L’inflation ralentit à 2,7 %, ce qui pousse les économistes à croire encore davantage que la Banque du Canada pourrait agir dès juin

L’inflation a continué de décélérer en avril, à 2,7 %, son niveau le plus bas depuis trois ans, ce qui augmente encore la probabilité d’une première baisse des taux d’intérêt de la Banque du Canada le 5 juin.

« Le problème de l’inflation généralisée au Canada a été résolu », ont tranché les économistes de la Banque Nationale, après la publication de l’Indice des prix à la consommation (IPC) d’avril.

Après une hausse à 2,9 % en mars, l’IPC a encore ralenti en avril, à 2,7 % d’une année à l’autre, malgré une augmentation importante des prix de l’essence. Il s’agit d’un ralentissement généralisé de l’inflation, selon Statistique Canada, principalement attribuable aux prix des aliments, des services et des biens durables.

Le taux d’inflation global est dans la fourchette cible de 1 % à 3 % de la Banque du Canada pour le quatrième mois consécutif. Les mesures de l’inflation fondamentale, expurgées des éléments les plus volatils et suivies de près par les autorités monétaires, évoluent aussi dans la bonne direction.

Seule ombre au tableau, le prix du logement continue de pousser le taux d’inflation à la hausse. Sans le logement, dont la hausse des prix reflète la pénurie et non la surchauffe de l’économie, l’inflation serait de seulement 1,2 %.

« Je ne vois pas ce que la Banque du Canada pourrait souhaiter d’autre comme signal avant de baisser les taux », estime David-Alexandre Brassard, économiste en chef de CPA Canada.

Comme la plupart des économistes, David-Alexandre Brassard penche pour une première baisse de taux en juin, même si la Banque du Canada pourrait vouloir faire preuve de prudence et attendre son autre décision prévue en juillet. « Est-ce que le coût d’attendre quelques semaines de plus [jusqu’en juillet] pourrait être trop grand ? », s’interroge-t-il.

Une première baisse de taux en juin enverrait un signal positif aux constructeurs de logements au début de leur saison la plus occupée, croit l’économiste.

Attendre encore risque d’infliger des dommages inutiles à l’économie, estime pour sa part l’économiste de la Banque Nationale Matthieu Arseneau. « Il est grand temps que la Banque du Canada donne un peu d’oxygène à l’économie », dit-il.

Cela dit, il pense que la Banque du Canada pourrait très bien attendre quelques semaines de plus, deux autres rapports sur l’inflation, jusqu’en juillet, alors que la publication de son Rapport sur la politique monétaire est prévue en même temps que la décision sur les taux.

« C’est juste quelques semaines de plus, mais à partir du moment où le travail est fait, il n’y a pas de raison de ne pas baisser les taux », dit Matthieu Arseneau.

Des baisses limitées

Il y a à peine un mois, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a dit qu’il serait préférable d’attendre « quelques mois » pour s’assurer que le ralentissement de l’inflation est durable.

Le taux directeur de la Banque du Canada est à 5 % depuis le mois de juillet 2023, son niveau le plus élevé en 20 ans. L’économie a ralenti considérablement au cours des derniers mois et le taux de chômage a augmenté.

Si la plupart des économistes s’entendent pour dire que le moment est venu de baisser les taux au Canada, le rythme et l’ampleur des baisses restent difficiles à prévoir.

La baisse des taux aux États-Unis, imminente il n’y a pas si longtemps, semble s’éloigner, ce qui pourrait freiner les baisses de taux au Canada, croit l’économiste en chef de CPA Canada.

La Banque du Canada va probablement baisser son taux directeur avant la Réserve fédérale américaine, mais elle voudra s’assurer que l’écart ne soit pas trop grand, estime David-Alexandre Brassard.

Des taux d’intérêt plus élevés aux États-Unis qu’au Canada affaibliraient le dollar canadien, avec le risque d’alimenter l’inflation canadienne avec les biens importés, comme le pétrole.

En savoir plus
  • 21,4 %
    Hausse du prix des aliments entre avril 2021 et avril 2024. En avril 2024, l’inflation alimentaire a ralenti à 1,4 %.
    source : Statistique Canada