Un jeudi sur deux, La Presse propose un retour sur ce qui retient l’attention dans le domaine de l’immobilier résidentiel et commercial.

L’effervescence suscitée par la filière batterie crée de l’inflation immobilière à Bécancour.

La Société du parc industriel et portuaire du parc industriel de Bécancour (SPIPB), une société d’État québécoise, vient de racheter à fort prix un imposant terrain qui appartenait à la société Loop Industries.

La jeune pousse de Terrebonne ambitionne de recycler les plastiques à usage unique. Elle obtient cinq fois le prix qu’elle a payé au propriétaire précédent en 2021.

Dans une transaction notariée fin février, la SPIPB verse à Loop 18,5 millions pour deux lots totalisant environ 890 000 m2. L’un d’eux, de 330 000 m2, aura un usage industriel. Le second terrain, de 560 000 m2, servira à des fins de conservation.

« Ce qu’il faut, c’est tenter de trouver le meilleur projet industriel pour le terrain dont on est propriétaires maintenant », dit le PDG de la Société du parc industriel, Donald Oliver, dans un entretien.

Le parc de Bécancour est le lieu choisi par le gouvernement québécois pour y établir les principaux maillons de la filière batterie pour véhicules électriques.

L’usine GM-Posco, sous le nom Ultium Cam, est en construction. Elle fabriquera des cathodes, l’un des deux pôles de la batterie. Les travaux civils de la future usine d’hydroxyde de lithium de Nemaska Lithium devraient commencer en mai ou juin prochain. L’hydroxyde de lithium sert à la fabrication de cathodes.

Des travaux de déboisement et de préparation de terrain ont aussi cours sur un lot au nord de l’A30 (en face d’Ultium Cam) pour lequel une annonce officielle est attendue. On sait que Ford (cathodes), Vale (sulfate de nickel) et Electra (raffinerie de cobalt) ont manifesté leur intérêt pour Bécancour. BASF (cathodes), pour sa part, a une option sur un lot dans la partie sud-est du parc industriel.

En mai 2021, Loop avait acquis un immense terrain de 1,8 million de mètres carrés du parc industriel de Bécancour en payant 5,9 millions à la coopérative indienne IFFCO, qui avait eu le projet de construire une usine d’urée avant d’abandonner l’idée par la suite.

Gain de 25 millions en moins de deux ans

Loop Industries et son président Daniel Solomita ont été habiles dans cette opération foncière.

Le gouvernement Legault a commencé à parler publiquement de ses ambitions à l’égard du développement d’une filière batterie en août 2020. Nouveau Monde Graphite a annoncé son arrivée dans le parc industriel de Bécancour en octobre 2020 pour produire du graphite purifié de qualité batterie. Elle a été suivie par une annonce de Nemaska Lithium en juin 2021. Les annonces des usines de fabrication de matériaux pour cathodes des géants GM et BASF sont survenues plus tard, en mars 2022.

« Assurément, il y a un changement de contexte dans le parc avec la filière batterie qui arrive et ça crée un momentum différent », convient M. Olivier, PDG de la SPIPB.

Loop soutient posséder une technologie révolutionnaire qui permet de traiter les déchets de plastique PET comme les bouteilles et les emballages en plastique pour qu’ils soient prêts à servir à nouveau sous forme de résine. Souvent promise, la commercialisation de sa technologie a constamment été reportée.

Un temps, Loop disait vouloir construire son usine de production à grande échelle à Bécancour. La plus-value réalisée sur les terrains à Bécancour l’aurait amenée à revoir ses plans.

Désormais, écrivait le collègue Julien Arsenault en janvier dernier, la première usine doit voir le jour à Uslan, en Corée du Sud. Loop a conclu un partenariat avec le géant sud-coréen SK Global Chemical (SKGC), qui détient 10 % de Loop.

En septembre 2022, Loop avait revendu la première portion de son terrain de Bécancour (930 000 m2) 12 millions à une entreprise immobilière de Boisbriand appartenant à Abe Leimzider.

Avec les 30,5 millions récoltés grâce à la vente de ses terrains à Bécancour, Loop Industries s’est ainsi constitué une « réserve de trois ans » pour patienter jusqu’à la prochaine étape.

Deux milliards de chantiers pour Rosefellow

La société Rosefellow, Mike Jager et Sam Tsoumas, prend les bouchées doubles. Elle mène de front 10 projets en construction pour un total de 370 000 m2 d’une valeur de 2 milliards. Et ce n’est qu’un début.

« À compter de cet été, on aura de nouveaux projets pour un autre investissement de 2 milliards », assure M. Jager, au téléphone.

Plus tôt cette semaine, le promoteur annonçait la construction d’un campus de trois immeubles industriels « carbone zéro » à Kirkland, le long de l’A40 et du boulevard Saint-Charles. La superficie des bâtiments totalise 56 000 m2 pour un investissement de 300 millions, prix d’achat du terrain compris.

IMAGE FOURNIE PAR ROSEFELLOW

Immeuble du projet de Rosefellow à Kirkland

Le terrain appartenait à la Ville de Kirkland, qui a obtenu 67 millions pour son terrain de 121 500 m2 (1,3 million de pieds carrés).

Rosefellow vient aussi d’acquérir un terrain de 75 000 m2 au coin sud-ouest A440-A19 à Laval. Le prix de vente de 38 millions a été versé au vendeur, la famille Kohn, qui est liée a avec la société Emballages Balcan.

Dans un marché industriel survolté où les loyers triplent et où la valeur des immeubles s’envole, Rosefellow construit des bâtiments sans accord de location préalable. Juste dans les deux dernières années, le promoteur a réalisé sa part de coups d’éclat. Il a convaincu Ford d’installer un entrepôt de pièces à Casselman, dans l’Outaouais ontarien, Nespresso, rue Reverchon à Pointe-Claire, et le centre de distribution du détaillant de matelas Dormez-Vous, sur le coin du boulevard Saint-Jean et de l’A40, également à Pointe-Claire.

Relève de la garde chez Avison Young

Patrick Laurin devient le directeur général de l’équipe de 85 personnes de l’agence Avison Young Québec.

Le dirigeant de 39 ans compte 13 ans d’expérience dans le courtage commercial. Il détient un diplôme en génie civil de la Polytechnique et un MBA en finances de HEC Montréal.

PHOTO FOURNIE PAR AVISON YOUNG

Patrick Laurin, directeur général d’Avison Young Québec

« Patrick est un leader naturel avec une approche collaborative axée sur le développement d’affaires à travers les différentes lignes de services afin de générer des résultats », dit, dans un communiqué, Mark Fieder, associé et président, Avison Young Canada. « Je suis heureux pour Patrick qui entame une nouvelle étape de sa carrière chez Avison Young. »

Patrick prend la relève de son père Jean Laurin qui dirigeait Avison à Montréal depuis l’achat de la société Devencore par Avison Young en 2021. Jean Laurin était l’actionnaire principal de Devencore depuis 25 ans, une société fondée par Phil O’Brien en 1972.

M. Laurin, père, conserve le titre de président d’Avison Young Québec.