Dollarama aura bientôt plus de 400 magasins au Québec. Il y a un Dollarama pour 22 000 Québécois, la troisième concentration en importance au Canada après le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve. Malgré l’élite qui boude ces commerces, le succès des magasins du dollar est incontestable. Et ces magasins vendent de plus en plus de nourriture, et ces produits sont les mêmes que ceux vendus par les grandes chaînes, mais de 30 % à 75 % moins cher.

Des enquêtes récentes menées par des journalistes intrépides au Québec et en Ontario ont révélé une découverte qui pourrait en surprendre certains : les magasins à un dollar, en particulier Dollarama, proposent des produits alimentaires non périssables identiques à ceux des épiceries traditionnelles, mais à des prix considérablement plus bas, souvent dans une fourchette de 30 % à 75 %. Alors que de nombreux acheteurs en étaient conscients, beaucoup ne l’étaient probablement pas. Mais cela soulève la question suivante : comment est-ce possible ? Comment Dollarama peut-il proposer exactement les mêmes produits alimentaires, de la même taille et des mêmes marques, à un prix beaucoup plus bas ?

La population par magasin Dollarama varie d’une province à l’autre au Canada, comme en fait foi ce tableau.

Différents modèles d’affaires, point final. La capacité de Dollarama à proposer des prix défiant toute concurrence repose sur deux piliers essentiels : des coûts opérationnels remarquablement bas et des relations uniques avec les fournisseurs.

D’abord, Dollarama offre un seul choix pour chaque option alimentaire. Un format et une marque de ketchup, même chose pour le beurre d’arachides, et ainsi de suite. Une fois qu’elles sont fournisseurs, les entreprises ont accès à une sorte de monopole-tablette, ou presque. Le résultat se traduit par des accords avantageux qui profitent aux consommateurs. Les fournisseurs peuvent également contourner les préoccupations concernant la priorité que les épiceries pourraient accorder à leurs marques maison et la stratégie de marque maison de Dollarama, disons-le, n’est pas très forte.

Dollarama pourrait ouvrir un 400magasin au Québec d’ici quelques mois. Avec des projections laissant entrevoir la possibilité de dépasser les 2000 magasins au Canada d’ici 2030, l’influence de Dollarama sur le marché est en passe de connaître une croissance substantielle.

Le succès de Dollarama va au-delà de sa stratégie de tarification. L’entreprise excelle dans le maintien de coûts opérationnels minimaux, avec des dépenses quotidiennes moyennes de personnel plafonnées à seulement 500 $. Ses magasins fonctionnent avec efficacité et simplicité, contrairement aux grandes chaînes d’épicerie telles que Loblaw, Metro et Empire, qui fonctionnent également comme des géants de l’immobilier, ce qui pourrait faire augmenter les coûts indirects au fil du temps.

De plus, alors que les magasins à un dollar comme Dollarama évitent les campagnes publicitaires coûteuses, ces économies peuvent être transférées aux consommateurs sous forme de prix plus bas. Lorsque vous voyez certains porte-parole à la télévision, vous couvrez essentiellement le coût de ces publicités lorsque vous faites vos achats chez les grandes enseignes. En revanche, les acheteurs chez Dollarama bénéficient des avantages de prix plus bas sans avoir besoin de subventionner une campagne de marketing truffée de célébrités.

Mais tout n’est pas parfait chez Dollarama. Soyons francs : les critiques peuvent soutenir que Dollarama fait face à des préjugés socio-économiques et à des défis liés à la qualité des produits et à l’ambiance du magasin. Une visite chez Dollarama peut révéler une odeur désagréable évoquant une usine de plastique à Pékin. Plus de 50 % des produits vendus par la chaîne proviennent de la Chine. Bien qu’il soit vrai que l’odeur d’une usine de plastique puisse persister dans certains magasins, de nombreux consommateurs sont prêts à passer outre à cela pour des raisons budgétaires. La réalité est que Dollarama sert de bouée de sauvetage à de nombreux Canadiens qui luttent pour joindre les deux bouts.

Néanmoins, Dollarama n’est pas sans ses défis. Des enquêtes récentes, notamment celles menées par le quotidien 24 h, ont révélé des cas où les magasins Dollarama situés près de grandes épiceries étaient contraints de limiter leur offre de produits. Cette pratique n’est pas propre à Dollarama et met en lumière des problèmes plus larges au sein du secteur de la vente au détail. Pour favoriser véritablement des prix concurrentiels dans le secteur de l’épicerie, il est impératif de traiter ces problèmes, et le Bureau de la concurrence du Canada devrait le faire sans délai.

Alors que les élites de l’alimentation continuent de bouder le rôle des magasins à un dollar, la réalité est que ces magasins rendent le marché plus concurrentiel. Puisque la chaîne ouvrira 70 nouveaux magasins cette année seulement, son succès est incontestable. Tandis que les Canadiens attendent un sauveur pour apporter plus de concurrence, les magasins à un dollar le font déjà, silencieusement et efficacement, en offrant de l’abordabilité qui est cruellement nécessaire ces temps-ci.