Le départ surprise du PDG de Vidéotron, Jean-François Pruneau, a été mal accueilli par les marchés financiers. Le titre de Québecor a perdu 5,2 % de sa valeur, mardi, à la Bourse de Toronto.

Il s’agit d’une baisse beaucoup plus importante que celles de ses concurrents en télécoms (BCE a perdu 0,29 % mardi, Telus, 0,62 % et Rogers, 0,15 %). L’indice principal de la Bourse de Toronto est resté stable mardi (+0,02 %).

Le mandat de M. Pruneau à la tête de Vidéotron aura été relativement court : deux ans et demi. Sa prédécesseure Manon Brouillette avait dirigé l’entreprise pendant cinq ans. Robert Dépatie l’avait auparavant dirigée pendant 10 ans (de 2003 à 2013).

L’analyste financier Robert Bek, de CIBC Marchés mondiaux, qualifie de « problématique » le moment du départ de Jean-François Pruneau, qui agissait comme « complément fort » à Pierre Karl Péladeau au sein de la haute direction de Québecor.

C’est justement Pierre Karl Péladeau, président et chef de la direction de Québecor et de Québecor Média (et aussi actionnaire de contrôle de Québecor), qui remplacera M. Pruneau, dont le poste de président et chef de la direction de Vidéotron est aboli. Vidéotron a généré 95 % des profits de Québecor en 2020.

Quatre analystes financiers suivant le titre de Québecor ont publié une note aux investisseurs, mardi, à la suite de l’annonce du départ de M. Pruneau. Trois d’entre eux (Robert Bek, de CIBC, Vince Valentini, de TD Valeurs mobilières, et Drew McReynolds, de RBC Valeurs mobilières) ont émis des réserves sur ce départ, le qualifiant respectivement de « pas positif », « légèrement négatif » et « négatif ».

Le moment de son départ préoccupe particulièrement certains analystes. Les prochaines enchères pour le spectre sans fil doivent commencer dans quelques semaines. Québecor pourrait aussi vouloir acheter une partie des actifs de Shaw dans le cadre de l’achat de Shaw par Rogers.

« Même si nos attentes à long terme [envers Québecor] ne seront probablement pas affectées par ce départ, les actions [de Québecor] pourraient refléter ces enjeux et incertitudes à court terme », écrit Robert Bek, associé-directeur de CIBC Marchés mondiaux.

« Nous ne pouvons pas exclure des faiblesses temporaires dans le titre de Québecor jusqu’à ce que les investisseurs soient confortables avec l’équipe de leaders fonctionnels et expérimentés de Vidéotron qui se rapporte maintenant directement à M. Péladeau », écrit l’analyste Vince Valentini.

Selon l’analyste Drew McReynolds, cette annonce « est une surprise à nos yeux considérant la nomination relativement récente de Jean-François Pruneau comme PDG de Vidéotron en janvier 2019 ».

L’analyste Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, n’est pas du même avis que ses trois collègues. Il estime que la réaction des marchés boursiers à l’annonce du départ de M. Pruneau est exagérée et que la baisse du titre, mardi, en fait une bonne occasion d’achat à court terme. « Cette réaction [knee-jerk reaction] [des marchés] se produit chaque fois qu’il y a un départ important au sein de l’équipe de direction de Québecor, et l’entreprise ne saute pas un battement et continue d’exécuter [son plan] », écrit-il.

Malgré la baisse de mardi, le titre de Québecor s’est apprécié de 2,4 % en 2021. Dix des douze analystes répertoriés par Thomson Reuters recommandent d’acheter le titre (les deux autres recommandent de le conserver). Le titre de Québecor a terminé la séance de mardi à 33,55 $ à la Bourse de Toronto.

Un seul PDG pour Québecor et Vidéotron

M. Pruneau, 51 ans, était le grand patron de Vidéotron depuis janvier 2019. Auparavant, il a été le responsable des finances de Québecor pendant huit ans. Dans un communiqué de Québecor, M. Pruneau indique avoir « pris la décision de quitter la vie professionnelle active pour se consacrer à des projets d’investissements personnels ». M. Pruneau a eu une rémunération totale de 1,9 million de dollars en 2020.

Même si Vidéotron constitue depuis longtemps la vache à lait de Québecor en matière de revenus et de profits, Québecor a longtemps eu un PDG distinct chez Québecor et chez Vidéotron. Ça ne sera plus le cas à partir du 4 juin prochain, alors que Pierre Karl Péladeau cumulera les deux fonctions.

M. Péladeau assume aussi temporairement les fonctions de président et chef de la direction du Groupe TVA. Plus tôt en avril, la grande patronne du Groupe TVA, France Lauzière, a pris une pause professionnelle allant jusqu’à six mois, pour des raisons familiales.

Parallèlement à ses fonctions chez Québecor, Pierre Karl Péladeau tente aussi, à titre personnel, de devenir le prochain propriétaire du transporteur aérien Air Transat.

Avec La Presse Canadienne