Comme chaque année, le ministre des Finances du Québec avait invité la population à l’aider à faire des choix en participant à la consultation prébudgétaire. Et comme chaque année, nombreux sont ceux qui ont répondu à son invitation en lui soumettant des propositions. En voici un aperçu.

Taxer l’essence et les kilomètres

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Les revenus de la taxe sur l’essence financent en partie les transports en commun.

Augmenter la taxe spécifique sur l’essence est une suggestion qui revient de plus en plus souvent sur le bureau du ministre des Finances. Elle est en effet l’une des moins élevées des pays de l’OCDE et n’a pas été indexée depuis 11 ans. L’Alliance pour le financement des transports collectifs (Transit) le suggère aussi cette année, avec l’indexation en fonction de l’indexation des droits d’immatriculation des voitures individuelles. Les sommes ainsi générées pourraient être redirigées dans le financement du transport collectif, où les besoins sont immenses. Comme les revenus de la taxe sur l’essence financent en partie les transports en commun et qu’ils diminueront avec l’électrification du transport, Transit suggère aussi une contribution des véhicules électriques sous forme de taxe sur les kilomètres parcourus.

La technologie à détaxer

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Metro s’oppose à ce que les serveurs et autres équipements électroniques installés dans ses entrepôts soient imposés par les villes comme une valeur foncière.

Le détaillant de produits de luxe SSENSE et la chaîne d’alimentation Metro mènent le même combat. Les deux entreprises s’opposent à ce que les serveurs et autres équipements électroniques qu’elles ont installés dans leurs entrepôts soient imposés par les villes comme une valeur foncière au même titre que les immeubles qui les abritent. Il s’agit d’une brèche dans la Loi sur la fiscalité municipale dans laquelle la Ville de Montréal s’est engouffrée, dénonce SSENSE, et qui fait doubler ou tripler les taxes de son centre de distribution automatisé construit au coût de 80 millions de dollars. Metro s’insurge pour la même raison contre la Ville de Terrebonne qui ajoute la valeur de la technologie de son nouveau centre de distribution, soit 135 millions, à la valeur foncière de l’immeuble. L’impôt foncier pourrait grimper de 3 millions par année, selon Metro.

Des restos qui veulent rester à flot

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L’Association Restauration Québec demande des subventions.

Fragilisés par la pandémie et la flambée de l’inflation qui a suivi, les restaurateurs du Québec demandent un coup de main du gouvernement pour se garder à flot. Ils réclament encore une fois le rétablissement de 50 % à 100 % de la déduction pour frais de repas pour les entreprises. Ils veulent aussi se moderniser, avec de l’équipement qui remplacerait une partie de la main-d’œuvre de plus en plus difficile à trouver. Comme un four industriel intelligent, une innovation commercialisée sous le nom d’iCombo Pro permet de programmer, de planifier et de gérer la cuisson des plats du menu. Puisque cet équipement coûte plus de 20 000 $, l’Association Restauration Québec demande une subvention qui couvrirait 50 % du coût des projets de modernisation, comme l’achat d’un tel four.

Les coûts en hausse du rituel funéraire

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La prestation de décès versée par le Régime de rentes du Québec est insuffisante.

La prestation de décès versée par le Régime de rentes du Québec (RRQ) à tous les Québécois n’a pas été augmentée depuis 26 ans. À 2500 $, elle couvre aujourd’hui seulement le tiers du coût des services funéraires, alors qu’elle en remboursait 70 % en 1997, selon la Corporation des thanatologues du Québec, qui estime que le temps est venu d’augmenter ce versement. Le coût moyen d’un rituel funéraire traditionnel varie entre 4000 $ et 8300 $, selon le regroupement des thanatologues, qui estime que le RRQ est en assez bonne santé pour augmenter sans problème la prestation de décès à quelque 6000 $ et pour prévoir une indexation annuelle de cette somme.

De l’aide pour pédaler

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Accorder une subvention à l’achat d’un vélo à assistance électrique est une solution pour éviter l’achat d’un deuxième véhicule.

L’achat de voitures électriques est généreusement subventionné par l’État, pourquoi ne pas donner un coup de pouce aux vélos électriques comme cela se fait ailleurs dans le monde ? La proposition de Vélo Québec au ministre des Finances est la suivante : accorder une subvention de 800 $ à l’achat d’un vélo à assistance électrique et de 2000 $ à l’achat d’un vélo-cargo électrique pourrait rendre inutile l’achat d’une deuxième voiture pour de nombreux déplacements quotidiens utilitaires. Cette aide pourrait varier en fonction du revenu. C’est le cas en Colombie-Britannique, où l’aide à l’achat d’un vélo électrique, de 1400 $ pour un revenu net de moins de 39 000 $, est réduite par paliers jusqu’à 350 $ pour un revenu net de 51 000 $ et plus.

Transport en autocar

PHOTO FOURNIE PAR KEOLIS CANADA

L’amélioration du transport par autocar est indispensable pour accroître l’accès aux régions.

Le transport interurbain par autocar est en voie de disparition au Québec, déplore l’Alliance de l’industrie du tourisme du Québec, dont les membres voudraient attirer plus de visiteurs avec ce mode de transport. Pendant que le gouvernement travaille à améliorer le service aérien régional, les entreprises de transport par autocar sont dans un état critique, alerte le mémoire de l’industrie soumis au ministre des Finances. Il cite une étude qui établit que le nombre de départs hebdomadaires d’autocars urbains est passé de plus de 6000 par semaine à 882 entre 1981 et 2023. L’industrie touristique estime que l’amélioration du transport par autocar est indispensable pour accroître l’accès aux régions et qu’il faut soutenir financièrement les transporteurs par autocar pour les trajets qui pourront relier les régions.

Lisez « Le temps est venu de revoir les dépenses »