(New York) La banque d’affaires américaine Goldman Sachs, qui a annoncé mardi une chute de 36 % de son bénéfice net au troisième trimestre, s’est montrée prudente pour les prochains mois face aux tensions croissantes dans le monde.

« Nous continuons à réaliser des progrès importants dans l’exécution de nos priorités stratégiques et nous avons confiance dans le fait que le travail que nous effectuons actuellement nous procure désormais une plateforme beaucoup plus solide » pour 2024 et au-delà, a commenté David Solomon, patron de la banque, cité dans un communiqué.

Lors d’une audioconférence avec des analystes, il a relevé que l’économie américaine avait été « plus résiliente qu’attendu. Mais il y a des raisons de rester vigilants », car « de nombreux secteurs de l’économie n’ont pas encore absorbé l’impact » de la hausse des taux directeurs de la Réserve fédérale dans un contexte d’inflation élevée.

De plus, « l’escalade des tensions géopolitiques dans le monde » – il a mentionné la guerre en Ukraine, les difficultés avec la Chine et le nouveau conflit au Proche-Orient – incite à « rester prudemment positionné ».

D’autant que le bénéfice net de la banque a reculé de 36 % entre juillet et septembre à 1,88 milliard de dollars, contre 2,96 milliards un an plus tôt.

Rapporté par action et hors éléments exceptionnels – référence pour les marchés –, il s’élève à 5,47 dollars quand le consensus de FactSet attendait 5,74 dollars.

Son chiffre d’affaires est resté quasi stable (-1 %) sur un an à 11,82 milliards de dollars – les analystes anticipaient 11,15 milliards – mais il a progressé de 8 % par rapport au trimestre précédent.

Dépréciations

La banque a relevé, en la matière, une activité significativement moindre dans la gestion d’actifs et la gestion de fortune (-20 %), qui a été compensée par un chiffre d’affaires supérieur dans la banque et les marchés internationaux (+6 %), ainsi que dans les services (+53 %).

Elle a également relevé une perte nette de 212 millions dans les investissements en actions marquée, en particulier, par une dépréciation dans l’immobilier commercial.

« Nous pensons que Goldman Sachs va continuer de faire des acquisitions pour gagner en envergure dans la gestion d’actifs et de fortune », a commenté Kenneth Leon, directeur de CFRA Research, notant un « abrupt déclin » dans la banque privée et les commissions sur prêts dans cette activité.

La banque « a corrigé sa stratégie défaillante de se diversifier dans le crédit aux particuliers, en se concentrant de nouveau sur le solide cœur de sa marque », a-t-il relevé, faisant référence à Greensky.

Décision a en effet été prise au cours de cette période, rappelle le groupe, de céder notamment le spécialiste de crédit sur l’internet Greensky, qui avait vocation à diversifier Goldman Sachs dans la banque de détail, mais qui s’est transformé en coûteuse mésaventure.

La banque – qui l’a payé 2,2 milliards de dollars en septembre 2021 – a annoncé, la semaine dernière, avoir conclu un accord de cession de la plateforme et des crédits associés à un consortium principalement composé de sociétés d’investissements.

Le montant de la transaction, qui devrait être finalisée au premier trimestre 2024, n’a pas été précisé, mais elle a entraîné une dépréciation de 506 millions de dollars au troisième trimestre.

M. Solomon a indiqué anticiper « une poursuite de la convalescence à la fois dans les marchés de capitaux et dans les activités stratégiques si les conditions restent favorables ».

Selon lui, qualifiant son établissement de « leader » dans le segment des fusions-acquisitions et des émissions d’actions, « une résurgence de cette activité serait sans aucun doute un atout pour Goldman Sachs ».

La banque figurait parmi les conseils des quatre plus importantes introductions en Bourse opérées à Wall Street depuis début septembre, s’est-il satisfait.

Vers 13 h 50, l’action Goldman Sachs se repliait de 2,17 % à 307,64 dollars à la Bourse de New York.