(Washington) Les taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed) pourraient s’établir sur le long terme autour de 3 % a estimé mardi une de ses responsables, ce qui placerait ses derniers à un niveau bien supérieur à ce qu’il était avant la pandémie.

Il s’agit d’une révision de la prévision précédente de Loretta Mester, la présidente de la Fed de Cleveland, membre du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), qui envisageait jusqu’ici un taux de long terme de 2,5 %.

« J’ai réévalué ma prévision pour prendre en compte la solidité persistante de l’économie malgré des taux d’intérêt toujours élevés et un potentiel taux d’équilibre envisagé plus haut par les modèles », a justifié Mme Mester lors de son intervention,  lors d’une conférence à Cleveland (nord).

Dans la théorie économique, le taux d’intérêt d’équilibre est celui permettant à l’offre de répondre au mieux à la demande, sans excès dans un sens ou dans l’autre.

Les dernières projections de la Fed anticipent pour l’heure un taux d’intérêt de long terme autour de 2,6 %.

La présidente de la Fed de Cleveland a néanmoins rappelé qu’il existe « différents risques », notamment « les tensions géopolitiques, le ralentissement de la croissance chinoise ou une dégradation potentielle du marché de l’immobilier », qui pourraient peser sur l’économie américaine et inciter la banque centrale à soutenir la croissance en abaissant ses taux.

Le principal taux de la Fed est resté proche de 0 % entre décembre 2008, au plus fort de la crise financière déclenchée par les subprimes, et début 2017, ne franchissant le seuil de 1 % qu’en juin 2017 pour se stabiliser entre 1,5 % et 2,5 % jusque début 2020 et le choc provoqué par la pandémie de COVID-19.

L’inflation record observée avec la reprise économique, qui a culminé à 9,5 % en juin 2022 aux États-Unis, a poussé la Fed a fortement remonter ses taux, passant de de 0 % à 5,50 % entre mars 2022 et août 2023, niveau à laquelle ils sont restés depuis.

Mais le retour de l’inflation à des niveaux plus proches de la cible de la Fed, fixée à 2 %, doit conduire l’institution à envisager de faire redescendre ses taux, les marchés anticipant une première baisse lors de la réunion prévue mi-juin.

En février, l’indice PCE des prix, qui est celui privilégié par la Fed pour la conduite de sa politique monétaire, s’est établi à 2,5 %, en légère hausse par rapport à janvier, incitant la banque centrale à la prudence.

La prochaine réunion du FOMC, prévue le 30 avril et le 1er mai, devrait se conclure par un statu quo, anticipent les marchés, selon l’agrégateur CME FedWatch.