Après le code de conduite des épiciers, l’édition génétique, la viande cultivée et le cartel du pain, voici trois autres histoires alimentaires qui ont retenu l’attention en 2023.

La réduflation et la déqualiflation

Bien que ce soient des pratiques qui existent depuis longtemps, l’année 2023 a mis en avant deux stratégies en transformation alimentaire. Les consommateurs étaient non seulement préoccupés par la hausse des prix alimentaires, mais aussi agacés par les tactiques de l’industrie alimentaire visant à maintenir les prix tout en réduisant les quantités ou en modifiant les ingrédients. La réduflation se produit lorsque les fabricants alimentaires et les restaurants réduisent les quantités sans réduire les prix. Le célèbre macaroni au fromage Kraft du Canada a été le cas le plus connu cette année, ce qui a contrarié de nombreux consommateurs.

La déqualiflation consiste à changer les ingrédients des produits pour réduire les coûts, en remplaçant souvent le chocolat et le fromage par des ingrédients artificiels. Même si le nombre de cas de réduflation devrait diminuer en raison de la baisse des prix des matières premières en 2024, on prévoit plus de cas de déqualiflation à l’avenir en raison des règles d’étiquetage sur le devant des emballages pour le sodium, le sucre et le gras, qui devraient être introduites au Canada d’ici 2026.

Grèves de haut niveau dans l’industrie alimentaire

Lorsqu’un conflit de travail survient dans l’industrie alimentaire, il ne faut pas longtemps pour qu’il y ait un impact sur les consommateurs. Windsor Salt, Sobeys/IGA, Metro, Olymel, l’usine Rogers Sugar à Vancouver, la Voie maritime du Saint-Laurent, les ports de la Colombie-Britannique et Agropur, à deux reprises, ont été touchés par des conflits de travail. Bien que le nombre d’arrêts de travail au Canada n’ait pas été aussi élevé que les années précédentes, de nombreuses grèves cette année ont été de plus longue durée, selon Emploi et Développement social Canada. Après des années de déclin, le mouvement syndical semble avoir gagné plus de capital politique et l’a utilisé à son avantage cette année. Fait intéressant, il y a eu aussi une augmentation des membres rejetant des accords provisoires, ce qui indique que les travailleurs voulaient faire entendre leur voix.

La campagne de dénonciation des « profits excessifs »

Le sujet de l’année, sans doute. Tout au long de l’année, les Canadiens ont été perplexes face aux accusations constantes de profits excessifs, peu importe ce que cela signifiait. Certains politiciens, groupes d’intérêt et experts ont utilisé à plusieurs reprises le thème des profits excessifs comme une diversion par rapport à des questions économiques plus importantes, comme les barrières interprovinciales, la tarification du carbone et le projet de loi C-234.

La Banque du Canada, le Bureau de la concurrence du Canada, l’Université Dalhousie et même le Comité parlementaire ont tous déclaré qu’il n’y avait aucune preuve d’abus de la part des enseignes dans le secteur alimentaire, mais de nombreux Canadiens sont restés sceptiques. La politisation de l’inflation alimentaire au Canada cette année a été marquée par des débats intenses, souvent entachés d’attaques personnelles et d’accusations de parti pris de divers côtés. En revanche, au sein de l’industrie, les fabricants alimentaires et les épiciers se sont mutuellement blâmés pour la hausse des prix alimentaires. Cette campagne de profits excessifs est probablement le plus grand non-scandale de l’année, exacerbant la situation pour les Canadiens.