(Washington) Aucun responsable de la Réserve fédérale américaine (Fed) n’anticipe de baisse de son taux directeur en 2023, face à une inflation bien plus persistante que prévu, selon le compte rendu de leur dernière réunion, publié mercredi.

« Aucun participant n’anticipe qu’il sera approprié de commencer à réduire le taux directeur en 2023 », est-il écrit dans le procès-verbal de la réunion des 13 et 14 décembre.

Ils tablent, en revanche, sur des « augmentations continues » des taux, estimant qu’elles seront sans doute « appropriées pour atteindre les objectifs », c’est-à-dire ramener l’inflation autour de 2 %.

Leur rythme devra être déterminé selon l’évolution des prix à la consommation, car les actions prises par la Fed, qui relève les taux depuis le mois de mars, mettent du temps à faire sentir leur plein effet, est-il précisé.

« Les participants ont généralement observé qu’une politique restrictive devrait être maintenue jusqu’à ce que les données [tendent à indiquer] que l’inflation est sur une trajectoire descendante persistante à 2 %, ce qui devrait prendre un certain temps », détaille encore ce compte rendu.

Certains responsables de la Fed avaient aussi invoqué le fait que « l’expérience historique met en garde contre un assouplissement prématuré de la politique monétaire ».

Les prévisions économiques publiées par la Fed à l’issue de la réunion avaient montré que les responsables de l’institution prévoient désormais de faire grimper le taux directeur au-delà de 5,00 %, alors qu’ils le voyaient culminer à 4,6 % lors des précédentes prévisions, publiées en septembre.

« Évaluer les progrès »

Les taux avaient, lors de la réunion de la mi-décembre, été relevés d’un demi-point, ce qui les a portés dans la fourchette de 4,25 à 4,50 %, leur niveau le plus élevé depuis 2007.

Cette hausse forte marquait cependant un ralentissement par rapport aux réunions précédentes, lors desquelles le comité avait eu recours à des hausses de trois quarts de point, une première depuis 1994.

Ce ralentissement doit permettre « de mieux évaluer les progrès de l’économie vers les objectifs » de la Fed, au moment où « la politique monétaire s’approche d’une position suffisamment restrictive pour atteindre ces objectifs », souligne encore le procès-verbal.

Les responsables de l’institution monétaire, cependant, ont insisté sur le fait que cela ne signifiait pas que la Fed était moins déterminée à ramener l’inflation vers le bas. Ni que le comité considérait que l’inflation était d’ores et déjà en train de ralentir durablement.

« Le procès-verbal montre que la Fed va réduire l’inflation au risque de nuire au marché du travail et à l’économie en général », analyse Ryan Sweet, économiste pour Oxford Economics, dans une note.

Car ce ralentissement volontaire de l’activité économique pour faire face à l’inflation pourrait faire plonger l’économie américaine dans la récession.

L’économiste anticipe une hausse du taux d’un quart de point seulement lors de la prochaine réunion de la Fed, les 31 janvier et 1er février.

L’inflation est tombée en novembre à 5,5 % sur un an contre 6,1 % en octobre, selon l’indice PCE, privilégié par la Fed.

Une autre mesure, l’indice CPI, qui fait autorité et sur lequel sont indexées les retraites, a également montré un fort ralentissement en novembre, à 7,1 % sur un an, contre 7,7 % en octobre.