(Montréal) L’emmagasinage de composantes pour fabriquer les batteries de ses autobus et camions électriques n’a pas prémuni Lion Électrique contre les perturbations de la chaîne d’approvisionnement.

La société de Saint-Jérôme a produit moins de véhicules électriques que prévu au troisième trimestre, en raison de ces perturbations. L’entreprise a livré 40 véhicules au cours de la période de trois mois terminée en septembre.

« Soyons clairs, même si nos livraisons représentent une hausse importante par rapport aux 10 véhicules que nous avons livrés à la même période l’an dernier, ce chiffre est significativement inférieur à notre objectif », a admis le président et fondateur Marc Bédard, lors d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats trimestriels.

L’analyste Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux, prévoyait que la société serait en mesure de livrer 80 véhicules au cours du trimestre. « C’est une surprise, puisque la direction avait souligné que sa stratégie d’emmagasiner les composantes clés aurait pour effet d’atténuer les enjeux liés à la chaîne d’approvisionnement. »

Lion s’était préparée aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement en augmentant ses réserves de composantes « critiques » utilisées dans la fabrication de ses batteries et de ses moteurs. « Nous n’avons pas subi de pénurie pour aucun de ces items », a expliqué M. Bédard.

La crise mondiale a toutefois rattrapé l’entreprise pour d’autres matériaux, comme le métal et le plastique. Le président a précisé qu’un véhicule électrique contenait au moins 2000 pièces et que certaines d’entre elles avaient été difficiles à obtenir. Des fournisseurs ont également connu des difficultés en raison de la chaîne d’approvisionnement, mais aussi de la pénurie de main-d’œuvre.

Pour atténuer les impacts de la crise, Lion a élargi son bassin de fournisseurs, qui sont passés de 430 à 500 en trois mois, dont certains font un travail équivalent. L’entreprise a tenté de favoriser les fournisseurs locaux. Elle a aussi commandé des matériaux directement pour le compte de sous-traitants.

Ses ingénieurs ont également travaillé à remplacer certaines pièces commandées, comme les câbles électriques, par d’autres composantes disponibles.

« Tous ces efforts nous ont permis de maintenir notre production, même si nous avons dû retarder des livraisons, a précisé M. Bédard. Plusieurs fabricants n’ont pas été en mesure de faire comme nous et ont dû arrêter leurs opérations. »

M. Poirier s’est dit déçu de voir que les difficultés d’approvisionnement étaient pires que prévu. L’analyste maintient tout de même sa thèse optimiste à long terme. Il croit que Lion sera en mesure de se tailler une place de choix dans le marché des autobus et camions électriques.

Mark Neville, de Banque Scotia, voit aussi les perspectives à long terme d’un œil favorable. « Nous croyons que Lion pourrait profiter de l’adoption du plan d’investissement dans les infrastructures aux États-Unis, qui contient d’importants fonds pour l’électrification des autobus scolaire. »

Les investisseurs semblent également optimistes après les précisions de la direction. Après avoir navigué en territoire négatif au début de la séance de jeudi, l’action rebondissait vers midi avec une hausse de 0,86 $, ou 5,66 %, à 16,05 $ à la Bourse de Toronto.

Des revenus inférieurs aux attentes

Au troisième trimestre, la société a plus que quadruplé ses revenus à 11,9 millions $ US par rapport à 2,6 millions $ US à la même période l’an dernier. Avant la publication des résultats, les analystes interrogés par Refinitiv anticipaient des revenus de 26,2 millions $ US.

Le carnet de commandes de l’entreprise comporte 2024 véhicules pour une valeur de 500 millions $ US, en date du 10 novembre. De ce nombre, on compte 261 camions et 1763 autobus. Le carnet inclut la commande conditionnelle de 1000 autobus scolaires de la part de la Student Transportation of Canada.

Un total de 187 bornes de recharge se trouvent également au carnet de commandes, ce qui représente une valeur de 2,5 millions $ US.

La société a enregistré un bénéfice net de 123 millions $ US, contre une perte de 38,6 millions $ US, mais ce gain s’explique par des éléments comptables liés à la valeur de bons de souscription.

L’entreprise, qui investit dans sa croissance, n’est pas encore rentable. Elle a enregistré une perte ajustée avant impôt, intérêt et amortissement de 8,8 millions $ US, contre 2,8 millions $ US à la même période l’an dernier.

L’encaisse de la société atteint 317,8 millions $ US et l’entreprise dispose d’une facilité de crédit de 100 millions $ US. M. Neville estime que cette somme est suffisante pour poursuivre les activités jusqu’en 2023.

La société a aussi achevé « environ 90 % » de la construction de l’enveloppe de bâtiment de son usine de fabrication en Illinois. L’entreprise devrait prendre possession des installations de 900 000 pieds carrés d’ici la fin de l’année.