(Québec et Montréal) Le gouvernement Legault déposera le 21 mars prochain le budget du Québec pour l’année 2023-2024. Le ministre des Finances, Eric Girard, a affirmé jeudi que ce budget allait « donner le ton » aux engagements pris par la Coalition avenir Québec (CAQ) en campagne électorale, qui a promis de baisser les impôts « dès la première année » de ce deuxième mandat.

Selon M. Girard, les probabilités d’une récession sont toujours présentes, mais la situation économique du Québec en ce début d’année « est meilleure que nous [l’]avions prévu ».

« Ça sera toujours une année difficile, parce qu’il y a eu des hausses de taux importantes et que ça affecte les individus et les entreprises, mais néanmoins, le début de l’année est plus fort que prévu, et ça, c’est positif. Ça diminue un peu la probabilité d’une récession, à tout le moins au minimum, ça retarde », a dit le ministre des Finances lors d’une brève mêlée de presse au parlement.

Eric Girard a également souligné que l’inflation au pays « se comporte comme prévu par la Banque du Canada », c’est-à-dire qu’elle diminue alors que la banque centrale a une fois de plus augmenté le mois dernier son taux directeur à 4,50 %, en augmentation de 0,25 point de pourcentage.

En janvier, l’inflation s’est établie à 5,9 % au Canada. Elle avait atteint un sommet annuel de 8,1 % en juin dernier. « La nécessité d’autres hausses de taux est [donc] moins probable », a jugé le ministre Girard.

L’opposition à Québec a d’ailleurs commencé à faire connaître ses demandes.

Québec solidaire demande la création d’un fonds d’urgence pour le transport collectif, notamment pour la Société de transport de Montréal, ainsi qu’un investissement « massif » dans le logement social. La formation de gauche demande au gouvernement Legault d’abandonner sa promesse de baisse d’impôt et en revanche de doubler le crédit d’impôt pour solidarité.

Le Parti libéral du Québec demande déjà au gouvernement Legault de « ne pas couper dans les versements au Fonds des générations » pour ses baisses d’impôt.

Les maires établissent leurs priorités

À Montréal, Valérie Plante, qui doit rencontrer M. Girard prochainement, a affirmé mercredi que ses deux priorités pour le prochain budget du Québec sont d’obtenir du financement substantiel pour « les deux crises actuelles », celle du financement en transport collectif, et celle du logement.

En transport, il faut qu’il y ait une solution à court terme concernant le déficit de la STM qui est lié directement à la baisse de fréquentation à cause de la pandémie. Ce n’est pas en lien avec des raisons de mauvaise gestion ou de choix.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Au chapitre du logement, « il faut que le gouvernement vienne à la rescousse, parce qu’on voit plusieurs données qui sortent comme quoi les gens n’arrivent pas à se loger, tant au niveau du logement social et abordable », a-t-elle ajouté.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La mairesse de Montréal, Valérie Plante

À Québec, le maire Bruno Marchand a aussi réclamé des fonds supplémentaires pour ces deux secteurs, en plus de la lutte contre l’itinérance et la pénurie de main-d’œuvre, notamment.

L’Union des municipalités (UMQ), elle, demande entre autres à Québec de « majorer les programmes d’aide financière pour les infrastructures municipales de l’ordre de 30 % », de devancer à l’exercice 2023-2024 le versement « des 1,8 milliard de dollars en logement social et abordable » annoncé en campagne et 125 millions en cinq ans « pour des projets innovants pour la vitalité commerciale des centres-villes ». On chiffre aussi à 570 millions les besoins en transport collectif pour « assurer le maintien d’un même niveau global de service » en 2023.

« L’inflation est forte et soutenue, et cela se répercute directement sur nos finances. […] Tout cela dans un contexte où nos revenus ne suivent pas », a illustré la semaine dernière le maire de Gaspé et président de l’UMQ, Daniel Côté.

Rappelons que l’an dernier, les principales missions de l’État avaient connu une croissance soutenue des dépenses. Elles atteignaient alors 6,3 % de croissance en santé et en services sociaux, de 5,4 % en éducation, dont 13,1 % en enseignement supérieur.

Le Plan québécois des infrastructures (PQI) 2022-2032 avait également reçu 7,5 milliards supplémentaires. Québec avait alors rappelé qu’au cours des quatre dernières années, le PQI « a été augmenté chaque année, passant de 100,4 milliards de dollars en mars 2018 à 142,5 milliards de dollars en mars 2022 ».

Avec la collaboration de Fanny Lévesque, La Presse