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La Banque du Canada n’entre pas dans les détails de ce qu’est la « forte inflation sous-jacente ». Êtes-vous en mesure de détailler avec précision ce que la Banque du Canada considère comme l’inflation sous-jacente ? Merci.
— Michel Couture

La définition de l’inflation est simple, la mesurer est une autre paire de manches. Il n’existe pas une seule mesure, mais plusieurs. Pour y voir plus clair, nous avons demandé l’aide du professeur au département des sciences économiques de l’UQAM Alain Guay et de l’économiste Benoit Durocher de Desjardins.

La plus connue et la plus utilisée de ces mesures est l’Indice des prix à la consommation. L’IPC est une mesure globale qui suit l’évolution des prix d’un panier de biens et services parmi les plus utilisés par les ménages canadiens.

C’est aussi une mesure imparfaite, dit le professeur, parce que les prix de plusieurs produits et services à l’intérieur des huit composantes principales de l’IPC changent souvent et rapidement. On dit qu’ils sont très volatils. « On pense à l’essence, par exemple, dont les prix fluctuent beaucoup d’un mois à l’autre, et à l’alimentation. »

C’est la raison pour laquelle la Banque du Canada s’intéresse à des mesures de l’inflation qui excluent les plus grosses fluctuations d’un mois à l’autre. L’IPC-tronq et l’IPC-méd sont deux indices qui excluent les composantes qui ont les variations les plus élevées à la hausse et à la baisse pour un mois donné.

Ça donne une idée de l’inflation de base, que la Banque du Canada suit de plus près que l’inflation globale mesurée par l’IPC.

L’IPC global a reculé à 2,9 % en janvier, mais l’IPC-tronq et l’IPC-méd se maintiennent autour de 3,3 % et 3,4 %, ce que la Banque du Canada juge encore trop élevé parce que ces chiffres sont supérieurs à sa fourchette cible de 1 % à 3 %.

L’inflation sous-jacente dérive des mesures d’inflation de base parce qu’elle représente les tendances des prix à plus long terme, explique Alain Guay.

« La Banque du Canada utilise des modèles économiques dans lesquels elle met toutes les mesures d’inflation et dont le résultat indique une tendance à plus long terme que l’IPC pour l’inflation », résume-t-il.

Quand la Banque du Canada parle d’inflation sous-jacente ou d’inflation de base, c’est la même chose, résume l’économiste Benoit Durocher. Les façons de décomposer l’IPC global pour avoir une mesure plus précise de l’inflation et de ses causes peuvent se multiplier.

Ainsi, Statistique Canada fournit à la Banque du Canada un indice de l’inflation qui exclut le logement. En janvier, cet indice était de seulement 1,5 %, ce qui indique bien que le prix des logements et le coût de l’intérêt hypothécaire sont actuellement les principales causes de l’inflation globale mesurée par l’IPC.

La Banque du Canada reconnaît que les hausses de taux d’intérêt contribuent à l’inflation, mais elle estime que le problème est surtout que l’offre de logements est largement insuffisante pour répondre à la demande alors que le Canada accueille un nombre record d’immigrés.

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