Le président de Shopify assure que l’entreprise se concentre sur la réduction de ses dépenses d’exploitation, alors qu’elle s’efforce de renouer avec la rentabilité.

« Si vous regardez les sept années écoulées depuis [notre] entrée en Bourse, pendant cinq de ces années, nous avons été rentables. Nous prévoyons de redevenir rentables », a affirmé Harley Finkelstein lors d’une conférence téléphonique pour discuter des plus récents résultats financiers de la société de logiciels de commerce électronique.

« Nous avons dit que cette année était une année d’investissement, mais nous avons une entreprise qui réfléchit profondément à la gestion des dépenses, à la croissance des revenus et, en fin de compte, c’est une entreprise qui aime être rentable, et nous reviendrons à ce niveau. »

Les remarques de M. Finkelstein interviennent quelque mois après la mise à pied de 10 % des employés de Shopify, soit environ 1000 d’entre eux, et l’admission, par l’entreprise, qu’elle avait mal évalué la croissance du commerce électronique.

L’entreprise établie à Ottawa a parié que la quantité d’achats que les gens faisaient en ligne ferait un bond de cinq ou dix ans par rapport aux prévisions prépandémiques, mais à mesure que les mesures contre la COVID-19 ont été levées, les gens sont plutôt revenus progressivement à leurs habitudes d’achat d’avant la crise sanitaire.

Shopify a affiché jeudi une perte nette de 158,4 millions US, ou 12 cents US par action pour son troisième trimestre clos le 30 septembre, ce qui se comparait à un bénéfice net de près de 1,15 milliard US, ou 90 cents US par action, un an plus tôt.

La perte trimestrielle comprenait un gain net de 171,9 millions US tiré de ses placements et autres investissements, tandis que les résultats de l’an dernier comprenaient un gain non réalisé de 1,3 milliard US pour ces mêmes éléments.

Les revenus ont totalisé près de 1,37 milliard US, alors qu’ils étaient de 1,12 milliard US pour la même période l’an dernier.

Sur une base ajustée, Shopify a enregistré une perte nette de 30,0 millions US, soit 2 cents US par action, ce qui se comparait à un profit ajusté de 102,8 millions US, ou 8 cents US par action, au troisième trimestre de 2021.

Des objectifs qui se précisent

Même si le cours de l’action de Shopify a bondi de 17,1 % pour clôturer à 46,22 $ à la Bourse de Toronto, la société ne s’attend pas à endiguer ses pertes de sitôt.

Elle prévoit terminer l’année avec une perte d’exploitation ajustée, a précisé la directrice financière sortante, Amy Shapero.

Les vents contraires économiques pèsent lourd, les détaillants sont aux prises avec des coûts plus élevés pour les matériaux et les problèmes d’expédition et de chaîne d’approvisionnement de l’année dernière demeurent.

Pendant ce temps, les consommateurs trouvent que tout coûte plus cher et modifient leurs habitudes d’expédition.

« La hausse de l’inflation et des taux d’intérêt continuera d’affecter négativement le pouvoir d’achat des consommateurs pour les biens et services discrétionnaires », a expliqué Mme Shapero, qui reste néanmoins convaincue que Shopify peut surmonter de telles conditions, en partie parce que les revenus de l’entreprise ont augmenté et que ses dépenses ont été réduites.

La société a précisé que ses revenus d’abonnement avaient grimpé à 376,3 millions US, par rapport à 336,2 millions US un an plus tôt, tandis que les revenus pour les solutions aux marchands ont avancé à 989,9 millions US, comparativement à ceux de 787,5 millions US de l’an dernier.

« La discipline et la rigueur que nous continuons d’appliquer dans toute l’organisation, en commençant par le développement de logiciels jusqu’à la commercialisation de nos solutions, nous positionneront bien pour une croissance à long terme et une amélioration de la rentabilité à la sortie de ce cycle », a-t-elle affirmé.

Mme Shapero et M. Finkelstein ont consacré une grande partie de la conférence téléphonique à discuter d’une série d’investissements sur lesquels la société se concentre pour parer aux difficultés économiques et renouer avec la rentabilité.

Le plus important est son réseau de traitement des commandes, qui aide les commerçants à expédier des marchandises aux consommateurs et est considéré comme un moyen pour Shopify de faire monter les enchères dans sa bataille contre le géant américain Amazon.com.

M. Finkelstein a expliqué que la société avait précisé davantage ses visées quant aux types de produits qu’elle souhaite gérer. Il a noté que l’entreprise n’était pas intéressée par l’expédition de denrées périssables de sitôt, mais considérait que son objectif se situait plutôt du côté des vêtements, des biens de consommation emballés et des articles plus petits qu’un micro-ondes.

Les résultats financiers étaient les derniers présentés par Mme Shapero, qui quitte Shopify. La société a indiqué que Jeff Hoffmeister prendrait la relève en tant que directeur financier.