Chaque année, une trentaine de projets de nouveaux programmes dans les universités québécoises sont présentés à la Commission d’évaluation de projets de programmes (CEP) du Bureau de coopération interuniversitaire (BCI). Pour être acceptés, ils doivent traverser un processus « complet, solide et rigoureux ». Survol.

Il existe deux familles de programmes universitaires : de grade ou sans grade. Pour la première catégorie, qui englobe le baccalauréat, la maîtrise et le doctorat, un dossier est d’abord créé à l’université hôte, explique à La Presse Christine Hudon, vice-rectrice aux études de l’Université de Sherbrooke.

À cette étape, une équipe est chargée de faire « la démonstration de la qualité et de la pertinence » du cursus planifié sur plusieurs aspects : structure, pédagogie employée, modalités, approche, manière d’évaluer, disponibilité des ressources et des infrastructures (classes, livres, espaces d’enseignement), entre autres.

L’université va se demander s’il y a une pertinence pour son établissement et d’un point de vue socioéconomique à l’ajout du programme. Le programme existe-t-il déjà ailleurs ? Y a-t-il de la demande dans ce secteur et dans la région ? Pourra-t-il contribuer à l’avancement scientifique de son domaine ?

Une fois que tous ces éléments ont été démontrés et que le projet a passé avec succès une évaluation concernant sa faisabilité financière à l’interne, il est envoyé à l’extérieur. La CEP va donc procéder à une première analyse et va demander des précisions sur certains éléments, s’il y a lieu.

« La Commission va aller chercher un groupe d’experts de la discipline. Ils vont poser leurs questions, faire des visites, rencontrer les promoteurs du programme, les enseignants, les chargés de cours et des étudiants qui pourraient être intéressés, énumère Christine Hudon. Et la direction, aussi, pour s’assurer que le programme est bien soutenu. »

Délais plus courts

Au terme de son processus d’évaluation, la CEP va rédiger un avis, l’assortissant de conditions et de suggestions pour que le programme soit ouvert. En tout et partout, le processus pouvait prendre beaucoup de temps... mais de nouveaux objectifs établis par le BCI fixent une durée maximale de neuf mois pour ce travail.

Dernière étape : le comité des programmes universitaires, encadré par le ministère de l’Enseignement supérieur, procède lui aussi à une évaluation et confirme généralement le financement après trois ou quatre mois. Les refus sont assez rares : il s’agit surtout de demander des précisions ou des modifications aux établissements.

Après quoi, tous les programmes universitaires existants doivent obligatoirement être assujettis à une évaluation tous les 10 ans.

C’est le même processus rigoureux. Ça démontre qu’on prend le temps de bien faire les choses. Ça veut arrimer l’évolution des disciplines, mais aussi les besoins du Québec.

Christine Hudon, vice-rectrice aux études de l’Université de Sherbrooke

Les programmes sans grade, comme les certificats et les DESS, ont quant à eux droit à un parcours légèrement raccourci. La supervision se fait uniquement à l’interne, sans passer par le BCI. Mais le nouveau cours va tout de même « indirectement faire l’objet d’une évaluation ou d’une assurance qualité ».

Beaucoup de demandes

De façon globale, il y a beaucoup de demandes de création de programmes dans le secteur technologique ou dans le domaine de la santé. L’autre option, c’est lorsqu’une université de région souhaite ajouter à son cursus un programme déjà offert dans les grandes villes.

« Avant, les démarches pouvaient facilement s’étaler sur 24 mois. Le fait d’avoir raccourci le temps nous donne plus d’agilité sans sacrifier la rigueur », pense Christine Hudon.

Donc, on peut s’attendre au respect des nouveaux délais ? Neuf et trois mois respectivement, est-ce réaliste ? « La CEP a fait un travail colossal pour revoir l’ensemble de ses processus. Non seulement c’est réaliste, mais c’est déjà le cas », répond-elle.