L’innovation ? Une technologie utilisant d’une part un vaporisateur à nicotine, le DitchPen, qui module le dosage et enregistre l’utilisation. Les informations sont envoyées à une application mobile qui, grâce à l’intelligence artificielle et des questions, va contrôler le DitchPen pour permettre d’arrêter de fumer.

Qui ?

Tout commence avec un jeune entrepreneur montréalais dans la trentaine, Laurent Laferrière. Il a notamment cofondé en 2014 Oatbox, spécialisée dans la livraison de déjeuners, et Bombom, un site d’achat de produits pour bébés. En septembre 2019, en quête de sa prochaine entreprise, il constate que nombre de ses amis étaient devenus dépendants à la cigarette électronique.

« Certains n’avaient jamais fumé auparavant, je trouvais ça absurde, raconte-t-il. Je me suis rendu compte que la cigarette électronique n’est pas conçue pour se débarrasser de la dépendance à la nicotine. »

Il s’associe en janvier 2020 à un autre « entrepreneur en série », Olivier Bourbonnais, qui a notamment cofondé en 2014 SmartHalo, conceptrice d’un GPS pour vélo qui connaît du succès. Les deux hommes fondent Ditch Labs et sont intégrés à l’incubateur technologique Centech. Laurent Laferrière occupe le poste de PDG et Olivier Bourbonnais, celui de chef de la technologie. En janvier 2021, ils ont été rejoints par Christelle Luce, psychologue clinicienne spécialisée en traitement des dépendances, qui devient directrice de recherche de la jeune entreprise, qui compte en outre huit employés. En juin dernier, Ditch Labs a bouclé une première ronde de financement de 1,3 million de dollars.

Le produit

Il y a d’abord le DitchPen, un vaporisateur à basse température qui ressemble à un gros crayon-feutre comportant une cartouche contenant deux liquides, avec et sans nicotine. En faisant varier la température de vaporisation et en combinant les deux liquides, il envoie un jet de vapeur dont la composition en nicotine peut être contrôlée.

Le DitchPen enregistre chaque utilisation. Une fois une certaine dose quotidienne de nicotine atteinte, seul le liquide sans nicotine sera vaporisé.

Toutes ces informations sont envoyées et traitées dans l’application mobile. Celle-ci comprend en outre une liste de 55 questions qui seront combinées aux données d’utilisation.

PHOTO FOURNIE PAR DITCH LABS

Le DitchPen, un vaporisateur à basse température qui enregistre et contrôle la dose de nicotine, est utilisé en combinaison avec une application mobile qui permet de réduire graduellement la consommation.

« C’est très précis, explique M. Laferrière. On est capable de savoir si les inhalations sont profondes, de connaître le temps entre chacune, si ça arrive pendant la nuit ou très tôt le matin. Ce sont des données très importantes pour mieux comprendre la dépendance. »

On prévoit vendre le DitchPen environ 60 $, avec des cartouches entre 7 et 9 $ pièce. L’objectif est d’offrir un traitement qui coûte le même prix que le Champix sur une durée de trois mois, soit 450 $. Ce médicament fabriqué par Pfizer est considéré comme un des plus efficaces, avec un taux de réussite d’environ 20 %.

La cigarette électronique, elle, selon les statistiques consultées par M. Laferrière, permettrait à 18 % des ex-fumeurs de tabac de décrocher.

L’entreprise a bon espoir de battre ce taux, annonce-t-il.

L’avenir

Ditch Labs, qui espère commercialiser sa technologie d’abord au Royaume-Uni l’an prochain puis au Canada en 2024, en est encore aux études précliniques. Ce sont elles qui vont permettre de déposer une demande d’approbation auprès de Santé Canada et de la Food and Drug Administration (FDA) américaine. Suivront les trois phases d’études cliniques qui devront notamment démontrer l’efficacité et l’innocuité du traitement.

« Il faut passer par des processus réglementaires fastidieux, rigoureux et très coûteux », note le PDG.

Le financement obtenu le mois dernier permet d’avancer, mais il ne suffira pas. « On commence déjà à regarder pour une prochaine ronde d’ici 12 à 15 mois. »

Comme toute nouvelle technologique, Ditch devra gagner en crédibilité et en notoriété. « On arrive avec une solution qui est une première, c’est toujours difficile. »

Enfin, le recrutement se veut une étape très délicate. « On a de grandes ambitions, annonce M. Laferrière. On veut s’entourer des meilleurs au monde dans le domaine de l’intelligence artificielle et de la technologie de la santé. »