D’assez bonnes nouvelles sont arrivées récemment en provenance des États-Unis. L’économie s’est remise à croître et l’inflation a donné des signes d’apaisement.

Après deux trimestres négatifs, le produit intérieur brut américain s’est redressé au troisième trimestre. Ce solide rebond de 2,6 % de la croissance trimestrielle annualisée n’écarte pas le risque de récession qui pèse sur l’économie américaine, mais il pourrait l’éloigner un peu. Tout indique que ce n’est pas pour cette année.

L’autre bonne nouvelle est venue du front de l’inflation, où le travail de la Réserve fédérale semble donner des résultats. En variation annuelle, le taux d’inflation est passé de 8,2 % en septembre à 7,7 % en octobre. L’inflation de base, qui exclut l’alimentation et l’énergie, est aussi en baisse, de 6,6 % à 6,3 %.

L’augmentation du coût de la vie demeure beaucoup trop élevée et d’autres augmentations des taux d’intérêt sont à prévoir, mais on voit, comme on dit, le bout du tunnel. C’est du moins l’opinion des marchés financiers, qui ont fait la fête en Bourse après l’annonce des chiffres sur l’inflation.

La création d’emplois ralentit, mais le marché du travail reste solide. Ce qui serait normalement une autre bonne nouvelle vient en fait compliquer la tâche de la banque centrale américaine, qui a besoin d’un ralentissement plus marqué pour calmer la demande et réduire l’inflation.

Les élections de mi-mandat sont maintenant chose du passé, ce qui apaise un peu les craintes d’un chaos encore plus grand qu’avant sur le front politique. Même si les résultats ne sont pas encore définitifs, il semble que la division entre les deux camps restera la même et que le gouvernement américain sera plus ou moins paralysé pendant les deux années qui restent avant l’élection présidentielle.

Une immobilité qui a du bon

Cette immobilité si néfaste en temps normal pourrait être une bonne chose dans le fragile contexte économique actuel. Sans majorité claire, les républicains ne pourraient pas, par exemple, annuler les hausses d’impôt prévues par l’administration Biden, et le gouvernement démocrate ne pourrait pas lancer de nouveaux programmes de dépenses, au risque d’alimenter l’inflation.

« Un gouvernement divisé implique moins d’actions », observe l’économiste de Desjardins Francis Généreux, ce qui laisse à la banque centrale le champ libre pour combattre l’inflation.

Le gouvernement démocrate a déjà fait adopter des programmes de dépenses importants, comme l’Inflation Reduction Act, qui prévoit des investissements massifs dans le secteur de la santé et de l’énergie et qui continuera de soutenir l’économie au cours des prochains mois.

L’économie américaine n’est toutefois pas à l’abri de querelles partisanes nuisibles. Les politiciens républicains et démocrates peuvent toujours, hélas, se déchirer sur le financement du gouvernement et le plafond de la dette, qui exigent une entente entre les deux chambres et la Maison-Blanche. L’entente sur le financement fédéral prend fin le mois prochain et sans son renouvellement, le gouvernement ne peut plus fonctionner. De même, il faut une entente bipartisane pour relever le plafond de la dette fédérale afin que le pays puisse continuer d’emprunter pour mettre en œuvre ses décisions et continuer de payer les intérêts sur ses emprunts.

Ces conflits partisans qui bloquent le fonctionnement du gouvernement reviennent trop souvent. Depuis 1960, le plafond de la dette a été relevé ou suspendu 60 fois. Dans le contexte actuel d’incertitude, l’économie américaine n’a vraiment pas besoin de ce genre de crise auto-infligée.