L’innovation : une plateforme d’accompagnement pour les employés francophones des pays européens et de l’Afrique du Nord et les employeurs québécois qui recherchent des candidats à l’étranger.

Qui

Immijob est un projet de Natacha Mignon, avocate associée du cabinet spécialisé en immigration Immétis, supervisé par Lorine Benoit, responsable, communication et marketing, d’Immétis. « Je suis immigrante, arrivée au Québec de France il y a deux ans, raconte Lorine Benoit. Quand j’explique à mes amis européens que j’ai franchi l’Atlantique, on me répond : “Mon Dieu, comment tu as fait pour trouver une entreprise prête à te recevoir ?” Et les employeurs nous demandent : “Vous n’avez pas une base d’employés prêts à venir ?” »

Constat

Avec près de 200 000 postes à pourvoir au Québec, Lorine Benoit ne parle pas de pénurie de main-d’œuvre, mais de crise de main-d’œuvre. « Je pense au manque de personnel en restauration qui fait revoir les quarts de travail et les heures d’ouverture, souligne Lorine Benoit. C’est problématique. Ça empêche la croissance d’une économie. »

En assistant au Sommet de l’immigration, il y a deux semaines, une donnée a particulièrement attiré son attention : « Dans les 10 années à venir, il y aura 1,4 million de postes à pourvoir au Québec, rapporte-t-elle. Parmi les leviers envisagés, il y a l’immigration qui pourrait compter pour 22 % de la solution. Il faut donc accompagner, rassurer et former les employeurs pour passer à l’action. »

Produit

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

La plateforme Immijob

Immijob est une plateforme d’accompagnement, lancée il y a un an par Immétis, et un point de rencontre pour les employés francophones des pays européens et de l’Afrique du Nord et les employeurs qui recherchent des candidats à l’étranger prêts à immigrer au Canada. « Certains candidats ne savent pas comment s’y prendre et plusieurs employeurs ont de grands besoins d’accompagnement, note Lorine Benoit. On voit que les entreprises ne connaissent pas bien le processus et qu’elles ont un manque de compréhension des CV étrangers. »

Consultez le site web d’Immijob

Par exemple, un bac en France équivaut à un diplôme de cégep ici. « Elles ne connaissent pas non plus toutes les entreprises du monde, lorsqu’elles les voient sur un CV, poursuit Lorine Benoit. Elles ne savent pas par où commencer pour l’obtention de permis de travail. Certaines font du recrutement depuis des années à l’étranger, tandis que des PME se lancent maintenant. On veut donc leur faciliter la tâche. On adapte les CV aux normes canadiennes, on enlève des renseignements personnels. On détermine les coûts et les délais. Ça permet à l’employeur d’anticiper. Or, quand on anticipe, ça se passe bien. »

La plateforme est destinée à des travailleurs de tous les métiers. « Avec la pandémie, on s’est dit que l’immigration allait être compliquée, dit Lorine Benoit. Partout, il y a eu un temps de réflexion. On observe un attrait pour le Canada encore plus fort qu’avant. Des travailleurs confinés avec leur famille dans de petits appartements ont eu le temps de réfléchir. Il y a une envie de changement et la pénurie fait dire aux candidats qu’ils ont une chance. »

Environ 90 % des employeurs qui utilisent la plateforme Immijob et ont trouvé un candidat confient ensuite leurs démarches d’immigration à Immétis. Il en coûte de 100 $ à 300 $ pour afficher un poste pendant 30 jours.

On n’intervient pas dans le processus de recrutement. Mais on prend en main la démarche d’immigration de A à Z. Il y a une méconnaissance des processus d’immigration et ça fait peur. On donne d’ailleurs beaucoup de formations.

Lorine Benoit, responsable de la plateforme Immijob

Du côté des candidats internationaux, la promotion de la plateforme passe par les médias sociaux et des partenaires outre-Atlantique. « Il y a des initiatives fédérales, des Talent Montréal, notamment. Des plateformes, il y en a, et elles sont adaptées à différentes cibles. On n’est pas de trop pour trouver des solutions ! »

Avenir

Depuis le début de l’année, plus de 3500 personnes ont utilisé la plateforme. Environ 2000 CV ont été envoyés, principalement pour des emplois en technologie de l’information (TI), dans le manufacturier, la comptabilité et l’enseignement. « Et en un an, environ 30 employeurs nous ont fait confiance », affirme Lorine Benoit.

Celle-ci dit être très occupée. La cadence pourrait bien augmenter alors qu’elle compte faire connaître Immijob dans plusieurs salons de l’emploi en 2022. « C’est un beau problème ! lance-t-elle. On envisage de grossir l’équipe. Ça va vraiment bien. On reçoit en ce moment de 25 à 30 CV par jour et ça augmente quotidiennement. Donc il y a un réel attrait pour le Québec. On souhaite à moyen terme qu’encore plus d’employeurs franchissent le pas. »