Tous les vendredis, une personne du milieu des affaires se dévoile dans notre section. Cette semaine, Réjean Bourgault, directeur national chez Amazon Web Services Canada (AWS), répond à nos questions.

Quelles sont votre meilleure et votre pire habitude ?

Ma meilleure habitude, c’est de me lever tôt le matin et de faire du Pilates avec Nicole [sur YouTube] de 15 à 20 minutes. La pire habitude : le petit bol de céréales que je mangeais à 22 h. Ma femme m’a dit que ce n’était pas une bonne idée, alors j’ai arrêté.

Que faites-vous quand vous avez besoin de trouver une idée ?

Je vais faire du vélo de montagne seul à Oka.

Quel mot ne pouvez-vous plus supporter ?

Comme je travaille souvent en anglais, je dirais We should. On devrait. Ça se produit lors des réunions d’équipe. Tu es le patron et tout le monde autour de toi dit « on devrait faire ça, on devrait faire ceci ». C’est qui le « on » ? Est-ce que c’est moi qui dois prendre tous les « on devrait » ?

Comment vous débranchez-vous ?

Avec mes petits-enfants ; j’ai une petite-fille de deux ans et demi et un petit garçon de deux mois. Mais je me débranche surtout en faisant du ski dans le bois à Mont-Tremblant. C’est ce qui me fait décrocher le plus. Le 1er janvier et à Pâques, avec mes trois enfants et leurs conjoints, nous avons l’habitude d’aller là-bas. Juste être dans le bois dans les bosses, il y a une euphorie qui vient. Souvent un de mes amis se joint à nous avec sa famille. Nous laissons partir le reste du groupe et nous nous retrouvons tous les deux ensemble. C’est un moment de grande satisfaction.

Quel livre avez-vous l’habitude de recommander ?

It’s Your Ship, écrit par D. Michael Abrashoff. C’est un capitaine de navire de guerre de la Pacific Fleet. Quand il a pris le bateau, il y avait 330 marins et c’était le pire bateau de la Pacific Fleet américaine. En deux ans, il a converti le bateau et c’est devenu le meilleur bateau. Tout le processus vers ce succès est bien expliqué. Chez AWS, notre culture d’entreprise est axée sur l’innovation et le besoin du client. Un jour, j’ai eu une promotion importante avec un mentor attitré et je lui ai demandé s’il avait un livre à me recommander. Il m’a dit : « It’s Your Ship est le meilleur livre sur le leadership que j’ai lu. » Plus tard, j’ai décidé de donner un budget à tous les membres de mon équipe pour qu’ils achètent ce livre. On a fait ensuite une réflexion d’équipe et ç’a été fort intéressant.

Quel conseil êtes-vous heureux d’avoir ignoré ?

Dans les années 1990, j’étais dans les ventes et je voulais aller dans le sans-fil. Je n’avais pas de compétences en gestion de projets pour postuler à ce poste qui m’intéressait. Mon patron de l’époque ne voulait pas que je postule non plus. Mais j’ai postulé quand même. À l’entrevue, la personne m’a dit : « Tu n’as aucun champ de compétences pour le poste. » Or j’ai réussi à la convaincre et ça a propulsé ma carrière. J’ai travaillé à Paris, à Hong Kong et en Angleterre. Quand je suis rentré au Canada, j’avais acquis des compétences globales et géré des employés de cultures différentes. Comment avais-je réussi à la convaincre ? En mettant de l’avant que pendant mes études d’ingénieur, j’avais eu à gérer différents projets d’ingénierie, donc que j’avais des compétences là-dedans.

Que traînez-vous toujours dans votre sac ?

Ma carte NEXUS.

Vous imposez-vous un « code vestimentaire » au travail ?

Je suis tellement heureux, parce que depuis que je suis entré chez AWS, je porte des jeans 99 % du temps. C’est la culture de l’entreprise. Quand on est sur les plus grandes tribunes, on porte des jeans propres, une chemise et un veston. Si notre président s’habille de cette façon lorsqu’il est sur une scène, ça envoie le message que c’est approprié de s’habiller ainsi.

Avez-vous un objet préféré sur votre bureau ?

Lorsque j’ai participé aux multiples entrevues d’embauche pour travailler chez AWS, le dernier gestionnaire avec qui j’ai fait une entrevue, le patron établi à Seattle, m’a dit : « Tu habites à Blainville, comment vas-tu gérer l’entreprise de là-bas ? » Je lui ai répondu : « Je peux avoir mille photos de ma famille dans mon cellulaire comparativement à trois photos de ma famille sur mon bureau. Mon cellulaire, c’est mon bureau. » Il est parti à rire et m’a dit : « Tu peux travailler d’où tu veux ! » Depuis ce temps, je suis toujours resté à Montréal et je voyage.

Un bon patron, c’est quelqu’un qui…

Ne fait pas du micromanagement. Le gestionnaire doit écouter ses employés, amener du coaching, les aider à apprendre, être authentique et passionné.

Qui est Réjean Bourgault ?

Né à Montréal, il passe sa jeunesse dans les magasins de pièces d’électronique de son père et obtient son diplôme en génie électrique de l’Université de Sherbrooke en 1988.

L’année suivante, Réjean Bourgault commence sa carrière chez Nortel. Au cours de ses 21 années dans l’entreprise, il occupe des postes de direction à Paris, à Hong Kong et au Canada. Il dirigera notamment le soutien et le développement de la grande numérisation des réseaux au Canada, le développement de la fondation de l’internet et le monde du sans-fil (réseau 2G-3G).

En 2009, il cofonde l’entreprise 5Deka en 2009, un groupe de réflexion sur les mégatendances du numérique.

De 2010 à 2017, il occupe des postes de direction chez Avaya, spécialisée dans les communications en entreprise.

C’est en 2017 qu’il rejoint AWS, quelques mois après l’ouverture à Montréal de la première région canadienne de centres de données d’AWS, qui permet aujourd’hui à des dizaines de milliers d’organisations canadiennes d’héberger et de traiter leurs données localement.

Réjean Bourgault est marié, père de trois enfants de la cybergénération et deux fois grand-père.