(Ottawa) Le rythme des mises en chantier résidentielles s’est accéléré en février au pays, alors que davantage d’appartements et de copropriétés ont levé de terre. Toutefois, le Québec et sa métropole semblent aller à contre-courant de cette tendance.

Selon des données publiées vendredi par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), les mises en chantier ont bondi de 14 % en février par rapport au mois précédent, pour s’établir à 253 468, selon un taux annuel désaisonnalisé, ce qui permet une meilleure comparaison d’un mois à l’autre.

La SCHL a toutefois relevé des reculs dans quatre provinces, le Québec, l’Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve-et-Labrador et la Saskatchewan, au cours des deux derniers mois. Le nombre a reculé de 38 961 à 34 542 au Québec, une baisse de 11 %.

Si l’on examine les chiffres d’une année à l’autre, les mises en chantier d’habitations en février ont augmenté de 11 %. Cette hausse est entièrement due à celle des mises en chantier de logements collectifs, qui ont grimpé de 16 %, tandis que les mises en chantier de maisons individuelles ont diminué de 14 %.

« Alors que la pénurie nationale de logements se poursuit, les promoteurs continuent de se concentrer sur la construction de logements collectifs dans les grands centres du Canada », a déclaré l’économiste en chef de la SCHL, Bob Dugan, dans un communiqué.

Les mises en chantier d’un mois à l’autre peuvent fluctuer considérablement, car le lancement de projets collectifs de plus grande envergure peut fausser les chiffres. En février, les mises en chantier ajustées ont augmenté de 79 % à Vancouver, mais elles ont été en baisse de 31 % à Montréal.

Pour atténuer ces fluctuations et donner une image plus claire de la tendance à venir de l’offre de logements, la SCHL publie également une moyenne mobile sur six mois du taux ajusté. En février, l’indicateur affichait 245 665 mises en chantier, en hausse de 0,4 % par rapport à janvier.

Ce rythme est inférieur aux plus de 277 000 mises en chantier enregistrées au Canada sur une tendance de six mois à la fin de 2022, avant que la hausse des taux d’intérêt n’affecte les coûts d’emprunt et ne suscite des craintes de récession.

Ralentissement anticipé

La SCHL et les analystes s’attendent à un ralentissement des mises en chantier cette année, car les conditions d’emprunt plus difficiles et les pénuries de main-d’œuvre affectent le rythme de la construction.

Les mises en chantier au premier trimestre devraient diminuer par rapport au quatrième trimestre de l’année dernière, estime dans une note l’économiste Rishi Sondhi, de la TD.

Au cours des deux premiers mois du premier trimestre, les mises en chantier résidentielles sont en deçà de leur niveau du quatrième trimestre, ce qui suggère une potentielle pression à la baisse sur la croissance des investissements résidentiels au premier trimestre.

Rishi Sondhi, économiste de la TD

« Nous pensons qu’ils baisseront à mesure que l’année avancera, la faiblesse passée des ventes résidentielles se répercutant sur la construction d’habitations », a-t-il ajouté.

La hausse en février pourrait être liée en partie aux conditions météorologiques, soutient pour sa part Katherine Judge, analyste de la CIBC.

« Une partie de cette augmentation est probablement due aux températures douces atypiques observées cet hiver, qui pourraient également soutenir l’activité sur le marché de la revente. »

Les réductions de taux attendues plus tard cette année contribuent également à stimuler le marché de la revente, ce qui, à l’échelle de l’économie, pourrait aider à compenser le ralentissement de la construction, indique-t-elle.

« La construction résidentielle devrait encore connaître un léger recul au premier trimestre dans l’ensemble, mais le frein à la croissance du PIB dû à l’investissement résidentiel sera limité par l’augmentation de l’activité de revente », estime Mme Judge.