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Nos banques sont-elles techniquement en faillite ? Que feraient-elles si on allait tous retirer notre argent demain matin ? Et que feraient nos élus dans un tel cas ?

René Masson, Québec

Soyons clairs, les banques canadiennes ne sont pas en faillite technique.

« Absolument pas », répond le stratège Stéphane Rochon, de la BMO.

La question mérite malgré tout d’être posée. Et est particulièrement pertinente dans le contexte actuel de turbulence causé par la défaillance de banques américaines, notamment le cas récent de la Silicon Valley Bank.

S’il trouve néanmoins la question un brin alarmiste, et la situation hypothétique et plutôt improbable, Stéphane Rochon admet qu’il y a des investisseurs qui paniquent en ce moment dans le marché. Le stratège rappelle toutefois qu’au Canada, les dépôts sont garantis par le gouvernement fédéral.

« On est très loin de la crise financière », dit-il.

Si tout le monde devait retirer son argent de la banque en même temps, ça serait davantage un problème de marge bénéficiaire qu’autre chose, affirme Stéphane Rochon, parce que les banques trouveraient d’autres façons de se financer.

Les banques peuvent émettre des obligations, des actions privilégiées, des titres à très court terme (du papier commercial, autrement dit), etc.

Si les gens décidaient de retirer leur argent pour le placer sous leur matelas, ça ne mettrait pas en péril la viabilité du modèle d’affaires des banques. Mais ça leur ferait mal parce que leurs coûts de financement augmenteraient, dit Stéphane Rochon. « Les dépôts sont la forme de financement la moins chère pour les banques. Ça ferait donc mal au point de vue de la rentabilité. Les banques canadiennes resteraient néanmoins rentables. »

Le gouvernement canadien est assurément heureux de pouvoir compter sur un système financier solide. Il y a six grandes banques au pays, le Mouvement Desjardins, et quelques plus petites institutions, comme la Laurentienne et la Canadian Western Bank, par exemple.

Aux États-Unis, il y a environ 5000 banques commerciales. « Pour réunir tous les PDG de ces banques, ça prend un stade. Au Canada, ça ne prend qu’une table ronde. C’est donc beaucoup plus facile à gérer », illustre Stéphane Rochon.

Selon cet expert, Ottawa pourrait agir au besoin s’il devait y avoir un vent de panique. « On pourrait simplement prendre l’exemple de la Fed ou du département du Trésor américain durant la crise financière », dit-il.

« Les banques américaines d’importance systémique ont été forcées à prendre 10 milliards de capital pour réinstaurer la confiance. Ça pourrait être quelque chose de semblable. Ça pourrait être une injection additionnelle de capitaux par l’entremise de la Banque du Canada ou du gouvernement du Canada d’une façon ou d’une autre pour garantir la viabilité des banques. Il y a des façons de faire ça. »

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