(Toronto) Rogers Communications et le Bureau de la concurrence n’ont pas réussi à s’entendre concernant le rachat, au coût de 26 milliards, de Shaw Communications lors d’une séance de médiation.

Dans un communiqué conjoint publié jeudi soir, Rogers, Shaw et Québecor se disent « déçus » que la séance de médiation n’ait pas abouti à un règlement négocié, mais ils restent déterminés à conclure la transaction.

Le Bureau de la concurrence a tenté de bloquer cette fusion, plaidant qu’elle entraînerait une détérioration du service et des prix plus élevés pour les consommateurs.

« La réticence du Bureau à s’engager de manière constructive retarde indûment la baisse des prix des services sans fil pour les consommateurs canadiens », ont dénoncé les trois entreprises.

Dans une réaction transmise par courriel à La Presse Canadienne, le porte-parole du Bureau de la concurrence Jayme Albert a confirmé que la séance de médiation n’a pas permis de trouver des solutions aux problèmes identifiés par le Bureau dans cette transaction. Il a aussi souligné que le Bureau est en désaccord avec ce qu’ont mentionné Rogers, Shaw et Québecor dans leur communiqué.

Besoin du feu vert

En mars, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a approuvé sous condition l’acquisition par Rogers des services de radiodiffusion de Shaw, mais l’accord doit encore obtenir le feu vert du Bureau de la concurrence et d’Innovation, Sciences et Développement économique Canada.

Le résultat de jeudi survient quelques jours seulement après que le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a imposé de nouvelles conditions à l’accord, ciblant spécifiquement la vente de l’opérateur de téléphonie mobile Freedom Mobile, propriété de Shaw, à Vidéotron, de Québecor. Ce volet de la transaction est essentiel pour que le reste des opérations de Shaw puissent être achetées par Rogers.

Le ministre Champagne, dont l’approbation est requise pour tout transfert de licence, a annoncé mardi que Vidéotron devrait accepter de conserver les licences sans fil de Freedom pendant au moins 10 ans.

Il a également mentionné qu’il « s’attendrait à voir » les prix des services sans fil en Ontario et dans l’Ouest canadien baisser d’environ 20 %, les ramenant à ce qui est actuellement offert au Québec par Vidéotron.

Québecor a indiqué qu’elle accepterait les conditions du ministre, s’engageant à les intégrer dans une nouvelle version de la transaction. L’entreprise a accepté d’acheter Freedom Mobile pour 2,85 milliards plus tôt cette année.

La prochaine étape dans le cadre de la transaction Shaw-Rogers sera les audiences publiques devant le Tribunal de la concurrence, qui doivent s’amorcer le 7 novembre et qui pourraient durer jusqu’à la mi-décembre.

« Nous restons déterminés à mener à bien cette série de transactions proconcurrentielles et sommes convaincus de la solidité et du bien-fondé de notre dossier porté devant le Tribunal de la concurrence, notamment des nombreux bénéfices que ces transactions présentent pour les Canadiens », ont plaidé les trois entreprises.

Rogers espère conclure la transaction d’ici la fin de l’année, mais pourrait repousser la date butoir au 31 janvier 2023. L’échéancier a déjà été retardé à plusieurs reprises.