(Ottawa) Le gouvernement fédéral n’échappera pas à la hausse prévue des taux d’intérêt. Il prévoit que les frais de sa dette passeront de 24,5 milliards en 2021-2022 à 40,9 milliards en 2026-2027.

Bien que ce montant paraisse élevé, le gouvernement estime être en mesure de s’en acquitter. « Oui, c’est soutenable », a indiqué un haut fonctionnaire du ministère des Finances lors du huis clos organisé pour présenter la mise à jour économique aux médias.

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À 40,9 milliards, les frais de la dette correspondraient en 2026-2027 à 1,3 % du produit intérieur brut (PIB). « Cette proportion est bien inférieure au niveau de 2,1 % en 2007-2008, avant la crise financière, et ce, malgré les dépenses exceptionnelles entraînées par la pandémie », indique le ministère des Finances dans cette mise à jour de l’état des finances publiques.

Même dans son scénario le plus pessimiste avec une hausse des taux d’intérêt de 1 %, le Ministère estime que les frais de la dette constitueraient moins de 1,7 % du PIB.

« C’est une tendance haussière en pourcentage de notre richesse collective, mais on a déjà connu beaucoup plus haut », a fait remarquer le professeur Luc Godbout, de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke. « Pas besoin de retourner au milieu des années 1990, mais même plus récemment, on avait déjà un service de la dette qui était plus important en proportion du PIB. »

Le gouvernement compte sur la croissance économique pour atténuer l’impact de ce lourd endettement. Il prévoit une augmentation de ses revenus, qui passeraient de 370,5 milliards en 2021-2022 à 481,0 milliards en 2026-2027. Selon nos calculs, les frais de la dette, à 24,5 milliards, constitueraient 6,6 % de ses revenus pour l’exercice financier en cours et 8,5 % en 2026-2027.

Il ne s’agit pas de prévisions de croissance trop optimistes, selon M. Godbout qui note également un changement dans la stratégie du gouvernement pour s’acquitter des frais de la dette. « Sur un horizon de six ans, le service de la dette double », constate-t-il.

Diminution prévue

La dette fédérale, qui dépasse maintenant les 1000 milliards, atteindrait 1345,7 milliards dans cinq ans, soit environ 65 milliards de moins que ce que le gouvernement prévoyait lors du dernier budget.

Avec les déficits qui s’accumulent, aucun remboursement de la dette n’est prévu à l’horizon. Il faut remonter à l’exercice budgétaire de 2007-2008, avant la crise financière de 2009, pour trouver la dernière fois où le gouvernement a réduit son solde grâce à un surplus. Les conservateurs de Stephen Harper étaient alors au pouvoir, et les finances étaient gérées par Jim Flaherty.

« Un niveau de dette historique avec aucune opportunité pour nos jeunes », a dénoncé l’actuel chef du Parti conservateur du Canada, Erin O’Toole. « Plus d’inflation, plus de dettes et un risque grave d’une augmentation du taux d’intérêt. »

« Nous avions le ratio de la dette nette au PIB le plus faible du G7 au début de la crise et en fait nous avons augmenté notre avantage relatif tout au long de la pandémie », a rappelé la ministre des Finances, Chrystia Freeland, en conférence de presse. Elle s’est dite déterminée à réduire ce ratio « à moyen terme » et à atténuer les déficits liés à la COVID-19.

Le poids de la dette par rapport au PIB sera de 48 % en 2021-2022, une diminution d’un point de pourcentage par rapport aux prévisions du dernier budget. Selon les prévisions du ministère des Finances, il baisserait graduellement pour atteindre 44,0 % du PIB d’ici cinq ans.