Les conditions attendues par la Banque du Canada pour réduire son taux directeur « devraient se matérialiser dans le courant de l’année », a conclu son conseil de direction lors des délibérations qui ont mené à sa décision du 6 mars dernier.

La Banque centrale avait alors maintenu le taux directeur à 5 % et assuré qu’il était encore trop tôt pour penser à le réduire. Toutefois, dans leurs discussions préalables à cette décision, le gouverneur et les sous-gouverneurs évoquent clairement l’éventualité d’une baisse imminente.

Après s’être entendus sur les conditions qui devaient être réunies avant de commencer à réduire le taux directeur, les dirigeants de la banque « ont convenu que si l’économie évoluait conformément à la projection de la banque, ces conditions devraient se matérialiser dans le courant de l’année », apprend-on dans le compte rendu des délibérations qui ont eu lieu dans la semaine ayant précédé la décision.

S’ils s’entendent sur une baisse prochaine, les dirigeants de la banque centrale sont divisés sur le moment de l’annoncer. « Les membres avaient toutefois des divergences d’opinions quant au moment où il y aurait vraisemblablement des preuves suffisantes que ces conditions étaient réunies », précise le compte rendu.

Depuis, Statistique Canada a fait savoir que l’inflation a reculé en février pour le deuxième mois consécutif et l’Indice des prix à la consommation (IPC) s’affiche à 2,8 %. Depuis que l’IPC se situe à l’intérieur de la fourchette cible de 1 % à 3 % de la Banque du Canada, les pressions s’accentuent sur ses dirigeants pour qu’ils lâchent du lest.

Inquiets pour le logement

Dans les discussions qui ont mené au maintien du statu quo, le 6 mars, les dirigeants de la banque centrale ont constaté que l’inflation donne des signes lents mais réels de ralentissement. Ils ont toutefois estimé que l’IPC se maintiendrait probablement autour de 3 % « dans les mois à venir ».

Une de leurs principales préoccupations concerne le coût du logement, soit le coût des intérêts hypothécaires et le coût des loyers, qui continuent d’alimenter l’inflation.

Le coût des intérêts hypothécaires a un effet sur l’inflation, mais cet effet n’est pas permanent, parce que les taux d’intérêt finiront par baisser. Les dirigeants de la banque centrale sont d’avis que « si les intérêts hypothécaires étaient la seule composante à nuire à la baisse de l’inflation, il[s] pourrai[ent] peut-être en faire abstraction pour ne pas freiner indûment l’activité économique afin de ramener l’inflation globale à 2 % ». Mais ce n’est pas le cas, estiment-ils.

La banque s’inquiète davantage des autres composantes du coût du logement, comme le loyer, l’assurance habitation, l’impôt foncier et les frais de réparation, qui sont encore en forte augmentation et qui sont hors du champ d’action de la politique monétaire.

La Banque du Canada s’attendait aussi à ce que le secteur de l’habitation rebondisse au printemps, ce que les dernières statistiques sur la revente de maisons semblent confirmer. « Si le secteur du logement devait rebondir au printemps, la hausse des frais de logement pourrait s’accentuer, ce qui retarderait le retour de l’inflation mesurée par l’IPC à la cible de 2 % », craint le comité directeur de la banque.

La prochaine décision sur le taux directeur aura lieu le 10 avril. On saura alors si les inquiétudes de la banque centrale au sujet du logement se sont atténuées suffisamment pour qu’elle ouvre officiellement la porte pour la première fois à la baisse tant attendue des taux d’intérêt.