Propriétaire de la marque Van Houtte, la société Keurig Dr Pepper Canada concentre les activités d’entreposage de ses produits de café à Beauharnois, en Montérégie.

La MRC de Beauharnois-Salaberry se positionne ainsi comme la plaque tournante du café dans l’est du pays.

Keurig vient de conclure un bail de longue durée avec OleaDev Groupe immobilier à Beauharnois pour une superficie totale de 56 000 mètres carrés (602 000 pieds carrés).

Il s’agit de l’une des plus importantes transactions de location de locaux industriels au Québec cette année.

Le promoteur OleaDev a fait construire par Frare & Gallant le plus grand bâtiment industriel sans entente de location préalable au Québec. Dans le jargon de l’immobilier commercial, on appelle cela une construction spéculative.

La Presse a fait état de ce pari audacieux dans son numéro du 10 juillet dernier.

Lisez « Une tasse de café sur deux au Canada passe par Salaberry-de-Valleyfield »

Keurig loue l’entièreté du bâtiment de 39 000 m⁠2 (422 000 pi⁠2) avec des plafonds à 12 mètres (40 pieds), soit suffisamment hauts pour stocker six palettes. L’occupant en prend possession immédiatement, de façon progressive.

Pour ce qui est de la phase 2 de 17 000 m⁠2 (181 000 pi⁠2) à construire, le locataire vise une occupation en 2024. OleaDev avait acquis d’Hydro-Québec le terrain voisin à son bâtiment principal à cette fin. Hydro y exploite à côté une importante centrale au fil de l’eau.

Ce centre de distribution nous permettra de mieux servir nos clients, d’optimiser nos opérations et de réduire notre empreinte carbone.

Olivier Lemire, président de Keurig Dr Pepper Canada, par courriel

L’actif sera exploité par un tiers. Une centaine de personnes y travailleront. L’équipement remplace les entrepôts existants au Québec et de façon progressive celui de Brampton, en Ontario, précise-t-on chez KDP Canada.

« L’intérêt de KDP Canada dans cette nouvelle installation moderne, l’une des plus grandes de son genre au Québec, témoigne de la force économique du marché industriel dans la région et au Québec dans son ensemble », se réjouit Terry Tsatas, président d’OleaDev Groupe immobilier.

Pour Beauharnois, il s’agit d’une nouvelle prise prestigieuse. Depuis que la ville de 14 000 habitants a mis la main sur des terrains d’Hydro-Québec au coût de 30 millions en 2012 en vue d’y aménager un nouveau parc industriel en bordure de l’autoroute 30, elle a su attirer chez elle IKEA, Google et les magasins Hart.

En acquérant ces lots, Beauharnois avait comme stratégie de les revendre à des occupants industriels dans le but de faire grossir l’assiette foncière et les revenus de taxation. Les entrées d’argent additionnelles doivent servir à payer la facture du rajeunissement des infrastructures municipales arrivées au bout de leur vie utile.

« Beauharnois est une ville dynamique et le développement industriel est pour nous un levier de développement, dit le maire Alain Dubuc (aucun lien de parenté avec notre journaliste). L’emplacement du parc industriel est stratégique pour les entreprises souhaitant être au cœur des corridors commerciaux Québec–Ontario–États-Unis. » Le magistrat accueille évidemment à bras ouverts le nouveau venu.

« Boucle café vert »

Dans la ville voisine de Salaberry-de-Valleyfield, la société GBH Depot de Brent Fleming est devenue la spécialiste de la manutention du grain de café vert, au point que près de la moitié du café consommé au Canada passe préalablement par ses installations dans cette municipalité. L’entreprise a notamment pour clients Keurig et Tim Hortons, pour laquelle elle livre six camions par jour à son usine de torréfaction d’Ancaster, en Ontario.

Autrement dit, le grain vert de café Van Houtte va d’abord transiter par Salaberry-de-Valleyfield avant de se rendre aux usines de torréfaction de Keurig, situées dans le quartier Saint-Michel, à Montréal, pour ensuite reprendre la route de Beauharnois avant leur expédition vers les utilisateurs finaux.

« Cette nouvelle route va permettre à KDP Canada d’optimiser le transport en créant une boucle café vert, torréfaction, produits finis [au sein même de la région métropolitaine de Montréal], de diminuer les envois superflus vers l’Ontario en évitant ainsi de ramener des produits finis de l’Ontario vers le Québec et l’est du Canada », explique-t-on chez KDP Canada.