Dirigée par l’entrepreneur de Granby Marc-Antoine Caya, goPeer se présente comme la principale plateforme de prêts entre particuliers au pays.

L’ex-banquier d’affaires de la Financière Banque Nationale soutient que goPeer, qui a lancé ses activités au début de la pandémie, a aujourd’hui plus de 90 000 comptes clients (prêteurs et emprunteurs), dont environ 12 500 sont des clients investisseurs (pas tous actifs).

Officiellement, goPeer a son siège social à Toronto. Mais dans les faits, les cinq employés à plein temps de l’entreprise travaillent à distance. Marc-Antoine Caya vit d’ailleurs à San Francisco.

L’Autorité des marchés financiers (AMF) indique que goPeer est inscrite auprès du gendarme boursier québécois comme courtier et que le régulateur principal de cette plateforme est la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario.

Marc-Antoine Caya affirme que goPeer est devenue rentable en 2023 à sa troisième année d’activité.

Appuyé par un algorithme permettant d’automatiser la plateforme, le modèle d’affaires est relativement simple : des particuliers prêtent à leurs concitoyens canadiens.

L’entreprise goPeer dit être en mesure d’offrir de meilleurs taux aux emprunteurs que les prêteurs traditionnels tout en permettant aux investisseurs canadiens d’accéder à une nouvelle catégorie d’actifs à revenu passif.

PHOTO FOURNIE PAR MARC-ANTOINE CAYA

Le cofondateur et grand patron de la plateforme goPeer, Marc-Antoine Caya

La direction prétend que 98 % des investisseurs ont obtenu des rendements nets positifs sur la plateforme en date du 1er octobre.

Pour diminuer le risque pour la plateforme et ses clients-investisseurs, Marc-Antoine Caya explique que goPeer refuse de traiter 90 % des demandes des gens qui postulent pour un prêt. « Ça sonne comme si on refuse tout le monde, mais on reçoit entre 2000 et 3000 demandes par mois pour des prêts », dit-il.

« Quand on est un prêteur en ligne, on voit beaucoup de gens ayant des cotes de crédit très faibles. Ces gens postulent partout. Ça cause une surreprésentation d’une clientèle qu’on ne vise pas. »

Carte de crédit en souffrance

Pour voir une demande de prêt être acceptée par goPeer (la limite maximum pour un prêt est de 35 000 $), un emprunteur doit avoir un pointage de crédit d’au moins 600, ce qui veut dire qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un historique de crédit parfait. « Peut-être que vous avez fait faillite il y a 10 ans mais que vous êtes à jour sur vos paiements depuis, ou que vous avez toujours fait vos paiements mais que vos cartes de crédit sont pleines. Avec un score de 700, on se qualifie à une banque pour un prêt non garanti », dit Marc-Antoine Caya.

Les gens qui se tournent vers goPeer ont souvent un solde à payer sur une carte de crédit, dont les taux sont généralement de 20 % ou plus. Marc-Antoine Caya affirme que goPeer peut offrir un financement à un taux oscillant entre 15 et 18 %, ce qui permet d’économiser un peu sur les intérêts.

La consolidation de dettes est un autre facteur attirant des emprunteurs.

Nous pouvons généralement faire épargner de l’argent à des gens ayant des prêts ailleurs que dans une banque. On peut en général leur faire économiser 100 $ par mois en moyenne en intérêts simplement avec un taux plus bas. C’est énorme. Ça aide beaucoup de gens.

Marc-Antoine Caya, cofondateur et grand patron de la plateforme goPeer

L’autre type de prêts populaire est pour des rénovations. « Dans ces cas-là, il s’agit généralement de gens ayant un bon crédit qui se qualifient pour un taux de 9 à 12 % alors qu’un prêt non garanti dans une banque en ce moment s’obtient avec un taux autour de 15 ou 16 %. »

L’entrepreneur de 31 ans soutient que les taux sont concurrentiels avec ceux des banques pour un prêt non garanti. « Évidemment, si vous avez accès à une marge de crédit hypothécaire, c’est généralement plus intéressant d’y recourir. »

Il précise que présenter une demande ne prend que quelques minutes en ligne et que beaucoup de gens préfèrent encourager une entreprise où le profit dégagé sur les prêts est redistribué à des Canadiens ayant investi en eux plutôt que de payer des intérêts à une grande institution financière.

Structure de la plateforme

goPeer génère ses revenus en retranchant 1,5 % du rendement allant aux investisseurs pour ainsi couvrir ses frais opérationnels. Marc-Antoine Caya soutient que cette structure de revenus permettrait la poursuite des activités jusqu’à l’échéance des prêts advenant une défaillance de la plateforme.

Si la plateforme devenait insolvable, goPeer tenterait de transférer ses obligations de gestion des prêts d’emprunteurs à un gestionnaire de prêts de remplacement tiers.

Pour gérer et répartir son risque, un investisseur peut investir seulement 10 $ par prêt. « On recommande fortement à un investisseur voulant investir 1000 $ d’investir de 10 $ à 20 $ par prêt sur 50 à 100 différents emprunteurs. Sur le lot, il faut s’attendre à ce que quelques-uns fassent défaut ou faillite sur la durée du prêt, mais l’ensemble du portefeuille devrait générer des profits », dit Marc-Antoine Caya.

Si une personne ne rembourse pas son prêt à temps, elle aura une tache à son dossier de crédit pour les sept prochaines années et potentiellement davantage, dit Marc-Antoine Caya. Il précise que la grande majorité du temps, une personne qui rate un paiement n’a besoin que d’une semaine ou deux pour remplir ses obligations. « Entre 85 et 90 % du temps, les gens n’ont besoin que d’attendre leur prochaine paie. Ce n’est pas une situation favorable pour personne, alors on tente de gérer ça avec le plus d’empathie possible », dit-il.

La situation devient plus sérieuse lorsqu’un prêt devient délinquant pour plus de 30 jours. « Ça devient ce qu’on appelle de la collection. Si c’est un cas de faillite, goPeer ne peut faire grand-chose puisque le processus est géré par la Cour », dit Marc-Antoine Caya.

Si ce n’est pas le cas, goPeer va tenter d’entrer en contact avec l’emprunteur pour essayer de trouver une solution, comme allonger la durée du prêt de six mois ou un an, ou permettre une pause de paiements d’un mois ou deux si, par exemple, l’emprunteur vient de perdre son emploi et a besoin d’un peu de temps avant de toucher une première paie auprès du nouvel employeur.

Dans le pire des cas, le dossier est acheminé à un huissier et goPeer promet aux investisseurs de faire du mieux qu’elle peut.

Les rendements étant imposables, comme tout autre investissement, Marc-Antoine Caya dit étudier la possibilité d’offrir des comptes enregistrés sur la plateforme (REER, CELI, etc.).