(Vancouver) Une douzaine d’entreprises de télécommunications se sont entendues pour s’entraider en cas de panne, histoire d’éviter des situations comme celle survenue cet été avec l’interruption de service massive du réseau de Rogers.

Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, avait donné 60 jours aux entreprises pour s’entendre sur l’itinérance d’urgence, l’entraide lors des pannes et l’instauration d’un protocole de communication pour mieux informer les Canadiens et les autorités en cas d’urgence.

Un accord a été conclu dans les délais prescrits, et le ministre s’est réjoui d’en faire l’annonce en marge de la retraite du Cabinet libéral à Vancouver, mercredi.

« Si l’un de ces fournisseurs devait être confronté à une panne majeure, les autres entreprises se sont engagées à lui fournir le soutien et l’assistance nécessaires pour que les Canadiens puissent continuer de joindre leurs proches, accéder au 911 et effectuer leurs transactions commerciales », a-t-il indiqué.

En vertu de ce pacte, auquel ont notamment souscrit Bell, Videotron et Telus, chacune des parties paiera ses propres frais et assumera ses dépenses en ce qui concerne sa négociation et son exécution. Et le ministre jure qu’il les « surveillera étroitement » pour s’assurer que ces frais ne soient pas refilés aux clients.

La panne majeure de Rogers Communications, qui a été provoquée par une mise à jour de maintenance du réseau de base, selon la société, a touché des millions de Canadiens et d’entreprises. Le 8 juin, ils se sont retrouvés sans service mobile ni internet pendant environ 15 heures.

Ce jour-là, le ministre Champagne, qui se trouvait au Japon, avait eu toutes les misères du monde à rejoindre le PDG de Rogers, Tony Staffieri, pour obtenir des explications. Et c’est la raison pour laquelle il y a un volet de l’entente qui porte sur la communication avec les autorités gouvernementales.

« Je ne pense pas que ça devrait être au ministre de contacter le PDG [dans de tels cas]. En fait, ça devrait être l’inverse », a soutenu le ministre, en spécifiant que le travail n’est pas terminé. Car il veut obtenir davantage de pouvoirs réglementaires en matière de sécurité, ce qui pourrait se faire via le projet de loi C-26.

Si une page vient de se tourner, l’histoire n’est pas pour autant terminée dans le cas de Rogers. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) poursuit son enquête détaillée sur l’incident, a signalé François-Philippe Champagne.

Fusion Rogers-Shaw

Il y a aussi l’enjeu de la fusion de Rogers et Shaw, actuellement devant le Tribunal de la concurrence, qui pourrait bientôt arriver sur le bureau du ministre. Celui-ci n’a jamais fait de cachette de son scepticisme par rapport aux impacts que pourrait avoir cette potentielle transaction sur la concurrence.

« J’exprime ce que les Canadiens ont en tête. Évidemment, quand on voit une proposition de fusion, c’est sûr et normal qu’on garde l’œil ouvert. Dans mon cas, ce qui est important, c’est la compétition, l’abordabilité », a-t-il signifié.

« Je l’ai dit candidement, et je pense que les gens m’ont entendu – et certainement les compagnies aussi », a tranché le ministre.