Les principales banques centrales du monde se préparent à baisser leurs taux directeurs, un virage attendu et de la plus haute importance pour les banques et toutes les institutions financières. Aux États-Unis, pays des mille banques, ça pourrait faire des remous.

L’an dernier, la remontée rapide des taux d’intérêt avait signé l’arrêt de mort de trois banques américaines, la Silicon Valley Bank, la Signature Bank et la First Republic Bank, et forcé l’intervention de la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), le gendarme américain des banques, pour rassurer les marchés et limiter les dégâts pour le système financier.

Cet organisme indépendant créé pour assurer la stabilité du système financier américain et maintenir la confiance des consommateurs a du pain sur la planche. Il en a toujours eu depuis sa création en 1933. Contrairement au Canada, où les banques sont un club restreint et quasi inamovible, les États-Unis sont un pays où les banques naissent et meurent au rythme des cycles économiques.

Dans son autobiographie parue récemment, l’ex-président de la Banque Nationale Louis Vachon s’interrogeait d’ailleurs sur la propension des banques canadiennes à vouloir absolument s’établir dans le marché le plus concurrentiel au monde alors qu’il y a beaucoup de place ailleurs…

La concurrence qui marque le secteur bancaire américain a donné naissance à des mammouths comme la Bank of America ou JPMorgan Chase, et aussi à une multitude de banques régionales qui font preuve d’innovation pour avoir leur part du gâteau.

La Silicon Valley Bank de San Francisco, par exemple, se spécialisait dans le financement des jeunes pousses technologiques qui, après avoir grandement profité de la pandémie, ont été obligés de se serrer la ceinture. Ces entreprises ont eu besoin de puiser dans leurs épargnes, ce que leur banquier n’avait pas prévu…

Il y a actuellement quelque 4500 banques en activité sur le territoire américain. C’est beaucoup, mais il y en avait deux fois plus dans les années 2000. La FDIC en tient le compte et publie chaque année une liste des banques qui disparaissent parce qu’elles ont été rachetées ou ont dû fermer. Il y a en déjà une de disparue en 2024, mais le nombre de faillites est resté limité depuis quelques années, loin de l’hécatombe de 2008 et 2009 causée par la crise des subprimes1.

Problèmes à l’horizon

La FDIC suit aussi l’évolution des banques à risque, dont le nombre a augmenté de 39 à 52 entre 2022 et 2023. Ça ne représente que 1,1 % de toutes les banques en activité, mais c’est le nombre le plus élevé depuis 2021. Ces 52 banques détiennent 66 milliards US.

Le président de la FDIC, Martin Gruenberg, s’attend à ce que le nombre de banques en détresse augmente, a-t-il indiqué récemment.

Après avoir surpris tout le monde par sa vigueur, l’économie américaine ralentit sérieusement et les inquiétudes augmentent au sujet des prêts immobiliers commerciaux. La baisse des taux d’intérêt forcera les banques à payer plus cher pour garder leurs dépôts, ce qui réduira leur rentabilité. Les banques déjà fragilisées par la conjoncture sont à plus à risque.

Un analyste de la firme Nomura aux États-Unis, Greg Hertrich, prévoit qu’une cinquantaine de banques pourraient disparaître au cours des prochains mois avec le virage anticipé de la politique monétaire américaine. Des banques seront soit rachetées, soit fermées par le gendarme bancaire.

Avec le temps, le nombre de banques devrait continuer de diminuer parce qu’il y en a tout simplement trop, selon lui, et passer de 4500 à quelque 2500, ce qui serait plus adapté au marché américain.

1. Consultez la liste des banques disparues (en anglais)