L’accès à l’eau potable est un enjeu de plus en plus important dans le monde. La PME Oneka Technologies croit pouvoir y jouer un rôle déterminant grâce à ses bouées de désalinisation d’eau de mer. De la Californie au Chili en passant par les Antilles, l’entreprise de Sherbrooke s’affaire à démontrer que sa technologie fonctionne et qu’elle est promise à un bel avenir.

Oneka Technologies vient de signer une entente avec la municipalité côtière de Fort Bragg, dans le nord de la Californie, où l’eau se fait rare et doit, dans certains cas, être livrée par citernes.

Grâce à un contrat public de 1,5 million de dollars (ce qui représentera les premiers revenus de la PME depuis sa fondation en 2015), l’entreprise québécoise déploiera l’une de ses bouées (son modèle « P1 ») à environ un kilomètre de la côte.

« C’est une grosse étape pour l’entreprise, explique Dragan Tutic, président et cofondateur d’Oneka Technologies. On a un an pour faire nos preuves. Ce contrat pourrait nous ouvrir la porte à toute la Californie. »

Le modèle d’affaires de la PME repose non pas sur la vente de bouées de désalinisation d’eau de mer, mais bien sur la vente d’eau douce au mètre cube.

Selon M. Tutic, le prix de l’or bleu variera selon l’endroit et les conditions locales, notamment l’intensité des vagues.

Car c’est grâce à la force des vagues que les bouées d’Oneka fonctionnent. L’eau salée est pressurisée et pompée à travers des membranes d’osmose inverse, qui séparent l’eau du sel. Autrement dit, ce sont les vagues qui permettent à un mécanisme de pomper l’eau salée. L’eau douce obtenue est ensuite acheminée vers la rive par un tuyau sous-marin.

Indépendante du réseau d’énergie et de distribution d’eau, la technologie de la PME sherbrookoise ne consomme aucune énergie et n’émet aucun gaz à effet de serre (GES), promet son PDG.

Y croire

Même s’il sait pertinemment que la route vers le succès est longue et parfois cahoteuse, Dragan Tutic, 32 ans, est déterminé à atteindre son objectif. Ce chantre de l’innovation, diplômé en génie, n’a ménagé aucun effort depuis presque 10 ans.

PHOTO JEAN ROY, LA TRIBUNE

Dragan Tutic, président et cofondateur d’Oneka Technologies, dont les bouées de désalinisation d’eau de mer pourraient jouer un rôle déterminant contre les pénuries d’eau potable

Je me donne corps et âme dans mon entreprise. J’y ai mis mon argent. J’ai fait de la plongée en wet suit dans le Maine au mois de novembre pour réparer l’une de nos bouées. J’ai fait de la soudure, de l’usinage. Cela dit, je crois en la puissance d’une équipe.

Dragan Tutic, président et cofondateur d’Oneka Technologies

Oneka Technologies a développé trois bouées pour transformer l’eau de mer en eau douce. Les modèles « Ice Cube » et « Iceberg », qui sera installé en Californie, ont une capacité de production respective de 1000 et de 50 000 litres par jour. Entre les deux, le modèle « P1 » fait également l’objet de tests dans une marina au Chili.

PHOTO FOURNIE PAR ONEKA TECHNOLOGIES

Bouée Icecube d’Oneka Technologies en fonction en Nouvelle-Écosse

D’autres bouées sont en fonction en Floride et en Nouvelle-Écosse. À court terme, la PME québécoise souhaite développer et installer dans l’Atlantique Nord une bouée (la « Glacier ») capable de produire 500 000 litres d’eau quotidiennement.

Tout récemment, Oneka a bouclé une ronde de financement de 12,5 millions. Cela s’ajoute aux 20 millions en subventions et en aides gouvernementales reçus ces dernières années. À ce jour, l’entreprise sherbrookoise appartient à une cinquantaine d’actionnaires du Canada, des États-Unis et d’Europe.

« Depuis 12 mois, environ 40 pays nous ont contactés pour avoir de nos bouées. C’est une bonne nouvelle, mais il faut éviter de s’éparpiller », philosophe Dragan Tutic.