L’énergie a été au cœur des préoccupations des décideurs en 2022 et elle le restera, selon Deloitte Canada.

Le coût de l’énergie continuera d’alimenter l’inflation au cours des prochains mois, en raison des tensions géopolitiques et des efforts des entreprises pour réduire leurs émissions de carbone, prévoit Deloitte Canada, dans une analyse du contexte énergétique actuel publiée lundi.

Des vents contraires

La volatilité est là pour de bon sur le marché du pétrole brut alors que la guerre en Ukraine, les risques de récession et la réouverture de l’économie de la Chine, le plus important consommateur mondial, exercent des pressions opposées sur les prix, selon Deloitte. À suivre : l’impact du plafond de 60 $ US le baril sur le pétrole russe imposé par l’Union européenne, les pays du G7 et l’Australie. La Russie, deuxième exportateur de pétrole au monde, a fait savoir qu’elle ne vendra pas de pétrole aux pays qui respecteront ce plafond et qu’elle réduira sa production, ce qui risque de perturber le marché et de faire augmenter le prix du brut.

Du pétrole canadien au rabais

Le Canada, quatrième producteur de pétrole au monde, n’a pas profité autant que les autres de la flambée du prix du brut qui a suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le brut canadien se vend toujours moins cher que le pétrole américain (WTI) ou le Brent parce que c’est du pétrole lourd qui n’a qu’un seul marché, celui des États-Unis. Or, l’écart habituel de 13 $ US à 15 $ US de moins que le baril de WTI s’est creusé considérablement pour atteindre plus de 25 $ US le baril à la fin de l’année. La décision des États-Unis de puiser 180 millions de barils de brut dans leurs réserves pour les mettre sur le marché et limiter la hausse des prix à la pompe pour les Américains a eu pour effet de réduire la demande en pétrole canadien.

« Les raffineurs ont délaissé le pétrole brut canadien étant donné que les coûts énergétiques pour raffiner le pétrole lourd sont plus élevés que ceux pour raffiner le pétrole léger », explique l’analyste Andrew Botterill, leader national, pétrole, gaz et produits chimiques, chez Deloitte Canada. Même si le recours à la réserve stratégique de pétrole est une mesure temporaire, l’écart entre le prix du brut canadien et celui du brut américain pourrait persister et même s’accroître en raison de la fuite qui a forcé l’arrêt des opérations de l’oléoduc Keystone.

Gaz naturel : l’incertitude règne

Le gaz naturel s’exporte plus facilement et son prix est maintenant plus dépendant de l’offre et de la demande mondiales. Les consommateurs de gaz de l’Amérique du Nord en ont pris conscience en 2022, alors que la demande de gaz des pays européens pour remplacer le gaz russe a fait plus que doubler le prix de ce côté-ci de l’Atlantique. Le prix du gaz est passé de 4 $ US par million de BTU au début de l’année à 10 $ US par million de BTU à l’été, avant de se stabiliser autour de 5 à 7 $ US par million de BTU à la fin de l’année. Toutefois, rappelle Deloitte, ces prix élevés n’ont pas entraîné une augmentation de la production, comme on aurait pu s’y attendre, au Canada comme aux États-Unis.

« Nous prévoyons que les producteurs de gaz naturel continueront d’adapter leur production en fonction de la demande et de faire preuve de prudence en ce qui a trait aux nouveaux développements, explique l’analyste de Deloitte Canada. Les prix pourraient rester élevés, car une augmentation de l’offre semble peu probable étant donné que les producteurs continueront d’aligner leur production sur la demande et d’être prudents en ce qui concerne le développement supplémentaire », note Deloitte.

Une transition énergétique coûteuse

Le coût de l’énergie a alimenté l’inflation en 2022 dans la plupart des pays du monde, et le rythme et la vitesse de la transition énergétique continueront de renforcer les pressions inflationnistes, prévoit Deloitte. Pour les entreprises, « les solutions de rechange existantes sont moins efficaces que les sources qu’elles remplacent », parce que les sources d’énergie renouvelables comme le solaire et l’éolien ont des densités d’énergie plus faibles et qu’elles ont besoin de plus de matières premières pour produire la même quantité d’énergie. « Il en coûte plus cher de produire la même quantité d’énergie à partir de sources moins denses », souligne l’analyse, par conséquent, la transition aux sources d’énergie renouvelables pourrait accroître davantage les pressions inflationnistes.

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