Ford négocie depuis 10 mois avec le chinois Geely pour lui vendre Volvo, mais les pourparlers sont à un cheveu de capoter à cause d'un différend sur la propriété intellectuelle de certaines technologies.

C'est ce qu'ont dit à l'agence Bloomberg deux sources proches des pourparlers. Les deux firmes discutent cette semaine à Londres afin d'aplanir les inquiétudes de Ford concernant l'éventuel partage de technologies et de production avec Geely. Mais s'il n'y a pas d'entente, Ford pourrait décider de garder sa filiale suédoise déficitaire, qui - cela tombe bien - améliore ses ventes et réduit sa perte.

 

Ford, le seul des «Trois de Detroit» à n'avoir pas fait faillite, avait mis Volvo à vendre en décembre 2008, en même temps que Jaguar, pour se concentrer sur sa propre marque. Geely, le no 1 chinois de l'automobile, est l'acheteur potentiel le plus sérieux et offrait environ 2 milliards de dollars pour Volvo, moins d'un tiers du prix payé par Ford il y a 10 ans.

 

«On discute encore avec les parties intéressées», a dit à Reuters un porte-parole de Ford, qui n'a pas voulu dire si la propriété intellectuelle de la technologie est un écueil sur lequel les pourparlers pourraient échouer. «Dans un processus comme celui-ci, on aime mieux ne pas donner de détails trop tôt.»

 

Secrets commerciaux

 

L'acheteur de Volvo, quel qu'il soit, connaîtra intimement les produits planifiés par Ford, du moins ceux qui continueront à s'appuyer sur la technologie du constructeur suédois. Par conséquent, Ford veut obtenir l'assurance que les plans de ses nouveaux modèles seront gardés secrets par Geely, ont dit les deux sources de Bloomberg.

 

Ford a eu récemment une mauvaise expérience en ce qui a trait à ses secrets commerciaux en Chine. Un de ses ingénieurs, un ressortissant chinois qui a vécu 10 ans au Michigan, a été arrêté la semaine dernière pour espionnage industriel. Xiang Dong «Mike» Yu, 47 ans, a été arrêté la semaine dernière à Chicago et accusé par un procureur fédéral américain d'avoir volé des secrets industriels à son employeur, avant de retourner en Chine en 2007, où il a travaillé pour des concurrents de Ford, notamment Beijing Automotive Corp.

 

Soit dit en passant, il y a une certaine ironie dans ce dernier détail, puisque Beijing Automotive a approché Ford l'été dernier en vue d'acheter Volvo...

 

Sans la certitude que ses secrets seront respectés et protégés par Geely, Ford pourrait décider de remettre la vente de Volvo à plus tard, parce que les perspectives de la filiale suédoise s'améliorent et qu'un meilleur prix pourrait en être obtenu quand elle sera sortie du rouge et que l'économie se sera améliorée.

 

Les ventes américaines de Volvo ont augmenté de 16% en septembre (par rapport à septembre 2008), à contre-courant du marché américain, en baisse de 23%. Depuis janvier, les ventes de Volvo sont en baisse de 22%, mais c'est mieux que le recule de 27% encaissé par l'ensemble de l'industrie durant les neuf premiers mois de 2009.

 

Geely pas seul acheteur potentientiel

 

Ford négocie aussi avec un autre acheteur, le Groupe Crown, dirigé par un ancien membre du conseil d'administration de Ford, Michael Dingman, ont dit les deux sources à Bloomberg. Un groupe d'ingénieurs de Volvo a aussi recruté des investisseurs scandinaves pour ramener la firme entre les mains d'un propriétaire suédois.

Il n'est pas certain que Ford poursuivra les négociations avec les autres investisseurs si les pourparlers avec Geely échouent. Ford pourrait tout aussi bien décider de tout mettre sur la glace.

 

Volvo, qui a inscrit une perte avant taxes de 231 million de dollars américains entre avril et juin dernier, réduit ses coûts et améliore sa performance. Mais le plan de relance de Ford demeure centré sur sa marque, a dit un porte-parole, selon qui les progrès de Volvo ne changent en rien la logique de sa mise en vente.

 

Source : Bloomberg