Une petite entreprise de la Rive-Sud de Montréal, Malté, s’est lancée dans la production de shampoings et de savons à partir des résidus de céréales qui servent à fabriquer la bière.

L’idée

Un truc de grand-mère, se rincer les cheveux avec de la bière après les avoir lavés pour leur donner force et brillance, a donné l’idée à deux jeunes entrepreneurs de revaloriser la drêche. Ce sont les résidus des céréales, de l’orge surtout, utilisées par les microbrasseries.

Il y a de plus en plus de microbrasseries et donc de plus en plus de drêche, ont constaté Philippe Rioux et Olivier Breault-Tourigny, deux amis qui se connaissent depuis la maternelle et qui ont toujours voulu lancer leur entreprise. Chaque microbrasserie produit environ 70 tonnes de drêche par année.

Pour Malté, qui a vu le jour en 2021, la découverte de la drêche a été une révélation. « On s’est dit : wow, on peut faire quelque chose avec ça », se rappelle Olivier.

Riche en vitamines et en minéraux, la drêche est déjà utilisée dans l’alimentation animale et elle sert aussi à faire des pains et des gâteaux pour l’alimentation humaine.

Les deux entrepreneurs ont décidé, de leur côté, d’en faire des produits de soins de santé naturels et de se lancer dans l’économie circulaire.

Le produit

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Drêche

Malté a mis au point des shampoings et des savons faits à base de drêche, dont la production a été confiée à deux sous-traitants, situés non loin de leur camp de base de Brossard. L’entreprise s’approvisionne à bon prix chez un fournisseur qui récolte la drêche dans les microbrasseries. Avec une production encore à échelle réduite, elle en utilise de 150 à 250 kilogrammes par année, précise Olivier.

Et l’odeur ? Pour ceux qui se posent la question, ça ne sent pas la bière. Deux fragrances sont offertes, « Poire et agrume » et « Boisé ». D’autres produits sont en développement, et Malté explore d’autres avenues maintenant qu’elle maîtrise la technique d’infusion de la drêche dans les produits liquides.

L’avenir

Malté a fait ses premières ventes en novembre 2021. Ses produits sont offerts dans quelques points de vente, dont quelques magasins Jean Coutu et Metro, et les deux associés continuent de faire le tour des marchés publics pour se faire connaître.

Jusqu’à maintenant, financer le développement de l’entreprise n’a pas été un problème. Les produits naturels et la revalorisation des matières résiduelles ont la cote actuellement. Malté a bouclé avec succès une campagne de sociofinancement et a reçu du capital de développement de plusieurs organisations, dont Desjardins, la BDC et Recyc-Québec.

Il en faudra davantage, convient Olivier Breault-Tourigny. Son partenaire d’affaires et ami et lui sont associés en parts égales dans l’entreprise et ambitionnent non seulement d’en vivre, mais aussi de prendre de l’expansion.

Jusqu’ici, les deux ont investi leur argent et mis à profit leur formation en vente et en gestion. Ils ont aussi profité des conseils précieux de mentors, dont la tante de Philippe et le père d’Olivier.

Mais éventuellement, prévoient-ils, il faudra peut-être inviter d’autres investisseurs. Parce que Malté a de l’ambition.

Nous voulons faire compétition à Attitude et The Unscented Company.

Olivier Breault-Tourigny, cofondateur de Malté

Pour y parvenir, il y a plusieurs options possibles ; « mais on n’est juste pas encore rendus là », reconnaît-il.

Où en sera l’entreprise dans 10 ans ? « On va être encore là, assure Philippe. On sera partout au Canada, et aux États-Unis, avec une belle gamme de produits. »

Consultez le site de Malté