Dollarama semble visiblement devenu la destination de prédilection de bon nombre de consommateurs qui y achètent certains aliments et produits ménagers. Mais malgré une hausse des ventes dans l’ensemble des catégories, dont celle de la nourriture, le nombre d’allées consacrées à l’épicerie n’a pas augmenté dans les magasins et risque fort de demeurer inchangé.

« Nous sommes satisfaits de l’espace qu’occupe chaque catégorie en magasin », a déclaré Neil Rossy, président et chef de la direction de Dollarama, lors d’une conférence avec les analystes financiers à la suite de la présentation des résultats du deuxième trimestre de l’exercice 2024, clos le 30 juillet.

Les ventes du détaillant québécois ont augmenté de 19,6 % et celles des magasins comparables ont pour leur part connu une hausse de 15,5 %. « [Cette augmentation] est principalement attribuable à la hausse des ventes pour l’ensemble des catégories de produits de la Société, notamment à la demande qui demeure plus élevée que par le passé pour les produits de consommation courante », peut-on lire dans le communiqué annonçant les résultats financiers de Dollarama. Les aliments et les produits ménagers font partie de cette dernière catégorie.

« Lorsque vous constatez de légers changements dans les tendances des ventes, ils sont plus liés au volume qu’à un changement dans notre offre, a ajouté M. Rossy. Je sais que c’est la saveur du mois avec toutes ces affaires sur YouTube au sujet de l’épicerie et de Dollarama. La réalité, c’est que nous n’avons pas agrandi notre section alimentaire [en magasin]. Ça reste une petite partie de notre offre. »

De nombreux articles parus dans les médias ont fait état des aubaines à dénicher pour les consommateurs qui achètent biscuits, céréales ou autres boîtes de conserve chez le détaillant à l’enseigne jaune et vert. Le phénomène a même eu un écho jusqu’à Québec où, récemment, le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois a interpellé le premier ministre François Legault en lui reprochant d’être déconnecté de la réalité parce qu’il ne rencontrait « pas souvent des gens qui font leur épicerie au Dollarama ».

Or, Maryse Côté-Hamel, professeure adjointe de sciences de la consommation à l’Université Laval, rappelle qu’effectivement, l’offre alimentaire n’a pas beaucoup augmenté chez Dollarama au cours des deux dernières années. Elle souligne du même souffle que c’est davantage le comportement du consommateur, plus soucieux de son budget, qui a changé.

Un concurrent sérieux ?

Mais malgré cette hausse de popularité pour les allées d’épicerie de Dollarama, l’enseigne ne risque pas de faire de l’ombre aux grands supermarchés, estime Mme Côté-Hamel. « Ce n’est pas un parfait compétiteur parce qu’il n’offre pas tous les produits. À part le pain, il y a très peu de produits périssables. »

« Pour les consommateurs qui veulent acheter des fruits et légumes frais, des œufs, du lait, de la viande et du fromage, c’est sûr qu’ils n’ont pas le choix de fréquenter les autres enseignes. »

Elle souligne également qu’en ce qui concerne l’épicerie, l’enseigne québécoise ne convient pas à tous, puisqu’elle n’offre généralement pas de gros formats, souvent prisés par les familles.

Articles à 5 $

Par ailleurs, l’achalandage en hausse, une augmentation de 12,9 % du nombre de transactions ainsi que l’augmentation du montant moyen par transaction qui a progressé de 2,3 % prouvent que l’introduction d’articles à 5 $ n’a pas refroidi les ardeurs des consommateurs. « De toute façon, tout a augmenté partout, rappelle Maryse Côté-Hamel. Eux ont augmenté, mais les autres aussi, de sorte que les consommateurs qui n’ont pas le choix de se procurer des biens vont quand même continuer de se tourner vers Dollarama. Il demeure, pour plusieurs produits, plus abordables que la concurrence. »

Résultats

Le détaillant a dévoilé un bénéfice net de 245,8 millions, comparativement à un bénéfice de 193,5 millions à la même période l’an dernier. Le bénéfice ajusté par action s’établit à 86 cents. Les revenus, pour leur part, ont grimpé de près de 19,6 % à 1,46 milliard. Dollarama comptait 1525 magasins à la fin de son dernier trimestre, en hausse par rapport à 1444 un an plus tôt.

Avec La Presse Canadienne

L’entreprise en bref

Fondation 1992

Chiffre d’affaires (2022)
5 milliards

Employés 25 840 au pays

Nombre de magasins 1525

Siège social
Mont-Royal