’on améliore les standards de soins. Avec les années, on a développé notre expertise.

Alexis Bilodeau, président et fondateur de Cleio

Un pied dans l’avenir

Comme dans Retour vers le futur, les deux entrepreneurs ont une bonne idée de quoi sera fait demain quand on parle de technologie médicale. Même si plusieurs projets ne peuvent pas être confirmés pour des raisons de confidentialité, il est déjà assuré qu’un nouveau système dans le traitement du cancer est à prévoir et que celui-ci va complètement changer la façon de faire actuelle. Quant aux occlusions artérielles, un nouveau traitement par cathéter va bientôt permettre d’éviter à certains patients une intervention chirurgicale très invasive. Un appareil en mesure de prédire les crises d’asthme uniquement avec l’haleine et un applicateur qui utilise de la peau de poisson pour régénérer des tissus sont aussi dans les cartons de la PME.