Un nombre encore élevé d’entreprises prévoit encore augmenter ses prix plus souvent et de façon plus importante qu’avant pour faire face à l’inflation, ce qui n’augure rien de bon dans la lutte que mène la Banque du Canada pour ramener la hausse des prix à 2 %.

La moitié des entreprises qui ont modifié leurs prix plus souvent qu’à l’habitude vont continuer de le faire au cours des 12 prochains mois, indique l’Enquête sur les perspectives des entreprises, coup de sonde réalisé auprès d’une centaine de chefs d’entreprise au troisième trimestre.

La Banque du Canada a déjà souligné que les entreprises canadiennes ont augmenté leurs prix plus facilement depuis la pandémie, et de façon plus importante, ce qui a contribué à alimenter l’inflation.

Dans le secteur de l’alimentation, le manque de concurrence et l’affichage électronique qui facilite les changements de prix ont permis aux entreprises de transférer rapidement et intégralement les hausses de prix aux consommateurs.

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Ce mouvement commence à ralentir, constate toutefois le sondage dont les résultats ont été publiés lundi, à une semaine de la prochaine décision sur les taux d’intérêt. « Des signes indiquent que les pratiques d’établissement de prix sont en train de se normaliser », estime la banque centrale.

Le tiers des chefs d’entreprise ayant augmenté ses prix de façon anormalement élevée au cours des 12 derniers mois prévoit maintenant des hausses plus modestes. Les patrons expliquent que les augmentations à répercuter sur leurs clients sont moins importantes, surtout en ce qui concerne les salaires et les produits de base.

L’autre facteur qui limitera les hausses de prix est que la demande des consommateurs est moins forte, disent les entreprises.

Dans son autre enquête menée auprès des consommateurs, la banque centrale constate que les ménages deviennent plus prudents dans leurs dépenses parce que leur situation financière se détériore. Les consommateurs ont même l’impression que l’inflation est plus élevée qu’elle l’est en réalité, selon cette enquête.

Tant les entreprises que les consommateurs s’attendent à ce que l’inflation reste élevée au cours des 12 prochains mois, ce qui est un sujet de préoccupation pour la Banque du Canada.

L’inflation mesurée par l’Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté en juillet et en août, pour atteindre 4 %. Les mesures d’inflation de base, qui excluent les éléments les plus volatils, ont aussi augmenté, a déploré la semaine dernière le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem. La lecture de l’IPC pour le mois de septembre sera connue ce mardi.

Confiance du côté des entreprises

Malgré tout, du côté des entreprises, la confiance envers la politique monétaire augmente, selon les résultats de l’enquête publiés lundi. Elles sont plus nombreuses à être convaincues que l’inflation reviendra à la cible de 2 %, mais pour le tiers d’entre elles, ça ne se produira pas avant au moins trois ans.

Le coût de la main-d’œuvre, le prix des logements et le prix de produits de base sont cités comme les obstacles qui empêcheront l’inflation de baisser rapidement.

Comme elles s’attendent à une baisse de leurs ventes, les entreprises ont l’intention de réduire l’embauche et de diminuer leurs dépenses. Même si l’horizon s’assombrit, la proportion d’entreprises se préparant à une récession au cours de la prochaine année est restée stable par rapport à la précédente enquête, et elle représente le tiers des répondants.