L’innovation

Offrir de l’hébergement pour des séjours de 1 à 12 mois à l’étranger aux professionnels qui souhaitent faire du télétravail, tout en offrant un programme scolaire adapté pour leurs enfants.

Qui ?

En septembre 2021, quatre professionnels provenant d’horizons différents, tous grands voyageurs, se regroupent pour combler un besoin qui leur semble criant : permettre à ceux que l’on nomme les « nomades numériques » de travailler partout sur la planète, même s’ils ont des enfants d’âge scolaire. Mauro Repacci et Marcos Carvalho, entrepreneurs et investisseurs, Rekha Magon, bachelière en comptabilité de l’Université McGill formée en éducation, et Elina Zois, détentrice d’un MBA de Queen’s University, fondent Boundless Life. Au début de février dernier, une première cohorte de familles dans une trentaine de logements a été accueillie pendant deux mois à Sintra, au Portugal.

Boundless Life compte aujourd’hui une quarantaine d’employés dans ses bureaux à Montréal et en télétravail.

Le produit

« On est en train de développer le style de vie du futur », résume sans fausse modestie Marcos Carvalho, cofondateur et responsable de la croissance (head of demand generation) chez Boundless Life.

PHOTO EVANGELINE LANE, FOURNIE PAR BOUNDLESS LIFE

Les enfants de moins de 12 ans dont les parents télétravaillent à l’étranger suivent un programme scolaire bâti par Boundless Life, inspiré du système scolaire finlandais et misant sur l’apprentissage par projets.

Le cœur de cette offre, c’est de permettre à des familles de toute provenance de s’installer dans de petites communautés conçues pour le télétravail. Le premier exemple, Sintra, donne un aperçu du concept : les familles sont hébergées dans des maisons individuelles ou des immeubles et disposent évidemment de toutes les infrastructures pour le télétravail. Les enfants de moins de 12 ans suivent, eux, un programme scolaire bâti par Boundless Life, inspiré du système scolaire finlandais et misant sur l’apprentissage par projets.

« On a créé notre propre système d’éducation, le premier au monde capable de s’adapter aux familles qui voyagent, explique M. Carvalho. Notre structure va s’étendre à travers le monde pour faciliter l’accès à ce style de vie pour ceux qui ont des enfants. »

Sintra, une magnifique et paisible ville historique du sud-ouest du Portugal, correspond au profil des endroits recherchés par Boundless Life. « Des villages historiques, proches de la nature, où on peut marcher, avec des températures modérées, précise M. Carvalho. On s’est inspirés du concept des Blue Zones, les endroits où les gens vivent le plus longtemps. On a récolté des données pour trouver où on pourrait reproduire ce style de vie et avoir l’environnement idéal pour élever nos enfants. »

La première cohorte de Boundless Life était un condensé des Nations unies, « avec des Canadiens, des Américains, des Colombiens, des Polonais, des Indiens », rapporte-t-il. Ces familles sont encouragées à se côtoyer et à établir des liens avec les résidants de Sintra.

Les prix varient énormément selon la composition du séjour. Trois mois pour une famille de quatre personnes à partir de juillet : près de 10 000 $ CAN. Un mois en août : environ 6000 $. « Ça peut sembler cher, convient M. Carvalho. Mais ce sont des prix de location à court terme. » Au moins 1500 personnes sont déjà inscrites sur la liste d’attente, indique-t-il.

Les défis

Comme toute entreprise naissante qui connaît du succès, Boundless Life doit conjuguer croissance et prudence. Pour la première cohorte, M. Carvalho s’est assuré de tester lui-même cinq logements – c’est d’ailleurs à Sintra que nous l’avons joint au téléphone pour l’entrevue.

PHOTO EVANGELINE LANE, FOURNIE PAR BOUNDLESS LIFE

Les familles sont hébergées dans des maisons individuelles ou des immeubles.

Pas question d’inonder les villes d’un flot de touristes, on privilégie ici le « slow tourism », où les visiteurs vivent réellement comme les habitants. « On amène des gens qui vont vraiment avoir un impact positif. »

Le financement d’une telle aventure est crucial, et Boundless Life a eu la chance de récolter en avril 2 millions US lors d’une ronde de financement à laquelle ont notamment participé Anges Québec, Sequoia et Lightspeed. « Nos anges investissent rarement dans une compagnie qui en est au début de l’aventure, explique Caroline Pelletier, vice-présidente, sélection, chez Anges Québec. Ce qui a suscité l’enthousiasme, c’est leur vision, où s’en va la société par rapport au travail à distance, la recherche de l’équilibre vie personnelle-travail. »

L’avenir

D’ici l’été, Boundless Life espère ouvrir des lieux d’hébergement en Espagne, en Grèce et en Italie. Le Maroc est dans la ligne de mire à court terme. Et ce n’est qu’un début, promet M. Carvalho.

« L’objectif est d’avoir 30 destinations en 3 ans, 100 destinations en 5 ans. »

On espère également proposer un programme scolaire aux jeunes du secondaire. « Combiner le voyage et l’éducation, c’est vraiment comme ça qu’on va réussir à bâtir un monde meilleur, estime le cofondateur. Découvrir d’autres cultures, développer sa compassion, son empathie envers les autres, c’est ce qui va nous aider à diminuer la polarisation, un des grands problèmes de l’humanité. »