Près de la moitié du carnet de commandes de Lion Électrique est à risque à cause des lenteurs d’Ottawa à traiter des demandes de subventions, prévient le constructeur de camions et d’autobus électriques. Le Fonds pour le transport en commun à zéro émission (FTCZE) d’Infrastructure Canada est un véritable « fardeau administratif », affirme l’entreprise québécoise.

Cet avertissement figure dans le rapport financier de la compagnie établie à Saint-Jérôme diffusé mardi à l’occasion de la publication des résultats du troisième trimestre ayant pris fin le 30 septembre dernier. Si ces retards « persistent », des commandes pourraient être annulées « en totalité ou en partie, ou faire l’objet d’une renégociation », explique-t-on.

Les 2232 véhicules – 1964 autobus et 268 camions – que l’on retrouve dans le carnet de commandes de Lion Électrique représentaient une valeur de 525 millions en date du 6 novembre dernier.

« Chaque approbation est différente, a affirmé le chef de la direction du constructeur, Marc Bédard, en conférence téléphonique avec les analystes. Les commandes sont les plus importantes pour les autobus d’écoliers. Nous échangeons avec le gouvernement fédéral et nos clients et nous espérons trouver une solution. C’est un fardeau administratif. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le fondateur et chef de la direction de Lion Électrique, Marc Bédard.

Le fondateur de Lion une fois que les choses s’accéléreront une fois que les « premiers gros dossiers » auront obtenu le feu vert du gouvernement Trudeau.

Avec son enveloppe de 2,75 milliards, le FTCZE vise à accélérer l’électrification chez les exploitants d’autobus de transport en commun et d’écoliers. Plusieurs des annonces effectuées par Lion concernant des commandes d’autobus scolaires au Canada soulignaient que le contrat était généralement conditionnel à l’obtention de subventions du Fonds.

Pas plus tard que le 3 novembre dernier, on retrouvait cette mention dans le cadre d’un contrat pour 50 modèles LionC décroché par l’entreprise québécoise auprès de Highland Electric Fleets pour des autobus d’écoliers qui doivent circuler en Alberta.

Des délais

Malgré une performance trimestrielle qualifiée de mitigée par certains analystes financiers, les investisseurs ont réagi favorablement à la performance trimestrielle de Lion Électrique. Mardi, à la Bourse de Toronto, l’action a pris 6,3 %, ou 15 cents, pour clôturer à 2,53 $. Depuis le début de l’année, le titre s’est replié d’environ 14 %.

Au cours des mois de juillet, août et septembre, le constructeur d’autobus et de camions a presque doublé ses ventes en plus d’afficher une marge brute « record » (voir tableau). Il est cependant demeuré dans le rouge.

Lion a livré 245 véhicules pendant le trimestre, mais la plupart des analystes s’attendaient à 305 livraisons. Depuis le 3 août dernier, le carnet de commandes s’est contracté de 327 unités. Cela est en partie attribuable au retrait d’une commande de 140 autobus d’écoliers Lion A – un modèle dont la production a été retardée. Une décision similaire a été prise pour le minibus Lion M.

« Nous avons décidé de nous concentrer sur la production commerciale de produits en demande », a expliqué M. Bédard aux analystes.

Un autre produit prendra plus de temps que prévu à sortir de l’usine. Il s’agit du Lion 8T, un tracteur de 10 roues. Ce délai est attribuable à un litige judiciaire avec Nikola Motors. Cela obligera l’entreprise de Saint-Jérôme à produire la batterie du Lion 8T, ce qui n’était pas le plan initial. La production de ce camion a donc été repoussée à l’année prochaine.

Encore des questions

Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, estime que Lion a encore du pain sur la planche pour convaincre les investisseurs.

« Nous considérons ces résultats comme légèrement négatifs compte tenu de la diminution du carnet de commandes, car cela constitue, à notre avis, un indicateur clé pour le titre, écrit l’analyste, dans une note. Certains investisseurs risquent d’attendre une amélioration à ce chapitre avant de s’engager. »

À la Financière Banque Nationale, Ruper Merer a également remarqué le recul du côté du carnet de commandes. Sur une note plus positive, l’analyste estime que les usines de production à Mirabel et Joliet (États-Unis) devraient permettre au constructeur de continuer à accroître ses livraisons.

M. Merer estime également que la phase d’investissement est sur le point de se terminer chez Lion, qui a également donné le coup d’envoi à son usine de batteries à Mirabel, dans les Laurentides. Avec 132 millions de liquidités disponibles, la compagnie se trouve dans une posture « adéquate » à ce chapitre, croit l’analyste.

En savoir plus
  • 1500 personnes
    Effectif global de Lion Électrique en date du 6 novembre.
    SOURCE : lion électrique
    1600
    Nombre de camions et autobus construit par l’entreprise que l’on retrouve sur les routes.
    SOURCE : LION ÉLECTRIQUE