Ils sont incontournables. Où que vous soyez, où que vous vous déplaciez cet été au Québec, vous risquez de tomber sur un festival, parce qu’il se déroule pas moins de 1000 de ces évènements durant l’année et que la grande majorité d’entre eux se déploient durant l’été sur tout le territoire québécois. Phénomène identitaire régional, moteur touristique, les festivals font partie de notre vie plus que n’importe où au Canada.

Mercredi matin, en me rendant chez mon garagiste à Saint-Amable, je croise une affiche en bordure de la rue Principale qui indique la route à suivre pour se rendre au festival.

Après une rapide recherche sur Google, j’apprends qu’il s’agit du festival country de Saint-Amable qui se déroulera durant le week-end, une tradition qui existe depuis longtemps, qui a été momentanément interrompue durant une dizaine d’années, mais qui a repris de plus belle depuis sept ans maintenant dans cette petite municipalité de la Montérégie.

Partout où on circule au Québec durant l’été, on risque de tomber sur un festival. Ceux-ci font partie de la réalité locale et ils visent au départ à servir la clientèle du village, de la municipalité ou de la communauté environnante en proposant une activité spécifique qui caractérise la région.

Certains d’entre eux vont développer une notoriété telle qu’ils vont se hisser au rang d’évènement régional et parfois même développer une envergure nationale. On pense ici au Festival de Petite-Vallée, à celui de Saint-Tite, au Festif ! de Baie-Saint-Paul, à la musique de Lanaudière, aux montgolfières de Gatineau ou de Saint-Jean-sur-Richelieu…

À Montréal et Québec, les festivals se succèdent durant l’été à bonne cadence et jouissent d’un rayonnement international qui contribue de façon importante à tout l’écosystème touristique de ces grandes villes.

François G. Chevrier est directeur général du regroupement Évènements Attractions Québec (EAQ), un organisme qui chapeaute 280 festivals et plus de 200 attractions touristiques (musées, zoos, parcs aquatiques, casinos, sites historiques…) au Québec, et il m’explique que EAQ ne recense qu’une fraction des festivals actifs sur le territoire québécois.

On a 280 festivals qui sont membres, mais on en recense au-delà de 600 additionnels qui sont davantage des évènements régionaux qui s’adressent à une clientèle locale. On estime qu’il y a plus de 1000 festivals au Québec chaque année. C’est plus que pour l’ensemble du reste du Canada.

François G. Chevrier, directeur général du regroupement Évènements Attractions Québec

À eux seuls, les 280 festivals membres du regroupement québécois ont généré des revenus de 320 millions en 2019, dernière année où les chiffres n’ont pas été affectés par les effets de la pandémie. On prévoit cette année franchir ce cap alors que la reprise est forte sur tous les plans.

« On n’a pas encore les chiffres de 2022, mais là encore, les revenus de commandite n’avaient pas retrouvé leur niveau d’avant la pandémie. On prévoit que la situation va être revenue à la normale cette année », explique François G. Chevrier.

Si les 280 « gros » festivals réalisent de tels revenus, le regroupement Évènements Attractions Québec évalue à plus de 250 millions les revenus générés par les 600 festivals locaux ou plus régionaux qui viennent s’ajouter aux 320 millions des plus gros acteurs.

De la diversité pour tout le monde

Chaque région a donc droit à son ou ses festivals bien à elle. La prédominance québécoise va aux festivals de musique (près de 20 %), suivis par les festivals sportifs, les fêtes familiales, la gastronomie et la dégustation, les thématiques culturelles ou agricoles. Même les Premières Nations se démarquent avec l’organisation de pas moins de 25 pow-wow durant l’été.

Si Montréal et Québec arrivent en tête de liste avec respectivement 20 % et 10 % des festivals durant l’année, toutes les autres régions québécoises s’inscrivent au palmarès de ces festivités qui durent en moyenne de quatre à neuf jours.

On a tous déjà entendu parler du festival de la gibelotte de Sorel qui est devenu le Gib Fest, ou de celui de la courge, du bleuet, du cochon, de l’érable ou du maïs, et certains de ces évènements font partie de l’histoire puisque 8 % de tous les festivals ont été créés avant 1945 alors que 53 % des festivals existants ont été lancés entre 1990 et 2010.

Chose certaine, les festivals, quels qu’ils soient, font partie de la trame culturelle québécoise et sont la meilleure occasion de découvrir une région et les gens qui y vivent. Au-delà des retombées économiques qu’ils génèrent, les festivals ont un rôle de liant social puisqu’ils favorisent la découverte de l’autre.

Le Festival country de Saint-Amable est l’un des plus de 600 festivals régionaux qui s’inscrivent dans la réalité de leur communauté immédiate et qui cherchent à divertir leur collectivité tout en développant un sentiment d’appartenance. On dit même que les festivals rendent les gens heureux.

Rectificatif :
Dans une version antérieure de ce texte, des erreurs s’étaient glissées dans le nom et le titre de François G. Chevrier. Nos excuses.