(New York) Le géant du divertissement Disney a vu son bénéfice largement amputé durant les trois premiers mois de l’année, du fait de dépréciations, mais a vu ses activités de diffusion en continu (streaming) devenir rentables pour la première fois.

C’est une étape majeure pour le groupe de Burbank (Californie), qui a réorienté sa stratégie en 2019 et réalisé des investissements colossaux dans la vidéo sur l’internet au prix de pertes colossales.

Le bénéfice net est tombé à 216 millions de dollars seulement, contre 1,5 milliard de dollars sur la même période de l’année précédente.

Ce trou d’air est principalement dû à une dépréciation d’actifs, liée à la décision de Disney de fusionner sa filiale indienne de télévision avec son concurrent Viacom18, filiale du conglomérat indien Reliance.

Le groupe californien ne contrôle plus que 36,8 % de la nouvelle entité. Cette opération l’a amené à passer une importante charge exceptionnelle de 2 milliards de dollars.

Rapporté par action et hors éléments exceptionnels, l’indicateur de référence du marché, le bénéfice net ressort à 1,21 $, soit au-dessus de ce qu’attendaient les analystes (1,12 $).

Sur la base de ces résultats trimestriels, Disney table désormais sur une croissance annuelle de 25 % de son bénéfice par action hors exceptionnels, contre 20 % jusqu’ici.

L’élément le plus saillant de cette publication est le passage dans le vert de l’activité de diffusion en continu, pour la première fois depuis le lancement de la plate-forme Disney+, en novembre 2019.

Le directeur général Bob Iger a néanmoins prévenu que ce segment serait de nouveau déficitaire pour le trimestre en cours, avant de redevenir rentable durant les trois mois suivants.

Le groupe espère une amélioration supplémentaire durant l’exercice comptable 2025, qui démarre début octobre.

Wall Street sanctionne

Avec 153,6 millions d’abonnés tous services confondus à fin mars, l’empire du divertissement a fait moins bien que les 155,6 millions attendus.

Mais, en excluant les actifs indiens, le portefeuille d’abonnés est en croissance de 6 %, soutenu par le dynamisme de l’Amérique du Nord (+ 17 % sur un an).

Lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats, Bob Iger a rappelé que le groupe allait commencer à bloquer le partage d’accès à la diffusion en continu en juin, avec une montée en puissance en septembre.

« Nous sommes optimistes » concernant l’impact de ces mesures sur le portefeuille d’abonnés, qui pourraient accélérer les abonnements, a expliqué le patron. « Nous sommes encouragés par les résultats de Netflix » en la matière.

La fin du partage d’identifiants, il y a un an, avait dopé les résultats du concurrent de Disney dans la vidéo en ligne.

Autre moteur du groupe, les parcs d’attractions, croisières et produits dérivés, dont les revenus ont augmenté de 10 %, tirés par l’international (+ 29 %).

Le directeur financier, Hugh Johnston, a néanmoins fait état de « signes de modération » du tourisme après une période d’euphorie qui a suivi la levée des restrictions liées à la pandémie de COVID-19.

Au total, le chiffre d’affaires de la société atteint 22,1 milliards de dollars, soit 1 % de mieux que sur la même période de 2023.

Les comptes de Disney ont, en revanche, été ternis par la chute des revenus tirés du cinéma, le groupe n’ayant pas eu de sortie majeure durant les trois premiers mois de l’année.

Par ailleurs, l’entreprise a aussi souffert du ralentissement de la télévision traditionnelle (-8 %), une tendance de fond. Disney contrôle plusieurs chaînes aux États-Unis, notamment ABC, et les chaînes câblées FX et National Geographic.