Les PME québécoises devraient profiter de la crise économique pour s'installer aux Émirats arabes unis afin d'être aux premières loges quand la croissance reviendra, d'ici un an ou deux.

C'est le message qu'a lancé la nouvelle présidente du Conseil des entreprises canadiennes aux Émirats arabes unis, Marie-Josée Primeau, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. «Ce que je suggère aux gens, c'est de commencer à semer des graines. C'est un marché qui est long à développer.»

L'émirat de Dubaï, où vit depuis trois ans Mme Primeau, a été frappé de plein fouet par la crise. Plusieurs projets immobiliers pharaoniques ont été suspendus ou annulés au cours de la dernière année, jetant une douche froide sur l'industrie de la construction. Les prix de l'immobilier ont d'ailleurs reculé de 48% au deuxième trimestre, selon les données de l'agence de courtage Colliers International.

En tout, quelque 300 milliards de dollars de projets ont été mis sur la glace, d'après les estimations de l'AFP. Malgré cette avalanche de mauvaises nouvelles, Marie-Josée Primeau, qui a travaillé à titre de gestionnaire chez Canon et Telus, insiste qu'il y a de la place pour les PME québécoises dans l'émirat. Et de l'avenir.

«Quand la relance va arriver, que ce soit à la fin de 2010 ou au début de 2011, ceux qui seront restés et auront survécu à cette crise-là vont pouvoir surfer sur la vague et aller décrocher toutes les autres transactions», croit-elle.

Selon la femme d'affaires, qui se qualifie elle-même de «visionnaire», les perspectives apparaissent favorables dans cinq principaux secteurs d'activité pour les PME: l'agroalimentaire, la construction, la santé, les technologies de l'information et les hydrocarbures.

Il faut voir Dubaï comme un tremplin vers les autres pays du Moyen-Orient, et non comme une fin en soi, ajoute-t-elle. L'émirat voisin d'Abu Dhabi - qui accueillera son premier Grand Prix de Formule 1 à la fin du mois -, le Qatar et l'Arabie Saoudite ont un potentiel énorme, souligne-t-elle.

Écrémage

Marie-Josée Primeau, qui mène en parallèle une carrière d'artiste-peintre en plus de diriger une PME spécialisée dans le traitement des eaux usées, estime que la crise de la dernière année aura eu le mérite d'écarter les entrepreneurs qui n'étaient «pas de qualité».

«Le monde des affaires a été touché, beaucoup de gens ont quitté Dubaï, relate-t-elle. Mais je trouve que c'est une correction qui est très saine. Beaucoup de gens atterrissaient à Dubaï et pensaient qu'un sac de pépites d'or les attendrait à la douane. Ce n'est pas le cas. Ce n'est pas facile et ça prend du temps.»

Le Conseil des entreprises canadiennes aux Émirats arabes unis a été fondé en 1993 et regroupe environ 400 entreprises canadiennes installées aux Émirats arabes unis, dont Bombardier, SNC-Lavalin, CAE et Cansult.