Pour aider à enrayer l'épidémie d'Ebola et faire un nom à sa PME dans le secteur de la santé, le Montréalais Steve Silver tente d'envoyer gratuitement en Afrique de l'Ouest des machines de désinfection que son entreprise, Sani Sport, fabrique à Montréal.

Il n'est pas le seul. Plusieurs fabricants nord-américains de stérilisateurs contre les super-virus et super-bactéries souhaitent mettre leurs technologies en valeur en les envoyant au front contre l'Ebola. C'est de la charité, mais c'est aussi une vitrine exceptionnelle pour ces machines qu'ils offrent aux hôpitaux d'ici pour lutter contre les infestations de pathogènes résistants aux antibiotiques comme C. difficile et le staphylocoque doré. Ces pathogènes nosocomiaux (acquis à l'hôpital) sont un problème croissant et coûteux pour les systèmes de santé partout dans le monde.

«Aux nouvelles, à la télé, j'ai vu des femmes nettoyer à la main les bottes des infirmiers, avec des brosses et du désinfectant liquide», a dit M. Silver en parlant du nettoyage d'une clinique d'Afrique de l'Ouest où on soigne les patients atteints de la fièvre Ebola. «J'ai été très surpris. Je ne suis pas médecin, mais ça m'a semblé risqué.» Il a offert deux machines à Samaritan's Purse, une ONG chrétienne américaine qui achemine du matériel médical au Liberia. L'organisme a d'emblée montré beaucoup d'enthousiasme, mais a fini par dire non merci, a dit M. Silver.

Réduire les risques de contagion

«Ces gens [en Afrique de l'Ouest] sont dans le pétrin. Nos machines ne guériront personne, mais elles pourraient au moins freiner la contagion dans les cliniques», dit M. Silver, président de Sani Sport et de Sani Defenx, un fabricant de machines de désinfection à l'ozone et au peroxyde d'hydrogène. Cette combinaison est reconnue pour sa capacité d'éliminer virus et bactéries.

Le stérilisateur VE (Virus Elimination) de Sani Sport et ceux des concurrents ne soignent pas les malades; ils tuent les pathogènes présents dans l'air, sur les murs, planchers et plafonds des salles de soins et sur tout le matériel qui s'y trouve. Cela réduit les risques de contagion.

L'épidémie d'Ebola survient un an et demi après que M. Silver a commencé à entreprendre des démarches informelles dans le marché hospitalier. L'entreprise vend déjà le VE (ainsi qu'un stérilisateur d'équipement) aux équipes de sport professionnel, comme le Canadien de Montréal, qui s'en servent en prévention dans les vestiaires. Les mêmes machines sont vendues sous la marque Sani Defenx aux forces armées, corps policiers et prisons. Il n'y a pas encore de marque à part pour le marché hospitalier, mais Sani Sport a un historique de fabrication de presque 15 ans et ses VE coûtent 12 650$, 10 fois moins cher que les machines concurrentes.

En offrant ses machines, M. Silver dit qu'il veut contribuer à contrer l'épidémie, mais il ne cache pas qu'il espère aussi attirer l'attention du ministère de la Santé du Québec et des autres gestionnaires hospitaliers d'Amérique du Nord sur le VE. Cette machine à désinfecter ne requiert pas d'homologation spéciale de Santé Canada, dit M. Silver.

Sani Defenx compte parmi ses clients le Center for Domestic Preparedness, à Anniston, en Alabama, à qui elle a vendu un stérilisateur d'équipement. C'est là que le gouvernement américain forme les bénévoles américains qui partent combattre l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest.

M. Silver dit qu'il est prêt à donner immédiatement un VE et un stérilisateur d'équipement au gouvernement du Québec: «J'espère que ça ne nous arrivera pas, mais si par malheur on a des cas ici dans nos hôpitaux, désinfecter les salles et les combinaisons de protection sera important.»

----------------

TROIS INITIATIVES SEMBLABLES

1- Medizone International, de San Francisco, a présenté à Médecins sans frontières un prototype d'hôpital de campagne sous tentes équipées de ses stérilisateurs AsepticSure, inventés à l'Université Queen's, en Ontario. Normalement, Medizone demande «environ 125 000$» pour chacune de ses machines de désinfection à l'ozone et au peroxyde d'hydrogène, dit le président de Medizone, Michael Shannon, de Kingston, en Ontario. Les machines destinées à l'Afrique seraient gratuites, dit-il. Medizone a vendu «quelques machines» en Ontario en 2013.

2- TRU-D SmartUVC, de Memphis, a donné et expédié à deux hôpitaux du Liberia deux de ses robots de désinfection à 110 000$US qui détruisent virus et bactéries en émettant des rayons ultraviolets. Les robots TRU-D sont en usage dans 300 hôpitaux, dont «trois ou quatre au Canada», dit Chuck Dunn, président de TRU-D.

3- Xenex, de San Antonio, au Texas, fabrique aussi des robots désinfectants UV, utilisés dans 250 hôpitaux américains. Xenex ne donne aucun de ses robots d'une valeur de 104 000$US, mais propose «un rabais» à des organismes de charité actifs en Afrique.