Tous les vendredis, un décideur se dévoile dans notre section. Cette semaine, Chris Chancey, fondateur du studio montréalais ManaVoid et président du conseil de la Guilde du jeu vidéo du Québec, répond à nos questions.

Quelles sont votre meilleure et votre pire habitude ?

Ma meilleure habitude, c’est que je n’utilise vraiment pas les réseaux sociaux pour des raisons personnelles. Je les utilise pour la business, pour faire rayonner un peu ce qu’on fait avec nos entreprises, mais moi, personnellement, c’est très rare que je les utilise. Je trouve que ça me donne une bonne santé mentale. Ma pire habitude, ce serait que j’ai de la misère à mettre des limites. Je dis souvent oui à tout. À un moment donné, ça me rattrape. Je suis fatigué et je ne comprends pas pourquoi.

Que faites-vous quand vous avez besoin de trouver une idée ?

Je m’échappe. Quand je suis chez nous, je recharge ma batterie en lisant des livres, en regardant un film. Je m’échappe dans des mondes, dans des univers ailleurs.

Quels livre ou jeu vidéo avez-vous l’habitude de recommander ?

Un livre qui s’appelle The Name of the Wind, de Patrick Rothfuss. C’est probablement un des livres fantastiques les mieux écrits que j’ai jamais lus de ma sainte vie. C’est exceptionnel comme livre. Tasse-toi Harry Potter !

Pour les jeux vidéo, c’est Inscription, un genre de deck builder roguelike. Je le conseillerais à n’importe qui.

Quel conseil êtes-vous heureux d’avoir ignoré ?

Focus. Comme dans « Focusse sur ton entreprise ». Ça, c’est un conseil qu’on n’arrêtait pas de me donner. J’ai la chance de faire pas mal d’affaires. J’enseigne dans les universités, je suis le président de la Guilde, j’ai l’Indie Asylum que j’ai cofondé, j’ai mon entreprise, ou mes entreprises. Je suis vraiment content de ne pas avoir écouté puis d’avoir tout fait en même temps. J’ai compris beaucoup plus en entrepreneuriat, en financement, comment accompagner un studio.

Vous imposez-vous un code vestimentaire ?

Non, au contraire. On est vraiment plus dans la célébration de l’unicité de chacun. C’est le fun en jeu vidéo. Tu sais, tout le monde est vraiment créatif, donc les différentes couleurs de cheveux, les différents styles vestimentaires, tout ça, c’est de l’inspiration, de la créativité.

Que faites-vous pour féliciter ou remercier quelqu’un ?

Je me concentre plus sur l’intrinsèque que l’extrinsèque. N’importe qui peut donner un bonus, n’importe qui peut donner une rémunération quelconque, mais chez nous, c’est prendre le temps de parler avec la personne, la sortir à dîner, parler de ses aspirations. C’est aussi beaucoup de reconnaissance devant les autres.

Quelle est votre plus belle erreur ?

J’ai comme le goût de dire que je n’ai jamais fait d’erreur. En tout cas, je ne suis pas le genre de personne qui regarde derrière en disant : « ah, j’aurais dû ». Si j’ai fait une erreur, ça m’a permis d’apprendre et ça m’a permis probablement de devenir qui je suis aujourd’hui. Je ne dirais pas que je n’ai pas fait d’erreur. Au contraire, j’ai fait plein d’erreurs. Les erreurs ont été intégrées et elles ont un sens. J’ai toujours voulu être la personne la plus stupide autour de la table. Pour moi, il s’agit d’absorber le plus d’informations possible, en ayant des gens pertinents autour de toi. C’est incroyable à quel point ça te fait évoluer rapidement.

Votre meilleur investissement ?

L’Indie Asylum. Je ne suis pas tout seul là-dedans, évidemment, Pascal Nataf et Kim Berthiaume étaient là et il y a toute une équipe. On a permis à des studios vraiment d’accélérer leur développement. Des studios qui commençaient à 2 ou 3 personnes en sortant de l’université qui aujourd’hui sont 40 personnes, c’est le fun à voir. C’est un investissement qui, sur papier, était complètement quelque chose d’impossible. Mais on a réussi à le faire marcher, puis on est bien fiers de tout ça.

Un bon patron, c’est quelqu’un qui…

C’est quelqu’un qui croit dans son équipe, qui comprend la valeur d’un employé, qui est à l’écoute, qui est capable de faire preuve d’humilité, puis qui applaudit les erreurs justement, puis qui encourage. J’aspire à être toutes ces choses-là. Évidemment, personne n’est parfait. C’est ce que j’essaie d’être le plus possible.

La retraite idéale ?

Honnêtement, je ne pense pas à la retraite pantoute. C’est sûr que ça va toujours être une passion, le jeu vidéo. Mais je suis allé au Portugal avec ma femme, c’était un premier voyage où je n’ai pas travaillé pendant deux bonnes semaines dernièrement. Boire du vin, lire des livres à longueur de journée, c’était quand même le fun aussi. La retraite, ça va être un mix de tout ça. Ralentir le beat, continuer à aider les gens, puis me retrouver sur une plage de temps en temps.

Qui est Chris Chancey ?

Diplômé en 2014 de l’Université de Montréal en cinématographie, études vidéoludiques, en design de jeu vidéo, ainsi qu’en informatique et génie logiciel.

A fondé en 2014 le studio indépendant ManaVoid, qui compte aujourd’hui une quarantaine d’artisans et a produit quatre jeux remarqués : Epic Manager, Rainbow Billy : The Curse of the Leviathan, Roots of Yggdrasil et Checkmate Showdown.

S’est joint en 2018 à titre de vice-président puis comme président du conseil d’administration à la Guilde du jeu vidéo du Québec, qui regroupe quelque 270 studios.

A cofondé en 2019 l’accélérateur Indie Asylum, qui assure la mise en commun des ressources d’une douzaine de studios indépendants.