(Pékin) Les prix à la consommation en Chine ont augmenté en février de 0,7 % sur un an, marquant la sortie de la déflation du pays pour la première fois en six mois, selon les chiffres officiels publiés samedi.

La deuxième économie mondiale avait connu en janvier sa plus forte chute des prix en 14 ans, à rebours de la situation dans les principales économies, notamment occidentales, en proie à l’inflation et à une baisse du pouvoir d’achat d’une partie de leurs habitants.

L’inflation en février est supérieure aux attentes des analystes interrogés par l’agence Bloomberg, qui prévoyaient 0,3 %.

Les prix sont en général dopés par les festivités du Nouvel An lunaire, principale réunion familiale de l’année et période de grande consommation, qui tombait en février.

Selon le Bureau national des statistiques (BNS), les prix de l’alimentation, du tabac et de l’alcool sont encore en baisse, de 0,1 % sur un an, mais d’autres catégories de produits affichent une hausse, notamment dans l’éducation, la culture et les divertissements (+3,9 %), les services (+3 %) et l’habillement (+1,6 %).

La Chine avait basculé en déflation en juillet 2023, pour la première fois depuis 2021. Après un bref rebond en août, les prix étaient constamment en repli depuis septembre.

« Je pense qu’il est trop tôt pour conclure que la déflation en Chine est terminée », prévient toutefois l’économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management.

Car « si l’on compare l’inflation moyenne des deux premiers mois de cette année à celle de la même période de 2023, les prix sont restés stables », souligne-t-il.

Si un recul des prix peut sembler une bonne chose pour le pouvoir d’achat, la déflation est une menace pour l’économie car les consommateurs ont tendance à différer leurs achats dans l’espoir de nouvelles baisses.

Faute de demande, les entreprises sont alors contraintes de réduire leur production et consentent à de nouvelles ristournes pour écouler leurs stocks.

Cette situation, qui pèse sur leur rentabilité, les pousse à geler les embauches ou à licencier : les économistes parlent d’une spirale néfaste car ce phénomène est un frein supplémentaire à la consommation.

« Demande intérieure faible »

Outre une consommation atone, l’activité est pénalisée en Chine par une crise dans l’immobilier, un chômage élevé chez les jeunes et le ralentissement économique mondial qui pèse sur la demande en biens chinois et donc l’activité des usines.

La Chine a plusieurs fois annoncé des mesures pour sauver son secteur immobilier mais avec pour le moment peu d’effets.

« La demande intérieure est encore assez faible », note Zhiwei Zhang et « les ventes d’appartements neufs ne se sont pas encore stabilisées ».  

Alors que Pékin tient cette semaine sa session parlementaire annuelle, l’économiste observe que cela a été l’occasion d’annoncer une « politique fiscale plus proactive », mais « il faut du temps pour que l’impulsion budgétaire se transmette à l’économie et aide la demande intérieure à se redresser ».

La Chine doit faire plus pour relancer l’emploi et stabiliser son marché immobilier, ont d’ailleurs reconnu samedi plusieurs ministres lors d’une conférence de presse.

« La pression globale sur l’emploi n’a pas diminué et il reste des contradictions structurelles à résoudre », a admis Wang Xiaoping, ministre des Ressources humaines et de la Sécurité sociale.

Mais Pékin est « confiant dans le maintien d’une croissance continue de l’emploi », a-t-elle assuré.

« La tâche de stabiliser le marché [immobilier] est encore très difficile », a pour sa part déclaré le ministre du Logement Ni Hong, estimant nécessaires les faillites et restructurations des promoteurs « gravement insolvables ».

Sur l’ensemble de 2023, l’inflation en Chine avait progressé en moyenne de 0,2 %, bien loin des rythmes enregistrés dans les principales économies — comme en France où elle a atteint 4,9 %.

L’objectif fixé par le gouvernement chinois pour 2024 est une inflation à 3 %, ainsi qu’une croissance autour de 5 %, l’un des chiffres les plus faibles depuis des décennies et reflet d’une économie qui peine à se relancer depuis les années COVID-19.

De son côté, l’indice des prix à la production (PPI) s’est de nouveau contracté en février (-2,7 %) pour le 17e mois consécutif, a annoncé samedi le BNS.

Cet indice, qui mesure le coût des marchandises sorties d’usines et donne un aperçu de la santé de l’économie, était déjà en repli de 2,5 % en janvier.

Sur l’ensemble de 2023, il avait reculé de 3 %.

Des prix à la production dans le rouge sont synonymes de marges réduites pour les entreprises.