La machinerie lourde est sur le point de s’activer chez Northvolt. Le fabricant de cellules de batteries a obtenu son autorisation pour lancer les travaux préparatoires, a pu confirmer La Presse. Parce qu’elle empiétera sur des habitats fauniques, l’entreprise aura l’obligation de « créer », « restaurer » ou « préserver » des milieux naturels sur une zone de 30 à 50 hectares – jusqu’à 90 terrains de football.

Cette obligation fait partie des exigences du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), qui a délivré lundi une première autorisation à la jeune pousse suédoise, qui a encore du temps devant elle pour respecter sa partie de l’entente.

« Il s’agit de quelque chose d’assez rare comme situation, affirme le sous-ministre adjoint Daniel Labrecque dans un entretien. Nous étions d’avis que c’était requis dans ce projet-là. »

Les travaux préparatoires prévus par Northvolt sur l’immense site qui chevauche les municipalités de Saint-Basile-le-Grand et McMasterville, sur la Rive-Sud de Montréal, concernent essentiellement du nivellement de terrain, des travaux de déboisement – sur plusieurs hectares –, d’excavation et de remblaiement. Il ne s’agit pas, pour l’instant, de la construction des bâtiments du complexe, pour laquelle d’autres autorisations seront nécessaires.

Lundi, Northvolt n’a pas commenté la décision du gouvernement Legault. L’entreprise doit maintenant obtenir un permis de la municipalité de Saint-Basile-le-Grand en ce qui a trait aux travaux préparatoires, mais il s’agit d’une formalité administrative.

Des impacts

En dépit du lourd passé industriel des terrains de 170 hectares qui abritaient autrefois l’usine d’explosifs de la Canadian Industries Limited (CIL), la première phase des travaux envisagés par Northvolt aura des répercussions sur la biodiversité et les milieux humides.

L’immense complexe de 7 milliards de dollars de Northvolt – financé à hauteur de 2,75 milliards par Québec et Ottawa – affectera notamment 13 hectares de milieux humides. L’endroit abrite également une zone de nidification du petit blongios, un oiseau considéré comme une espèce vulnérable dont la présence a été détectée à trois reprises depuis 2016. Des batraciens communs ont aussi été observés, ainsi que la tortue molle à épines.

Au final, ce que l’on va autoriser n’amène aucune intervention dans les cours d’eau et leurs rives, dans les zones inondables et dans les milieux humides qui constituent un habitat de reproduction potentiel pour le petit blongios.

Daniel Labrecque, sous-ministre adjoint

Mais après environ six mois d’échanges entre l’entreprise et le MELCCFP, celui-ci a conclu qu’il fallait « recréer quelque chose d’égal à la valeur de ce qui aura été perturbé en termes de superficie d’habitats fauniques sur le site », ajoute le sous-ministre. Le Ministère aurait pu opter pour des moyens contraignants, mais M. Labrecque affirme que le fabricant de cellules a « accepté de son plein gré » le scénario sur la table.

Cette obligation s’accompagne d’un paiement de 4,75 millions effectué par l’entreprise dans le Programme de restauration et de création de milieux humides et hydriques.

Pas tout de suite

Northvolt a du temps devant elle avant de répondre aux exigences du MELCCFP. Elle dispose de 36 mois avant de soumettre sa proposition. Elle peut aménager un espace, restaurer un site ou assurer la conservation d’un endroit qui correspond aux exigences de l’entente entre les deux parties.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Les anciens terrains de la CIL doivent accueillir le complexe de Northvolt.

« Ça ne pourra pas être plusieurs îlots répartis à gauche et à droite, explique M. Labrecque. Ils vont devoir nous proposer quelque chose qui sera analysé par nos biologistes et qui est considéré d’une valeur égale aux habitats fauniques qui seront affectés sur le site. »

Au moment d’écrire ces lignes, Québec n’avait pas précisé le temps dont disposerait Northvolt pour aménager cet espace de 30 à 50 hectares, une fois que sa proposition aurait obtenu l’aval des fonctionnaires provinciaux. Le démarrage de son complexe est prévu vers 2027.

La première phase du site de Northvolt table sur la production de matériaux de cathodes (le pôle positif d’une batterie) ainsi que des cellules. Cette facette du projet ne sera pas assujettie à la procédure du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Cependant, la portion vouée au recyclage de batteries devra se soumettre à ce mécanisme qui prévoit la production d’une étude d’impact ainsi que des audiences publiques.

En savoir plus
  • 3000
    Nombre d’emplois qui devraient être créés par la première phase du complexe de Northvolt
    Source : northvolt
    200 millions
    Taille de l’investissement effectué par la Caisse de dépôt et placement du Québec dans Northvolt en novembre dernier
    Source : Caisse de dépôt et placement du Québec